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L’accueil avant la cueillette pour prendre racine

Quelques membres des Nouveaux Jardins Aziz au travail Anoud et Abdel Kader
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Quelques membres des Nouveaux Jardins

Bienvenue au « Nouveau Jardin » du parc André-Chavanne
Cultiver son jardin dans tous les sens du terme après un long voyage
Les Nouveaux Jardins existent depuis 2011. Ce projet de l’EPER, aide protestante suisse, vise à intégrer les personnes migrantes dans notre région en cultivant un même lopin de terre. On trouve plusieurs de ces jardins en Suisse romande et dans notre canton : à Meyrin, dans le parc des Franchises et dans le parc André-Chavanne. Le concept a évolué depuis sa création. Dans les premières années, des bénévoles s’occupaient des migrants un peu à la manière d’un enseignant. et, bien sûr, il y avait de bons et de moins bons élèves. Puis, dès 2018, l’organisation s’est assouplie et des tandems ont été formés. Ce nouveau mode de faire permet de responsabiliser les participants qui évoluent davantage et deviennent beaucoup plus autonomes. Les anciens se joignent aux bénévoles de la première heure et jouent alors le rôle de conseillers et de mentors pour les nouveaux arrivés. L’intégration se fait tout naturellement, les amitiés naissent et se développent pendant que les graines germent puis quand les fleurs éclosent, les fraises rougissent et les légumes grandissent.
Des potagers d’une vingtaine de mètres carrés sont attribués à chaque paire de jardiniers. Libre à eux d’organiser leur parcelle comme ils l’entendent. Une douzaine de binômes s’affairent avec entrain et bonne humeur, ensemble ou en se succédant. Conseils et échanges de point de vue nourrissent les conversations. Il faut parfois répéter, ou mimer pour se faire comprendre et ne pas oublier de faire reformuler les conseils pour être bien certain d’avoir été compris. Il en va de même des questions qui ne sont pas toujours compréhensibles du premier coup.
C’est au Petit-Saconnex, mon quartier, que je me suis proposé de m’informer sur ce magnifique concept. Un mercredi après-midi d’avril, Catherine Neumann, l’animatrice, entourée d’Anne-Marie, Evelyne, Iris, Jocelyne, Yves et quelques autres bénévoles, a accueilli les nouveaux jardiniers venus de leur lointain pays d’origine, d’Asie, d’ Afrique, d’Europe de l’Est, d’Amérique du sud. Pour la plupart, c’est dans leur centre d’accueil qu’ils avaient été informés de cette opportunité. Ils s’engagent à participer au jardinage pendant toute une saison, qui va de début avril à octobre. Pour eux c’est un engagement de longue durée dont quelques-uns n’ont pas eu l’habitude dans le pays dont ils ont émigré. Ils auront à respecter les règles de cette activité en société qui sont tout de même d’une certaine rigueur. Le désherbage des sentiers jouxtant les potagers, thème sur lequel Catherine a mis l’accent, est la tâche commune la plus astreignante. C’est d’ailleurs une exigence du Groupement des Jardins que chacun est tenu de respecter à la lettre. Un samedi y est consacré, réunissant des membres de l’Association des parents d’élèves du Petit-Saconnex et les membres des Nouveaux Jardins. Un repas canadien très bien fourni met une terme à la séance de travail commun et permet de goûter à des spécialités de chacun et surtout chacune.
Le soin des outils mis gracieusement à disposition et leur entretien est indispensable. L’utilisation de tout produit chimique est bien sûr prohibée. Il va de soi qu’on jardine bio ! Logique ! L’eau doit être économisée, ce que, de manière surprenante, les migrants ont parfois plus de peine à mettre en pratique que les locaux. Ils viennent souvent de pays où l’eau est rare et précieuse et ici ils ont l’impression que nous en avons tellement qu’il n’est pas nécessaire d’y prêter attention. Une remarque bienveillante suffit à les convaincre. Abdel Kader et sa femme Anoud, Kurdes de Syrie, s’y sont vite habitués. Pour économiser l’eau, rien de tel que de couvrir les semis d’une couche de paille qui conserve l’humidité de la terre et évite une évaporation rapide.
Chaque participant, individuellement ou en groupe a pour consigne et pour tâche de se fournir en graines et en compost. Pour le compost, ce sont les autochtones motorisés qui s’en occupent, principalement à la décharge cantonale du Nant Châtillon, éloignement oblige, ceci au grand regret d’Aziz, un autre sympathique et efficace Kurde de Syrie qui voudrait s’y rendre par ses propres moyens ; mais pour les graines, les participants se fournissent dans les commerces habituels et, bien sûr, à la Ferme de Budé, toute proche, ce qui les aide à s’intégrer à la vie du quartier.
Les « cafés-jardinage » sont des réunions obligatoires qui ont lieu une fois par mois, le mercredi après-midi. Il y est fait un bilan des expériences vécues. On y transmet également d’éventuelles nouvelles directives en buvant un coup à la santé de tous. On y cultive surtout le respect et l’amitié. C’est si simple d’aimer…
J’y retournerai quand les tomates et les patates seront à point ! Mais plus probablement lorsque je me mettrai moi aussi à jardiner.

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Photo du profil de René Magnenat
Enseignant retraité. Prof de sports et maître d'internat à l'Ecole Internationale de Genève et à la Châtaigneraie, il a ensuite enseigné au Cycle d'Orientation la gym, le français, l'information professionnelle, l'initiation au théâtre et au cinéma. Marié, trois filles adultes, deux petits-fils, il pratique la randonnée, l'écriture, mais à cause du Covid 19, il se languit du chant et du théâtre.

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