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Genève-Istanbul à Vespa, le périple d’un peintre genevois en 1954

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Les éditions Slatkine publient le carnet de voyage du peintre genevois Ellis Zbinden. Ce récit a été écrit lors d’un périple en vespa entre Genève et Istanbul dans les années 1950. Plongée dans les souvenirs d’un grand voyageur.

Aquarelliste réputé, Ellis Zbinden peint surtout la nature. Cette spécialité a développé chez lui le goût des voyages et de la découverte de paysages nouveaux. « Quand je revenais d’un voyage avec des aquarelles, je les encadrais puis je faisais une exposition et récupérais ainsi mes frais de voyage » explique le nonagénaire. En 1954, lorsqu’il décide de partir pour Istanbul en scooter, le peintre pressent une expédition riche en aventures et décide exceptionnellement de tenir un journal.

Un carnet oublié

De retour à Genève après son périple, Ellis Zbinden envoie son texte à une maison d’édition, mais il n’est pas publié. Le manuscrit tombe alors dans l’oubli pendant plus de 60 ans avant que le peintre ne le retrouve en triant ses archives. « J’allais le jeter, mais j’ai quand même décidé de le montrer à ma compagne qui a été enthousiasmée. J’ai donc entrepris des démarches pour le faire publier » raconte-t-il. Mais pour intéresser un éditeur, le manuscrit doit encore être mis en forme. C’est une jeune historienne d’art genevoise, Nathalie Hug, qui s’en charge après qu’Ellis Zbinden lui parle de son projet par hasard. Cette collaboration donne naissance à Ora-Kali (Soyez les bienvenus en grec), un recueil qui réunit les moments les plus savoureux de ce voyage à travers l’Italie, la Grèce et la Turquie.

« C’était la vraie aventure »

Tremblements de terre, traversées de rivières à gué, pannes de vespa… l’expédition d’Ellis Zbinden n’a pas été de tout repos. « C’était la vraie aventure : pas de téléphone ni de GPS et l’on ne savait pas ce qu’on allait trouver sur les routes car les cartes étaient fausses » se remémore-t-il. Le voyageur doit parfois aussi trouver sa nourriture dans la nature. Heureusement, Ellis Zbinden est un adepte de la pêche sous-marine. « Quand j’avais 15 ou 16 ans, confie le peintre, je suis allé avec mon père sur la Côte d’Azur. J’ai alors rencontré dans une calanque le commandant Cousteau et son assistant qui faisaient de la plongée avec un tuba et une bouée en chambre à air de camion. Ça m’a inspiré et j’ai voulu voir ce qu’il y avait sous la mer. » Mais voyager dans les années 1950 n’avait pas que des désavantages… Ellis Zbinden a ainsi pu camper dans les ruines d’Ephèse, en Turquie, sans voir personne. Le voyage est aussi l’occasion de faire des rencontres : parti seul, le peintre sympathise avec deux passagers sur le bateau qui les mène en Grèce. Ils feront un bout de route avec le genevois. Toutefois, Ellis Zbinden ne craint pas la solitude. « Je préfère voyager seul, confie l’artiste, comme ça, je peux m’arrêter quand je veux pour peindre, dessiner ou photographier ».

De New York à l’Himalaya

Au cours de sa vie, Ellis Zbinden a eu l’occasion de visiter de nombreuses régions. Il se rappelle les sables du Sahara aux couleurs changeantes, décrit la brutalité de l’Himalaya dont le ciel devient presque noir par manque d’oxygène et se souvient de la ville de New York dont la verticalité évoque des cristaux de quartz. Mais une image forte lui revient lorsqu’on évoque l’Egypte. « Quand on se trouve à Louxor, le sable est ocre clair et à mesure que l’on s’approche de la mer Rouge, il devient rouge avant de virer au violet, décrit le peintre. En traversant le désert en voiture de tourisme je suis tombé sur un chameau mort au milieu de ce sable violet, c’était comme si la nature me lançait ici on vit ou l’on meurt, le désert est impitoyable ».

Fémur humain et mâchoire de baleine

Aujourd’hui trop faible pour voyager, Ellis Zbinden peut compter sur de nombreux souvenirs rapportés de ses excursions. Son appartement tient du cabinet de curiosités autant que du musée ethnographique : trompette en fémur humain ramenée de l’Himalaya, ammonite déterrée à Ibiza avec un couteau et une fourchette, pilotis lacustre extrait du lac Léman après 3000 ans dans la glaise… Le logement d’Ellis Zbinden dévoile les reliques de 60 ans de voyages comme autant de couches sédimentaires que ce féru de géologie aime étudier. Mais la pièce la plus impressionnante de cette étonnante collection est sans conteste une mâchoire de baleine découverte au cap Taillat, sur la côte d’Azur, à 6 mètres sous l’eau. « J’ai pioché toute la journée pour dégager le sable puis je l’ai sortie avec une corde, se souvient Ellis Zbinden. Je l’ai ensuite attachée au toit de ma voiture. Lorsque j’ai passé la frontière italienne, le douanier était un peu surpris ! »

A 94 ans, le peintre s’amuse encore de ses aventures qu’il redécouvre en rangeant ses archives. Pour l’instant introuvable, espérons qu’il mette la main sur un autre carnet de voyage, tenu lors d’une expédition au Bénin !

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