Naturellement belles !

De la déco à la cuisine en passant par les vêtements et autres produits bio, cela fait une quinzaine d’années déjà que le retour au naturel s’est progressivement imposé dans nos foyers. L’univers de la beauté n’a pas échappé à cette tendance et c’est ainsi que de plus en plus de femmes (re-) fabriquent leurs propres cosmétiques à la maison. Phénomène de mode, raisons économiques ou réel engagement écolo ? Petit tour de la question avec Maha et Coralie, deux genevoises rompues aux recettes de grand-mère et à l’exercice des confections home made.

Exit les cosmétiques industriels

Dans la salle de bains de Coralie, presque pas de marques ni de produits industriels. Car depuis qu’elle a appris à connaître les vertus de certaines essences et comment les doser, cette habitante du Petit-Lancy sait désormais produire dans sa cuisine toutes sortes de choses : crème de jour, après-shampoing, huile anticellulite, mais aussi des nettoyants ménagers, tels que la lessive et du détergent pour les vitres. Même constat chez Maha, installée à Veyrier. Une à deux fois par mois, elle a pour habitude de dédier une journée entière à la préparation de soins pour le visage, les cheveux et le corps. Et depuis une année environ c’est surtout dans le maquillage que cette thérapeute s’est spécialisée : fond de teint, fard à paupières, mascara, blush… elle fabrique tout elle-même, parfois seule, souvent avec la complicité de quelques copines.

A l’origine de leurs « fabrications maison », des suspicions autour de la composition des cosmétiques élaborés par les grands fabricants. « En m’informant et en lisant sur le sujet, j’ai ouvert les yeux sur des composants qui selon moi peuvent être très nocifs. Réaliser sa crème c’est être maître de sa préparation » pense Maha. Car en plus de ne pas toujours tenir leurs promesses, nos produits de beauté sont régulièrement pointés du doigt pour contenir des substances potentiellement dangereuses pour notre santé. « Je ne suis pas une écolo engagée, reconnaît de son côté Coralie, mais en assistant à une conférence, je me suis rendue compte qu’on pouvait facilement éviter certains conservateurs toxiques ». C’est ainsi que dans les placards de ces jeunes femmes, les compositions naturelles ont remplacé au fil du temps les soins qu’elles achetaient auparavant au supermarché.

Simple et économique

Surtout, qu’à les entendre, il n’est pas cher ni bien compliqué de réaliser une crème de jour. Bien que l’investissement de base dans les composants essentiels et les récipients soit relativement important au départ, la confection de soins home made ne s’avère pas plus onéreuse que d’acheter ses produits de beauté en grandes surfaces. Sur le long terme, elle serait même plus avantageuse. Maha a fait ses comptes : un mascara ne lui coûte plus que CHF 1.70 environ. Pour s’y mettre, rien de plus simple. Pléthore de sites Internet, tels que aroma-zone.com, se consacrent à la question en prodiguant conseils et recettes, sans oublier bien sûr de vendre au passage les ingrédients qui s’imposent.

En se documentant, en participant à des cours, des ateliers, ou plus simplement en échangeant avec des amis et des collègues, Maha et Coralie se sont constitué avec le temps un joli classeur rempli de secrets de beauté. Mais même sans cela, les remèdes de grand-mère font bien l’affaire. « De nombreuses vertus naturelles sont accessibles au quotidien », rappelle Maha. Par exemple ? Du citron, un peu de vinaigre et de bicarbonate de soude suffit selon elle à dégraisser un micro-onde. Dans sa maison, aloe vera et miel ont toujours apaisé les petites brûlures et autres bobos de ses jeunes enfants. Un sachet de thé repose les yeux cernés et fatigués. « Avec quelques astuces, on peut faire de vrais miracles » dit cette mère de famille qui s’essaie toujours à de nouveaux trucs.

A manier avec précaution

Si l’on peut facilement inventer des petits remèdes avec des choses simples, la préparation de produits plus sophistiqués, à base d’huiles essentielles notamment, demande quant à elle une grande rigueur. Car il est important de manier et doser les ingrédients avec précaution, tout en observant des mesures d’hygiène strictes. Contrôler précisément la composition, stériliser ses récipients font partie de l’exercice. « Il faut bien se renseigner avant de se lancer, confirme Maha, car il ne faut surtout pas faire les choses au hasard avec certaines essences ». Par ailleurs, une fois confectionnés, les soins doivent être consommés rapidement car ils se gardent de quelques jours à quelques mois seulement, faute, justement, de conservateurs.

Des procédés et des contraintes qui impliquent du temps mais qui n’effraient pas nos belles trentenaires, qui continuent à développer elles-mêmes leurs petites potions. S’essayer, perfectionner ses crèmes à l’envi, selon ses goûts et les vertus naturelles qu’elles recherchent, c’est surtout cela qui les motive. « Je m’amuse à créer un nouveau soin en l’adaptant sans arrêt à mes besoins » s’enthousiaste Coralie qui teste actuellement un démaquillant à base d’huile d’amande douce. « C’est un peu comme en cuisine, renchérit Maha. Il faut être créatif et tout est perfectible. On invente, on modifie, on améliore sans arrêt ses recettes. L’important c’est de revenir à des choses essentielles », conclut-elle.