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Genèse d’un prix littéraire genevois

Stéphanie de Roguin.
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Stéphanie de Roguin.

Stéphanie de Roguin, dont le recueil de poésie «Pas le temps de courir» vient d’être publié, a gagné le prix poésie décerné par la société genevoise des écrivains.

Stéphanie de Roguin est reporter de quartier à «Signé Genève» depuis quatre ans. On doit à sa plume alerte des articles aussi variés qu’une redécouverte du musée de Plainpalais ou une série de papiers sur l’économie sociale et solidaire dans le quartier. Depuis peu, elle a migré à La Plaine où elle poursuit son travail d’écriture. Au civil, elle a été enseignante de géographie au cycle d’orientation pour des enfants entre 12 et 15 ans. Une activité qu’elle ne pratique plus, trop occupée avec sa première passion: l’écriture.

A sa grande surprise, en décembre 2016, Stéphanie a gagné le prestigieux prix littéraire de la Société genevoise des écrivains (SGE) décerné à un ouvrage de poésie. Rien que ça! «Un jour, j’ai reçu un coup de téléphone de Bernard Lescaze, président de la SGE, qui m’informe de la date et du lieu de la remise des prix. Je jette un coup d’œil à mon agenda et lui réponds que malheureusement je suis occupée ce soir-là. D’un ton enjoué, il me répond que j’aurai tout de même intérêt à venir puisque… j’avais gagné le premier prix du concours de poésie!» Une heureuse surprise pour cette jeune femme de 33 ans.

Mais comment en est-elle arrivée là? Il faut d’abord dire que l’écriture relève pour Stéphanie de Roguin d’une véritable passion, une fièvre, un emportement. «Petite, déjà, je fabriquais des livres en papier et carton et j’écrivais des histoires dedans, pour les anniversaires. C’était un de mes passe-temps favoris, un intérêt qui a toujours été vif chez moi, dit-elle.» Cet enthousiasme littéraire a donc débuté avec des petits carnets d’enfant. Il s’est poursuivi à l’âge adulte avec des ateliers d’écriture. «J’aime bien confronter mes écrits avec l’avis des autres», poursuit-elle. Stéphanie en a notamment suivi un, organisé par les activités culturelles de l’Université de Genève et animé par Isabelle Sbrissa. «On a fait des choses qui s’apparentent à de la poésie, mais j’y ai surtout compris que l’on pouvait écrire d’une manière non linéaire, pas forcément avec des phrases bien construites, du type: sujet-verbe-complément et j’ai eu envie de creuser cela. Elle creuse, donc. Et petit à petit, avec le temps, la pratique et surtout une bonne dose d’imagination, les écrits sporadiques, jetés sur le papier, comme ci ou comme ça, commencent à s’accumuler. «J’ai chez moi un gros carton plein de feuilles volantes et de bouts de textes épars. Un beau jour, je me suis dit qu’il fallait quand même en faire quelque chose. Quelque chose de construit. Pourquoi pas un recueil de poèmes?» se dit-elle. Et donc, en été 2016, elle se met à l’ouvrage et récolte dans sa boîte des textes qu’elle met en bon ordre «pour avoir un fini qui me satisfasse, avec une cohérence, une évolution», dit-elle. Elle envoie le résultat à deux maisons d’édition: aucune réponse. Puis, il y a cette petite annonce parue dans Le Courrier: le Prix littéraire de la Société genevoise des écrivains décerné à un ouvrage de poésie. Elle envoie son recueil intitulé «Pas le temps de courir», sans trop y croire. Mais, ajoute-t-elle, «en 2014, j’avais déjà gagné la deuxième place d’un concours de webstory, une plate-forme Internet d’écriture interactive, et cela m’avait donné une certaine confiance, mais surtout l’assurance que je voulais continuer à écrire et surtout à montrer ce que j’écrivais». Avec le résultat que l’on connaît. Restait au final l’épineux problème de la publication: «Je ne suis pas sûre que ce soit plus facile d’être édité après avoir gagné un concours, dit-elle, mais finalement tout s’est bien passé.» Huguette Junod, une écrivaine suisse et directrice des Editions des Sables la contacte et lui propose de publier son recueil. «Après, tout est allé assez vite et le livre est paru à la mi-mars. J’ai pu participer à deux événements du printemps de la poésie. Et il y a le Salon du livre, un lieu que j’adore. J’y ai été, cette année, toute fébrile d’être de l’autre côté du miroir, pas comme spectatrice, mais comme actrice.»

L’éditrice, qui a elle-même obtenu par deux fois le prix de la SGE, en 1986 puis en 2008, souligne sa grande sensibilité à la difficulté d’être publié: «En 1986, alors que j’avais gagné le prix pour «Ceci n’est pas un livre» j’ai éprouvé une grande difficulté à trouver un éditeur. Du coup, j’ai lancé ma propre maison d’édition. Désormais, lorsqu’il y a un prix, je vais à la remise et quand le texte me plaît, je contacte l’auteur. C’est ce que j’ai fait avec Stéphanie de Roguin. J’ai beaucoup aimé la modernité de ses textes et sa façon d’écrire. Il s’agit d’une poésie haletante, émanant d’une autre génération que la mienne: illusions, peurs, amours, désirs oubliés. Cette poésie me touche particulièrement.»

Dorénavant, Stéphanie de Roguin aimerait bien se concentrer sur la poésie, «car, je me rends compte que c’est le genre littéraire qui me convient le mieux. J’aime bien ne pas me mettre des règles dans mon travail. Pas de contraintes. Je cherche des sonorités et des rythmes qui me plaisent, plein de fragments, tout en évitant une suite forcément logique», conclut-elle.

Stéphanie de Roguin, «Pas le temps de courir, Poèmes», 2017, Editions des Sables, 69 pages. L’ouvrage est disponible dans les librairies MLC, Le Parnasse et Le Rameau d’or.

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Journaliste RP, fasciné par le tissu local genevois, ses petites histoires et sa fascinante diversité,  je participe avec l’équipe des Reporters de quartier à la réalisation de Signé Genève sur le site et dans le journal.

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