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Le photographe Christian Lutz reçoit le Prix du Mérite 2015 à Veyrier

29 mars | 13:08

Le photographe Christian Lutz reçoit le Prix du Mérite 2015 à Veyrier

Jeudi 14 janvier dernier, les habitants de Veyrier étaient conviés à l’apéritif communal de début d’année. Lors de cette soirée, les autorités ont adressé leurs traditionnels vœux aux citoyens et remis, comme il est d’usage, le Prix du Mérite de la commune. En 2015, le jury a décidé de récompenser le travail de Christian Lutz. Photographe primé à de nombreuses reprises, il est aussi un ancien enfant du village, a voulu se rappeler la ville de Veyrier.

Comme chaque année en effet, les Veyrites avaient la possibilité de proposer le dossier d’une personne, d’un club ou d’une association, dont les activités ont rendu de grands services à la collectivité ou fait rayonner la commune. Après avoir réservé ses honneurs au comité de la Vogue l’an dernier et fait référence aux sports en 2013, c’est le domaine de la culture que le jury a choisi de récompenser cette année. A l’unanimité, le comité (composé d’Aline Tagliabue, Laurent Bernheim, Eric Menétrey, Henri-Marc Schaerer et présidé par l’actuel maire Raymond Gavillet) a remis cette distinction à Christian Lutz, pour son œuvre photographique. « A titre artistique et en hommage à son talent » a souligné le maire de la ville dans son discours, tout en retraçant son parcours.

Né en 1973 à Genève, diplômé de l’Ecole Supérieure des Arts et de l’Image « Le 75 » de Bruxelles, Christian Lutz s’est fait connaître grâce à son regard acéré sur le comportement des groupes humains que l’on définit comme quasi sociologique, et un travail documentaire sur le pouvoir qui a lancé sa carrière. Publié en trilogie, cet ouvrage réalisé sur plusieurs années, s’attache à montrer les dessous du pouvoir politique (Protokoll, 2007), économique (Tropical Gift, 2010) et religieux (In Jesus Name, 2012). Dans la première série, le photographe s’est invité dans les coulisses de la politique fédérale en immortalisant les déplacements de délégations diplomatiques emmenées par l’ancien président de la Confédération Pascal Couchepin. Avec Tropical Gift, les clichés mettent en exergue les conséquences sociales et écologiques du commerce du pétrole au Nigeria et en disent long sur la toute-puissance des élites économiques de ce pays. Enfin, pour la troisième partie, l’artiste s’est immergé dans la communauté évangélique ICF (International Christian Fellowship). Ce dernier volet, très médiatisé, restera lié à un quatrième pouvoir : censuré par voie judiciaire suite à la plainte de membres d’ICF pour atteinte à l’image, il a contribué à alimenter le débat autour de la liberté d’expression. Christian Lutz décidera finalement de riposter par la voie artistique. Tenace, il expose ses photos au Musée de l’Elysée de Lausanne, en barrant les images de rectangles noirs sur lesquels figure le contenu des plaintes.

Si le travail de Christian Lutz est exposé aujourd’hui dans le monde entier et fait l’objet régulier de publications, c’est à Veyrier qu’a débuté sa passion. Enfant du village arrivé en 1980 avec ses parents et son frère, il s’enthousiasme avec un ami turc pour la photographie et réalise ainsi ses premiers clichés sur la commune. Avec soulagement, il abandonne bientôt ses études à l’Ecole de commerce pour se consacrer à son art et expose déjà dans les années 1990 à La Mansarde de Veyrier un reportage réalisé en Grèce. Mais comme pour beaucoup d’artistes, « les débuts ont été difficiles » rappelle son père, Heinz, qui réside encore au village et qui n’aurait manqué cette remise de prix pour rien au monde. De Veyrier, le photographe s’est souvenu quant à lui d’un « temps où la commune appartenait aux jeunes, d’un climat où tout était possible ». S’exprimant durant la cérémonie, il a également rendu hommage à ses parents « qui lui ont montré le chemin vers l’ouverture » et délivré aussi un message engagé où le mot « lutte » est revenu souvent. Il s’est dit notamment préoccupé par une société où la culture et le débat sont mis à mal et invité l’assemblée à « chercher le terrain des possibles ».

En mai dernier, Christian Lutz a publié « Libellules », un livre dans lequel les images montrent ce quartier périphérique de Genève d’un œil à la fois mélancolique et plein d’espoirs. Le photographe mène par ailleurs un projet dans des régions européennes marquées par la montée des idéologies populistes. « Mon travail relève désormais plus de la métaphore artistique que du reportage ou du documentaire » nuance-t-il cependant.

En lui remettant cette distinction, les autorités ont donc décidé de soutenir une œuvre qui donne à réfléchir. Une récompense que le Mérite 2015 a reçue comme un encouragement pour la suite de sa carrière, lui qui se considère comme un professionnel à mi-parcours.

Photo : Image issue de la série Tropical Gift, 2010. © Christian Lutz, 2010.

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Date :
29 mars 2024
Heure :
13:08
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