À Malagnou, une coiffeuse organise une fois par année, un apéritif géant pour toute sa clientèle.
Neri coiffure, c’est un salon pas tout à fait comme les autres. Un lieu qui se situe entre le salon de coiffure et celui de thé. Car chez Neri, deux activités se partagent la qualification de principale: la discussion et la coupe des cheveux. L’une et l’autre ont la même importance. D’ailleurs, la première chose que fait Neri, lorsqu’on pousse la porte de son salon, à la route de Malagnou, c’est de vous servir un thé ou un café, accompagné d’un jus de fruit. C’est une tradition. Tout comme les apéros gargantuesques qu’elle organise pour sa clientèle une fois par année.
Neri, alias Nerimane Morina Avdulahu, tient son surnom d’une cliente d’un salon où elle travaillait à Carouge dans les années nonante. C’est une Helvète, originaire du Kosovo d’où elle est venue à l’âge de 12 ans, sans parler un traître mot de français. Une langue qu’elle a rapidement apprise, mais de façon orale: “À l’époque, personne ne connaissait l’Albanais, il n’existait pas de dictionnaire français-albanais! Alors j’ai appris sur le tas, même si c’était un peu difficile à l’école, au début. Je n’y comprenais rien.”, dit-elle. À force de persévérance et d’un certain talent pour la coupe des cheveux, elle est devenue la première kosovare de Genève à ouvrir un salon. C’était il y a bien longtemps. Celui de la route de Malagnou, elle le tient depuis maintenant huit ans.
Pour revenir à ce salon, Neri tient beaucoup à ce que les gens y discutent ensemble: “C’est très important pour moi, je présente des clients à d’autres clients, j’essaie de les faire communiquer, c’est comme une deuxième nature, chez moi.” Un peu comme une place du village. Et d’ajouter: “Comme ici, les gens ont un peu tendance à rester chez eux, le salon de coiffure est un lieu tout à fait approprié pour les en sortir, une occasion pour papoter. On discute, je les taquine. J’ai développé de fait, dans mon salon un véritable réseau. Ici, c’est devenu une mine d’informations diverses, sur la médecine, les maladies, la politique.C’est un lieu de partage.” Et c’est une habitude qui se prolonge dans les apéritifs qu’elle organise une fois par année.
Agendé habituellement à la fin du mois de décembre, l’apéritif de Neri est connu bien au delà du quartier. Des gens y viennent de tous les coins du canton. “Il est généralement organisé un lundi entre le quinze et le 20 décembre, précise Denise, une cliente qui fréquente le salon depuis près de dix ans et n’a quasiment manqué aucun de ces rendez-vous. Ces apéros, c’est quand même une preuve qu’elle aime bien sa clientèle, je trouve assez extraordinaire de faire ça. En tout cas, j’admire son énergie et son audace.”
Ainsi, deux jours durant, Neri et sa famille préparent des petits plats divers, dont des spécialités du Kosovo. Le jour J, elle réorganise tout son salon de coiffure, pour faire place à un banquet formé de tables qui traversent tout l’espace de coiffure. Petits fours divers, sandwich à la saveur des balkans, les petits plats s’alignent dans le salon de coiffure. Et la clientèle, assise autour des tables en rafolle.
Pour Neri, il s’agit d’un véritable apéritif dînatoire: “De façon générale, les gens ont besoin d’être en fête, de participer, de voir du monde, alors mon apéro, c’est un magnifique moment de joie!” Sylvie, une autre cliente abonde en ce sens:“J’y suis venue une fois un peu avant Noël. Il y avait de nombreux clients, c’était très sympa mais il y avait un peu trop de monde pour moi. Je préfère y aller accompagnée: Mais en tout cas, Neri est vraiment sympa et agréable, ce sont de super moments que je passe dans ce salon.”
