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Laurent Farinelli: entre biologie de pointe et chemin de Saint-Jacques

Laurent Farinelli: entre biologie de pointe et chemin de Saint-Jacques

Le conseiller municipal Plan-les-Ouatien Laurent Farinelli est le fondateur d’une start-up active dans le domaine de pointe du séquençage génétique. Ce dynamique quinquagénaire qui  à ses heures perdues fait partie d’une troupe médiévale est également l’un des deux initiateurs de la marche sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle qui a eu lieu le 3 octobre 2015 entre la Basilique Notre-Dame à Cornavin et le village de Neydens. Il nous explique le pourquoi de cette marche et ce qui l’a mené sur le chemin de Saint-Jacques, lui et sa famille.

Qu’est-ce qui vous a poussé à organiser une marche sur le chemin de Compostelle à Genève ?
– Il s’agit tout d’abord de se faire plaisir. Et aussi de partager avec d’autres cette expérience du chemin de Compostelle. Au-delà de la notion de partage, cela permet également d’inviter des personnes qui ne connaissent pas le chemin et de les encourager à se lancer. Finalement, un tel événement peut sensibiliser les communes concernées au chemin et à ses usagers. J’ai participé à une des marches organisées par le diocèse sur le chemin de Compostelle en Suisse. Ces marches ont permis de traverser la Suisse en plusieurs étapes réparties sur plusieurs années. La dernière s’est arrêtée au centre de Genève. Or mon épouse trouvait dommage que le chemin suisse ne fasse pas le lien avec le chemin français, d’où cette idée d’organiser une marche entre la Basilique Notre-Dame et le premier village du côté français.

La marche que nous avons mise sur pied était ouverte à tous. Pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est une opportunité de le découvrir et de rencontrer des membres de l’association des amis du Chemin de Genève. Et pour ceux qui l’ont déjà parcouru, c’est une belle occasion de se retrouver et de partager autour de cette expérience.

Quel est votre rôle en tant que surveillant du chemin entre Carouge et Charrot ?
– A Genève, le délégué cantonal est M. Arnold Schenk. C’est lui qui m’a proposé de m’occuper de la surveillance du balisage du chemin entre Carouge et Charrot, notamment lorsqu’il s’avère nécessaire de faire une déviation ; mon rôle inclut aussi la mise à jour de la liste des hébergeants et de répondre aux pèlerins perdus ou qui ont des questions.

Laurent Farinelli, vous êtes également le Fondateur et CEO d’une start up qui s’occupe de séquençage génétique. Qu’est-ce qui vous a mené sur le chemin de Compostelle?
– Cela fait maintenant 9 ans que nous marchons chaque année deux semaines en famille durant les vacances de Pâques sur le Chemin de Saint-Jacques. Nous avons commencé par hasard, même si cela faisait longtemps que nous avions l’idée de faire des vacances à pied. Un dimanche de 2007 lors d’une promenade à Compesières nous avons vu la signalisation du chemin de Compostelle. Le lendemain, nous avons décidé de faire une promenade sur le chemin côté France. Au gîte de Beaumont, nous avons partagé un repas avec des pèlerins. Ça a été le déclic ; il était devenu une évidence que nous partirions sur ce chemin durant les vacances suivantes, 3 semaines plus tard. Nous avons contacté l’association des amis de Saint-Jacques pour recevoir une crédenciale – ce passeport que l’on tamponne et qui nous ouvre les portes sur le chemin de Compostelle. Puis nous sommes partis.

Vous faites le chemin à Pâques, une période qui n’est pas toujours très clémente au niveau des conditions météorologiques. Comment cela se passe-t-il pour vous et vos enfants ?
– C’est vrai qu’en 2008, nous avons eu des conditions terribles : des tempêtes de neige avec des congères de 50 cm. Je me rappelle avoir téléphoné à un hôtel pour demander s’ils avaient de la place. On nous a répondu par la positive mais que nous pourrions pas parvenir à l’hôtel car la route était bloquée. Comme nous étions à pied, cela n’a pas posé de problème. Pour nos enfants qui avaient en 2009 quatre ans et demi, sept et onze ans, le chemin leur a permis de découvrir la confiance en eux. Ce n’est pas parce qu’on a des chaussures mouillées qu’on ne peut pas avancer. Au début, les plus petits cherchaient les panneaux de signalisation du chemin et puis au fur et à mesure, ils ont réalisé que même si le chemin était touffu, il y aurait toujours un passage. Cela a constitué une sorte d’apprentissage de la vie, un jeu de piste métaphysique. Notre ainée a maintenant 19 ans et  envie de terminer le chemin avec nous. En 2016, toute la famille prendra un mois de vacances en été pour rallier Finisterre.

Alors en 2016, ce sera la fin du chemin ?
Non je ne pense pas que ce sera la fin, mais certainement une étape importante. Certains de nos amis qui sont allés à Compostelle à pied, envisagent maintenant de faire le retour ; d’autres choisissent de parcourir les autres voies menant à Compostelle (il existe quatre chemins principaux en France, des chemins en Espagne, au Portugal, etc.). Pour notre famille, ce sera une étape importante car nos pérégrinations suivantes se feront selon toute probabilité sans notre fille aînée.

Vous êtes biologiste, spécialisé dans le séquençage génétique. Comment conciliez-vous le côté scientifique de votre vie avec celui plus spirituel de la pratique du chemin de Compostelle ?
Tout d’abord, il faut comprendre ce qu’est Fasteris. Nous sommes une entreprise familiale, maintenant partie d’un groupe international, qui grâce à une nouvelle technologie, celle du séquençage ADN, a connu un beau développement au cours des dernières années. Notamment, nous avons participé au développement d’un test diagnostique prénatal qui permet par une simple prise de sang de dépister des problèmes génétiques chez les foetus, en particulier les trisomies. Avec des chercheurs à Lausanne, nous avons également séquencé le gène de la fourmi, développé divers protocoles, etc. Dans le domaine de la génétique, il y a une composante éthique très importante. Il s’agit donc de se demander si ce que nous développons peut être bénéfique à la société. Le chemin de Saint-Jacques est un moment particulier dans ma vie qui me permet de mener cette réflexion ; il m’a ouvert des portes que je ne soupçonnais pas au niveau de la connaissance de soi, de l’humain et de la vie.
Par ailleurs, le monde entrepreneurial s’accélère et devient de plus en plus compétitif. On se trouve confronté à de nombreuses pressions et à une logique de productivité. Pour moi, une des façons de ne pas foncer dans le mur, c’est de parcourir le chemin de St-Jacques. C’est un moment où je peux me ressourcer, relativiser les choses et conserver un cap que je considère juste sur le long terme. Sur le chemin on rencontre des gens d’horizons extrêmement différents et avec lesquels on refait un peu le monde. Eloigné de la réalité matérielle, on peut prendre le temps de s’interroger et de trouver des pistes qui nous permettent d’avancer.

Pour vous, c’est donc une sorte de chemin métaphysique ? Une parenthèse dans l’année où vous vous donnez du temps pour autre chose ?

Oui et non. La beauté de faire le chemin par étape, c’est qu’on a, à chaque fois du temps pour digérer ce qu’on a vécu. La seconde année lorsque nous sommes repartis en direction de Compostelle, nous avons été surpris de constater que c’était comme si nous nous étions arrêtés la veille. Pourtant, les semaines sur le chemin sont plus qu’une parenthèse dans ma vie active, c’est à la fois un moment exceptionnel durant lequel je peux prendre du recul. Mais cela me permet également tout au long de l’année de vivre les moments forts , de véritables rencontres de chemin, dans ma vie quotidienne comme dans le monde professionnel. C’est finalement aussi un chemin spirituel qui m’a amené à me faire baptiser au mois de septembre passé.

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Photo du profil de Anne Pastori Pastori
Anne est aux premières loges pour assister au développement fulgurant de sa commune de Plan-les-Ouates. Elle s’intéresse particulièrement à «ce mélange fascinant entre la campagne et l’évolution urbaine qui fait apparaître de nouvelles problématiques.» Experte en communication et réseaux sociaux, passionnée par le graphisme, elle réside et participe à la vie publique de Plan-les-Ouates depuis près de quinze ans.

1 commentaire

  1. Merci pour ce beau témoignage et partage d’une expérience qui semble fort enrichissante et qui nous rappelle que le chemin de la Connaissance n’est pas le seul chemin à pouvoir nous éclairer 🙂

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