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Soeur Anna Maria, soeur Edoardina et… WhatsApp

Les deux soeurs sur une terrasse carougeoise. © FK
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Les deux soeurs sur une terrasse carougeoise. © FK

Les deux sœurs franciscaines de La Provvidenza vivent désormais à Suse, dans le Piémont. Elles communiquent avec Carouge par messagerie électronique

Edoardina et Anna Maria. Ces deux prénoms vous rappellent-ils quelque chose? Mais oui, souvenez-vous, il s’agit de ces deux sœurs franciscaines, carougeoises de cœur, qui avaient dû prendre leurs cliques et leurs claques il y a bientôt une année pour rejoindre le Piémont à l’heure de la retraite. Après un demi-siècle de bons et loyaux services auprès de la population carougeoise, ses enfants et ses personnes âgées, les deux septuagénaires avaient dû quitter La Provvidenza, un EMS et une garderie de la rue Jacques-Dalphin, pour rejoindre le centre Beato Rozas à Suse, à une trentaine de kilomètres de Bardonecchia et de Turin, et à deux pas du parc national de la Vanoise.

S’occuper des migrants en Italie

Le 30 juin, cela fera une année que ces deux figures de la Cité sarde auront traversé les Alpes, pour continuer à servir le Seigneur et ses enfants. A l’exception des Carougeois, cette fois. Des enfants qui, par-delà les frontières et pics alpins, vont bientôt prendre la forme de réfugiés, puisque telle est la mission qui leur a été assignée. «Nous avons reçu la consigne de nous occuper de migrants. Et même si c’est compliqué, nous l’avons prise à la lettre, indique Sœur Anna Maria. La paroisse de Sainte-Croix a financé toute la rénovation du demi-étage que l’on nous a laissé à Suse pour accueillir les migrants.» Les deux sœurs se sont ainsi mises à l’ouvrage, réfection, jardinage (elles ont même appris à planter des patates), et seront bientôt prêtes à accueillir trois familles avec leurs enfants.

Carougeoises de cœur

Mais revenons à nos moutons. «Le problème, si c’en est un, c’est que nous sommes restées trop longtemps à Carouge. A Suse, nous sommes considérées comme des étrangères, alors que nous sommes de nationalité italienne. Même si nos familles religieuses nous ont bien accueillies, on est très différentes des autres sœurs. Ces dernières n’ont jamais quitté leurs montagnes», explique Sœur Edoardina, qui ajoute: «Mais au moins, à Suse, l’air est bon.»

Du coup, les franciscaines s’offrent de temps à autre une petite escapade carougeoise. «Mais on a pas mal de nostalgie quand même», note Anna Maria. «C’est WhatsApp qui nous sauve, reprend Edoardina. On y est constamment connectées. Souvent vers 22 h 30, un petit bip sonne sur mon telefonino et j’y lis «Bonne nuit». Cela vient toujours de Genève et nous rappelle les liens si vifs que nous avons tissés en Suisse.» «Bon café!» «Belle journée», «Bon dimanche», «Vous nous manquez!»: les messages crépitent sur les smartphones des deux sœurs. Elles sont d’ailleurs régulièrement mises au courant du nombre de personnes qui viennent à la messe. On ne se refait pas.

Bombardées de messages WhatsApp

«Nous sommes virtuellement bien plus présentes à Carouge qu’à Suse», explique Sœur Anna Maria. Et Sœur Edoardina d’ajouter en badinant: «On a presque davantage d’informations sur Genève que lorsque nous y vivions!» Carla, maman de deux petites Carougeoises qui ont passé par La Provvidenza, abonde en ce sens: «Je fais partie du groupe WhatsApp des deux sœurs, et c’est vrai que je suis véritablement bombardée de messages. C’est de loin mon contact le plus actif.» Aussi, ces deux déracinées sont devenues des championnes du service de messagerie électronique: «Sur WhatsApp, on peut envoyer des vidéos, des photos, on peut même téléphoner, c’est très pratique! s’amuse Sœur Edoardina. Mais notre cœur est resté à Carouge, c’est sûr. Quand on y revient et qu’on passe devant l’école Jacques Dalphin, de nombreux enfants nous saluent encore et cela nous fait chaud au cœur. A Suse, nous ne sommes pas malheureuses, nous sommes pleines d’espoir et le Seigneur nous garde. Mais il nous manque les familles, les enfants et les personnes âgées de l’EMS La Provvidenza.»

Apprendre l’anglais, toute une affaire…

Reste encore aux deux franciscaines à accomplir leur mission, soit accueillir trois familles de migrants dans le Piémont. Entre déracinés, la pilule devrait passer. «En Italie, dit Sœur Edoardina, on nous a dit que pour accueillir des migrants, il fallait parler au moins le français et l’anglais. Après quarante-cinq ans passés à Carouge, le français, c’est à peu près OK. Reste l’anglais! Alors avec Sœur Anna Maria, on s’y est bravement mises, avec des méthodes de langue. Mais pour la prononciation, c’est pas encore ça!»

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Journaliste RP, fasciné par le tissu local genevois, ses petites histoires et sa fascinante diversité,  je participe avec l’équipe des Reporters de quartier à la réalisation de Signé Genève sur le site et dans le journal.

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