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À cause du ‘Covid19’ les enterrements sont aussi « chamboulés »

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L’épidémie de Covid-19 et les mesures d’urgence prises par la Confédération pour l’endiguer bousculent la vie quotidienne de la population, jusque dans son rapport à la mort. Effectivement, lorsqu’on lit les avis mortuaires dans notre Tribune de Genève ces dernières semaines, on constate qu’il est mentionné : « en raison de la pandémie, la cérémonie d’Adieu sera célébrée dans la stricte intimité de la famille ». Et aussi parfois : « une cérémonie du souvenir aura lieu quand les circonstances le permettront ».

On remarque aussi malheureusement quelquefois : « décès dû au coronavirus » ou plus tragique encore, comme dans le cas de ce couple âgé résident d’un EMS : « enlevés tous deux à quelques heures d’intervalle à la tendre affection de leur famille, emportés par le Covid19 ».

La perte d’un être cher est déjà bouleversante, elle peut l’être d’autant plus lorsque cette mort inattendue a été causée par cette terrible pandémie qui s’est aussi abattue sur la Suisse, pays riche, doté de haute technologie et à la pointe au niveau de la médecine : on pensait peut-être à tort que chez nous, au 21 siècle, on pouvait être à l’abri de tout. La situation actuelle démontre malheureusement que ce n’est pas le cas, et que l’on est même plutôt démuni face à cet évènement atypique.

Tous ces décès ont causé une douleur qui a ébranlé profondément de nombreuses familles, ces départs si précipités rappelant que la vie est précieuse, fragile et qu’elle ne tient souvent qu’à un fil. Et pour rajouter encore à la tristesse et à la souffrance, le confinement n’a pas épargné les obsèques : des mesures destinées aux proches des défunts ont dû être appliquées à la lettre afin de limiter la transmission du coronavirus. Les inhumations et crémations se sont donc restreintes au tout premier cercle familial, vingt, dix, cinq, le nombre de personnes admises pour prendre congé d’un défunt s’est réduit comme peau de chagrin.

Lorsque les funérailles ont lieu dans la plus stricte intimité, il en résulte un fort risque de perturber l’indispensable travail de deuil, au point d’entraîner un choc durable, selon certains psychologues. Pour les familles, le changement est considérable : elles sont privées de la présence de ceux qu’elles aimeraient voir avec elles pendant ces moments-là. Même en nombre réduit, il est difficile de ne pas se serrer dans les bras et ce ne sont pas des comportements barrière pour réduire les risques de contamination : pourtant, on a besoin du contact, on a besoin de se rapprocher lorsqu’on se trouve dans un tel désarroi. D’autant plus que dans certaines situations – comme les visites étaient interdites dans les EMS – on n’a pas pu faire nos adieux à l’être cher : difficile de réaliser vraiment qu’on ne le reverra pas les jours prochains, qu’on ne l’entendra plus jamais…

En temps normal, suivant comment on se sent concerné, c’est un choix personnel et individuel que de décider d’aller rendre un dernier hommage – ou pas – à ce membre de la famille disparu, à cet ami, ce voisin ou cet ancien collègue. A l’heure actuelle, à cause de la pandémie, on en est automatiquement exclu. Si certaines personnes semblent avoir accepté le fait que pour lutter contre le coronavirus, il vaut mieux restreindre le nombre de personnes autorisées à se rendre aux obsèques, d’autres ont dû s’y résigner.

Comment traverser cette épreuve, apprivoiser la souffrance, vivre ce décès et reprendre la route de sa vie lorsqu’on n’a pas assisté aux funérailles ? Les cérémonies d’enterrement aident en effet à prendre conscience de la mort de la personne disparue, et comme je le mentionnais déjà plus haut, c’est une étape fondamentale pour le processus de deuil. L’une des solutions est de faire une substitution par la pensée : allumer une bougie est le symbole le plus simple et le plus évocateur, en pensant à la personne qu’on aimait, en installant des photos ou des fleurs. C’est l’une des meilleures choses à faire en attendant d’aller se recueillir, plus tard, sur la tombe.

Même si ces actes symboliques ne font pas tout, il est normal de ressentir beaucoup d’émotions lors d’un décès : de la tristesse, de la culpabilité, de la peur, de la colère ou encore des regrets. Chacun a ses propres ressources qui vont lui permettre d’avancer et d’apprendre à vivre sans la personne décédée, tout dépend de la relation que les gens entretenaient avec elle : si la tristesse reprend parfois le dessus et peut nous envahir certains jours, essayons plutôt d’être heureux de toutes les années passées ensemble. Même si elle n’est plus là, elle continuera d’habiter nos pensées pour toujours, car elle sera désormais bien vivante dans nos cœurs et nos esprits.

Aux dernières nouvelles, suite à la récente conférence de presse du Conseil fédéral, l’assouplissement suivant est prévu à partir du 27 avril 2020 :
– les enterrements ne doivent plus avoir lieu dans le cercle familial le plus strict
– les personnes extérieures à la famille proche d’un défunt pourront à nouveau assister aux funérailles

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Photo du profil de Jean-Pierre TAUXE
Décorateur de premier métier ; une expérience d'une année dans les coulisses du Cirque Knie pour écrire un premier livre ; formation d'éducateur sport et loisirs pour personnes en situation de handicap ou en difficulté d’adaptation, puis de maître socio-professionnel à l'EESP de Lausanne.

Il reprend plus tard la responsabilité de l'Atelier d'Animation à l’Hôpital Beau-Séjour. En août 2013, il partait en préretraite après 23 ans de "bons et loyaux services". L’Atelier qu'il animait, cher aux patients hospitalisés qui bénéficiaient ainsi d'instants de loisirs et de moments de répit bénéfiques à leur moral, a été maintenu à 50% durant une année après son départ. Menacé de fermeture à cause de "projets institutionnels" et "mesures d'économies" aux HUG, ce centre a pourtant disparu en juillet 2014, avec le départ du second animateur à temps partiel. Les premiers articles de cette rubrique (numérotés) abordent le sujet.

Jean-Pierre Tauxe a alors publié un autre ouvrage, qui retrace ses deux décennies à la tête de l'espace de loisirs de Beau-Séjour : rétrospective d'événements exceptionnels, organisations socioculturelles originales, récits et anecdotes et également nombre de témoignages de patients.

Ce livre peut être commandé en laissant les cordonnées sur le site  http://jean-pierretauxe.wixsite.com/atelierdanimation  rubrique en bas de page "Plus d'Info".

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