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Mademoiselle L: la marque Made In Versoix

La mode, réservée aux grandes coutures new yorkaises? Notre petit pays produit bien trop peu de créateurs dans ce domaine ? Laurence Imstepf, modiste ( modiste = est un terme qui designe un créateur de chapeaux) je suis : designer de Versoix et créatrice de sa propre ligne de vêtement nommée Mademoiselle L, est la preuve du contraire. « Les Suisses ont une mauvaises tendance à toujours regarder ailleurs que chez eux », déplore-t-elle, en soulignant qu’il existe de nombreux designers de mode suisses qui restent dans l’ombre. Bien que les structures manquent pour le développement de ces créateurs et que la reconnaissance semble manquer, Mademoiselle L tient bon et la renommée de sa marque prend de l’ampleur. Rencontre.
Un parcours chaotique
Dans son atelier règne le joyeux désordre propre aux personnalités créatives et un brin hyperactives. Des vêtements accrochés bien droits sur des cintres, des mannequins avec des épingles de tous les côtés, des quantités de chaussures à talons écrasant des photos de jeunes femmes qui trônent sur la table, des images de sculptures furieusement géométriques clouées aux murs, des patrons et des pans de tissus, il semble impossible de trouver quoi que ce soit. Et pourtant Laurence Imstepf me trouve une chaise, son enthousiasme et ses yeux pétillants me faisant immédiatement oublier les lignes qui cernent ses yeux. Oui, elle est fatiguée Mademoiselle L, et pour cause, elle prépare un showroom à Bâle, finit met en vente (la collection hiver sort actuellement en vente et a été présentée en mars déjà) sa collection d’hiver et finit le design de celle de l’été 2016 ( la collection est en fin de préparation). Et tout cela toute seule.
Si la créatrice passe ses jours et ses nuits dans son royaume sans fenêtre, la voie qu’elle a choisie n’a pas toujours été une évidence. Quand vient le temps d’entrer à l’université, la jeune Laurence se lance dans des études d’histoire de l’art, mais cela ne lui convient pas. « J’ai toujours été en train de bricoler, je n’arrive pas à me fixer et je me lasse vite. Il me faut quelque chose qui a du challenge. Je n’avais pas envie d’apprendre, de lire, d’étudier. J’avais besoin de faire quelque chose ! », avoue-t-elle. L’idée d’études de design de textile lui vient alors naturellement, « comme quelque chose que j’avais toujours eu dans une petite boîte », mais la naissance de sa fille remet ses projets à plus tard. Elle entame alors une formation de costumière, dont elle compte mettre les enseignements à profit dans sa carrière future. A 28 ans, elle entre à la HEAD en cursus de designer de mode, et en sort lauréate de sa promotion. Sa toute première collection est le fruit de son travail de diplôme, et elle y appose une nouvelle signature : Mademoiselle L.
La renaissance minimaliste

Bien qu’ayant obtenu une bourse du Fond cantonal d’art contemporain, Mademoiselle L s’essouffle et se perd en route. Ne trouvant plus de suite logique à son parcours, Laurence Imstepf a envie d’arrêter. Mais au lieu de laisser son art mourir, la designer renaît de ses cendres en 2012 en repensant toute sa marque, ce qui lui vaut le Prix Lily la même année. Son nouvel axe est celui que l’on peut encore observer à présent, et repose sur trois maîtres-mots : indépendance, créativité et fonctionnalité. Ses vêtements sont taillés pour les femmes modernes et urbaines, « une femme active de caractère, avec style et chic, mais avec des habits assez confortables pour pouvoir courir après son train », dessine Laurence. Sa patte minimaliste fait écho aux images de sculptures rectangulaires suspendues sur les murs. Des carrés qui s’emboîtent, des silhouettes longilignes dans des vêtements larges, etc. Alors que la collection hivernale qu’elle s’apprête à sortir détourne T-shirts de hockeys et trainings larges en parures ultra féminines, la collection de l’été trahit son amour pour l’architecture. Des formes très rectangulaires, du travail sur les matériaux pour obtenir un tombé particulier, l’importance d’une colonne vertébrale. Elle raconte adorer les choses très linéaires et pures, mais toujours avec une espèce de cassure, car elle a horreur du trop parfait. Et est-elle satisfaite de ses pièces ? « Quand on arrive au bout d’une collection sur laquelle on a passé 4-5 mois, on la hait ! Quand elle sort devant le regard des autres, on se dit que ce n’est pas si mal, mais on est déjà passé à la création d’une nouvelle collection. On est perpétuellement insatisfaite. Et c’est peut-être pour ça qu’on continue. »
Quant à son avenir, elle ne le voit pas malmené par la production textile de masse. « On a fait beaucoup de progrès dans le bio et l’éthique. Je sais comment on produit un vêtement, je connais le coût. Je suis réaliste, je sais très bien que si je porte un t-shirt à 10.- CHF, il y a quelque chose qui ne joue pas derrière. » Mademoiselle L garde donc espoir, malgré la concurrence et les difficultés de finance et de gestion. « Même si c’est dur et que je me plains tout le temps, j’adore ça et je ne changerai pour rien au monde ! »

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Photo du profil de Anouk Pernet
Avec une carrière de journaliste dans ses projets futurs, la benjamine des reporters de quartier fait ses premiers pas de reporter chez elle, à Versoix. La mission de cette étudiante en sociologie : tisser des liens avec ses voisins, relayer l’information de sa commune en ciblant particulièrement les plus jeunes «qui ne se connaissent pas forcément, au contraire des générations précédentes. »

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