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Goélands et cigales à l’assaut de Genève ! L’interview de Gottlieb Dandliker, inspecteur cantonal de la faune.

Vous l’avez sûrement déjà croisé sur la plage lors de vos dernières vacances en Bretagne ou dans le Var. L’Å“il torve de serial killer, l’air prêt à vous éviscérer pour une miette de votre pan bagnat ou de votre pissaladière. Je parle bien entendu du célèbre goéland leucophée, dont les miaulements et autres ricanements remontent depuis quelques années la vallée du Rhône pour venir se faire entendre dans notre belle cité. Et pour en rajouter une couche méditerranéenne, le chant des cigales est également présent chaque été dans quelques points de notre canton. Réchauffement climatique ? Crise économique ? Le point avec M Gottlieb Dandliker, inspecteur cantonal de la faune à Genève.

Depuis 2013, où un article sur le goéland leucophée était déjà paru dans la TDG, on a l’impression que la population de celui-ci a augmenté drastiquement. Pouvez-vous nous dire si c’est effectivement le cas et si vous savez environ combien d’individus résident à Genève ?

Il y a 50 ans, les goélands étaient très rares chez nous et quand il y en avait c’était au milieu de l’hiver. Mais dans les années 70 leur population a beaucoup augmenté à cause des grandes décharges à ciel ouvert dans les environs de Marseille. Une part de ces goélands a commencé à remonter le Rhône et a découvert le Léman où ils pouvaient se nourrir des perchettes, nombreuses à la fin de l’été. Ils ont fini par décider de rester et ont commencé à nicher sur les jetées, les ports et les îlots. La grande nouveauté de ces dernières années c’est qu’ils nichent maintenant sur les toits des immeubles, pour préserver leur couvée des renards et autres prédateurs terrestres. Je n’ai pas de chiffres exacts mais la station ornithologique est en train de finaliser un grand recensement qui a eu lieu entre 2013 et 2016. J’estimerais « Ã  vue d’Å“il » la population à une dizaine de couples nicheurs. Si on compte les jeunes, les résidents non-nicheurs et les visiteurs, on peut en dénombrer plusieurs centaines à certaines périodes.

J’habite à Sécheron et j’en vois beaucoup tourner autour des voies de chemin de fer et des nouveaux grands bâtiments qui ont été construits ces dernières années (Maison de la paix, Japan Tobacco, campus biotech, etc.)

Les goélands vont surtout se nourrir sur le lac. Ils sont parfois observés lors des labours derrière les tracteurs à dévorer les vers de terre. Et c’est pour se reposer qu’ils cherchent des endroits tranquilles, notamment pour y passer la nuit, ils choisissent alors parfois des toits d’immeubles. Si vous voulez une anecdote, il y a eu un dortoir de goélands il y a quelques années sur un centre commercial et leurs plumes entraient par les conduits de ventilation. Du coup il a fallu intervenir pour les déloger.

Est-ce que le changement climatique pourrait également être une cause ?

Le changement climatique influence beaucoup d’espèces mais dans le cas du goéland ce n’est pas le cas. En fait c’est surtout une question de recherche de nourriture, vraisemblablement aussi liée au fait que les grandes décharges du Sud de la France ont été couvertes.

Il y a deux ou trois ans, un goéland avait avalé tout rond un moineau aux Bains des Pâquis sous les yeux horrifiés des badauds, est-ce qu’effectivement l’individu peut être dangereux pour d’autres espèces voire pour l’homme ?

Il faut bien comprendre que le goéland est un grand prédateur qui mange parfois des poussins et s’il arrive à attraper des moineaux, il ne va pas se gêner. Pour ce qui est de l’être humain, le goéland est inoffensif, sauf qu’il a tendance à protéger ses jeunes avec des cris et très rarement des coups de becs. Si vous devez monter sur un toit en juin-juillet et qu’un goéland vous tourne autour, c’est qu’il y a un nid. Dans ce cas, mettre une protection autour de la tête est conseillé (les bagueurs mettent des bonnets à pompon pour se protéger des attaques). Mais, il n’y a jamais eu de problème à Genève, à ma connaissance. À ce sujet je souhaite rappeler que le goéland est une espèce protégée et que détruire leur nid est considéré comme un délit. Si jamais des gens ont des problèmes avec des goélands, il faut qu’ils nous appellent au 022 388 55 00 et nous les assisterons.

Pour terminer, une question sur un autre animal méditerranéen. Depuis quelques années j’entends dans quelques arbres au Jardin botanique le chant des cigales, s’agit-il simplement d’individus ramenés de vacances par des touristes ou l’espèce est-elle vraiment en train de se développer chez nous ?

Alors oui, très bonne question ! On a effectivement des cigales qui se sont installées depuis plusieurs années à Genève, entre autres à Plainpalais et au Bouchet, et on a retrouvé pour la première fois des exuvies (carapaces vides des larves une fois que la cigale a fait sa métamorphose) dans des arbres le long des voies du tram. Mais comme ceux-ci sembleraient venir d’une pépinière cela ne suffit pas à prouver que l’espèce s’est reproduite chez nous. Dans le cas des cigales, le changement climatique est clairement en cause et l’espèce va sûrement se répandre, surtout en ville où il fait nettement plus chaud qu’à la campagne. L’association Faune Genève a lancé un site (www.faunegeneve.ch/safari-dans-ma.-ville) où les gens peuvent communiquer leurs observations, donc n’hésitez pas à y apporter votre contribution si vous entendez une cigale !

Par Michaël Jaccard le 04 juillet 2017

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Né à Genève en 1976 et vendeur de formation. J'ai travaillé pendant presque une vingtaine d'années pour le magazine de metal/rock gratuit Transit qui s'est malheureusement arrêté il y a deux ans pour des raisons budgétaires. La rédaction d'articles et autres commençant à me manquer sérieusement, j'aimerais apporter ma contribution à "Signé Genève" en vous proposant ponctuellement des chroniques et autres interviews réalisées par mes soins.

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