Tout a commencé un lundi… Une entame hebdomadaire aussi banale que les 51 autres premiers jours de la semaine jusqu’à l’instant où, le téléphone a sonné. Une amie de longue date cherchait des volontaires téméraires pour une expérience inédite. Après un vérification météo sur Internet, nous avons pris la décision de faire partie du mystérieux périple.
Après confirmation du raid pas plus tard que la veille au soir, nous nous sommes donc rendus le lendemain dans la banlieue verdoyante de Nyon afin de retrouver la dizaine d’heureux élus.
Accueillis en toute décontraction par les bénévoles et après avoir réglés les modalités d’usage avec Vivianne en charge de la partie administrative et logistique, on nous prie de suivre Didier tout en écoutant ses indications: « restez gruppiert! ».
A peine arrivé sur les lieux, on remarque le ballet de l’homme en rouge et de son chiffon un peu crasseux. Intrigué, le groupe suit avec étonnement l’ardeur avec laquelle «Monsieur Propre», alias Gérald bichonne avec passion le molosse métallique.
Après le briefing des passionnées que sont Marc et Didier, nous sommes priés d’emprunter l’échelle métallique et de nous installer en suivant les consignes de sécurité. Les sportifs et bien portants à l’avant et les autres à l’arrière! L’humeur générale oscille entre curiosité, appréhension et émerveillement.
En vrai commandant, Marc prend les commandes de l’opération, assisté de son fidèle ami Didier. Lunettes de soleil sur le nez, les deux compères suivent scrupuleusement la check-list et entament la procédure de départ. Alors que les passagers s’impatientent, un énorme vrombissement et un nuage de fumée envahit l’écrin de verdure qui nous entoure.
Une fois l’huile chauffée, le monstre d’une envergure de plus de 18 mètres se met en mouvement ; la tension et l’excitation se ressent et le moment tant attendu est tout proche.
Sans prévenir, le moteur de 1000 chevaux vrombit et délivre un sentiment de puissance. Rien que le bruit, l’odeur et les vibrations rendent cet instant envoûtant et inoubliable.
Très rapidement, le grand oiseau rejoint le bout du tarmac herbeux. Pouces en l’air, Marc le commandant de bord et Didier son co-pilote lancent la manoeuvre de décollage. A l’arrière, Gérald le mécanicien veille au moindre bruit suspect et s’affaire à fermer la porte, avant que l’avion ne prenne son envol.
En deux temps trois mouvements, le bien nommé Antonov 2 nous emmène à une altitude de 1000 mètres sans coup férir. Il doit avoir une fière allure avec son extérieur rutilant, habillé de son liseret rouge affublé du logo de l’association propriétaire, «Antonov Suisse Romande ».
Cramponnés à leurs manettes sans assistance informatique et volant à une vitesse d’environ 180km/h, les pilotes nous emmènent à Megève. Nous y sommes attendus de pieds ferme car il s’agit d’un vol inaugural et la station savoyarde n’a jamais eu l’honneur d’accueillirl’avion immatriculé SP-ASR.
Même si l’été n’est pas vraiment terminé, on peut dire que l’été indien s’est bien installé. Le voyage entre Prangins et Mégève est un festival de couleurs à couper le souffle. Pour rassurer les aviophobes, les conditions météorologiques sont excellentes et il n’y a aucune turbulence à l’horizon.
Après un vol somptueux d’une trentaine de minutes, nous atterrissons sur l’altiport de Megève. Une belle table en terrasse nous été réservée par la dévouée Vivianne. Tartiflettes, diots, gratins de crozet et autres spécialités régionales sont de la partie afin de rassasier nos apétits. Après un beau moment de convivialité, il est l’heure d’embarquer pour le vol de retour via la ville du bout du lac.
Etape aussi majestueuse qu’à l’aller, nous faisons plusieurs passages au-dessus de la Rade et du Jet d’eau, nous survolons la ville ainsi que de l’aéroport de Cointrin. Magique.
Le héros de ce périple est un Antonov 2 , construit en 1972. Il volait précédemment en Pologne où il a notamment été utilisé par un club de parachutiste. L’avion a été racheté en 2013 par l’association « Antonov Suisse Romande » (ASR) à l’initiative de Eric Summerer, président de l’ASR et commandant Airbus, et Jean-Michel Walther, un pilote privé et vigneron.
L’aventure aura été magnifique grâce à l’esprit et à la bienveillance des différents bénévoles. Didier, l’un de nos deux co-pilotes résume ainsi la philosophie de l’ASR, «notre motivation n’est pas financière, elle consiste à donner vie à une superbe machine, à la faire connaître et à faire plaisir aux gens qui viennent voler avec nous. L’esprit convivial d’une sortie, avant-vol et l’après-vol compris, sont à nos yeux aussi important que le vol lui-même.»
L’avion vole entre 30 et 40 fois par année car tributaire des conditions météorologiques. L’association a mis en place deux modes d’organisation des vols:
– les personnes s’inscrivent à un vol planifié par l’ASR (agenda et inscription via le site Internet).
– L’avion peut être réservé pour des vols privés (groupe d’amis, famille, sortie d’entreprise, etc…)
Les destinations les plus plébiscitées sont:
– Gruyères et sa fondue sur la terrasse du restaurant de l’aérodrome
– Bex
РTour du lac / Vall̩e de Joux
– Vallée de l’Arve, Chamonix, Mt-Blanc, Vallée du Rhône
РMeg̬ve
(Toutes les destinations en Suisse ou à l’étranger sont possibles).
Tant que la météo automnale est clémente, l’association a décidé de retarder l’hivernage de l’avion afin de le laisser s’ébattre dans les airs et d’en faire profiter un maximum de passagers. Inscription et informations ici: www.antonov2.ch
