Accueil | Slider actualités | Retraite en vue pour Monsieur Buhler

Partager l'article

Actu | Centre

Retraite en vue pour Monsieur Buhler

Le mécanicien Serge Buhler dans son atelier. © FK Serge Buhler avec une Kreidler Florette de 1962, fraîchement retapée.© FK
<
>
Serge Buhler avec une Kreidler Florette de 1962, fraîchement retapée.© FK

À Carouge, entre la place de l’Octroi et la rue Saint-Joseph, on trouve une petite enseigne au nom de Buhler, motos scooters. L’atelier de mécanique et de réparation est tenu par une figure carougeoise, un dénommé Serge Buhler qui manie la clé à molette et le marteau avec la même aisance que le tournevis ou la pince coupante. Voilà dix-sept ans que le mécanicien fait office au 9, rue du Pont-Neuf. Bien longtemps aussi que scooters, vélomoteurs ou vélos n’ont plus aucun secret pour lui. Du pneu crevé au carburateur bouché, des plaquettes de frein usées au pot d’échappement troué qu’il faut souder, Serge Buhler sait tout faire et son art de la réparation s’applaudit de bien plus loin que la Cité sarde.

Mais voilà, l’heure de la retraite a sonné pour le mécano: «Après cinquante ans de métier, j’en ai ras le piston! Ça suffit! Je vais mettre la clé sous la porte d’ici à fin juillet, voire mi-août. Maintenant, je liquide tout: vespas, outillage, casques, accessoires», dit-il, empreint d’une certaine nostalgie.

Mécano sur autos
Serge Buhler est mécanicien auto de formation. «Quand on est mécanicien auto, on peut toucher à tout! Moi, pour les vespas, j’ai appris sur le tas, pas de souci», explique celui qui a fait son apprentissage chez Fiat suisse à la rue de Lyon entre 1971 et 1975. Une expérience formatrice qui lui a convenu puisqu’il est resté chez son employeur jusqu’en 1988. «Ils m’ont engagé directement après mon apprentissage, dit-il, c’était les Trente Glorieuses et il y avait du boulot partout.»

Puis, Serge Buhler s’en va réparer des BMW chez Emil Frey, aux Acacias, jusqu’en 2003. «J’ai quitté car l’électronique massive avait débarqué et le travail en est devenu bien moins intéressant. C’en était fini de souder un pot d’échappement. Et en réparation, il ne restait plus que la carrosserie, et encore. Au tarif horaire, pour changer des pièces, imaginez l’intérêt Le plaisir du contact avec le client et le bricolage, c’était fini. En plus, la compétition entre conseillers était devenue insupportable.»

Le mécanicien reprend alors l’agence Piaggio-Vespa à Carouge et peut à nouveau s’adonner à sa passion: la bricole. «Ça fait facile septante ans qu’il y a un atelier de réparation à cette adresse, dit-il. Ici, il y a eu la vente de vélo, de Solex, et ça a aussi été une station-service. Au début, le lieu était tenu par un certain M.Waelti, puis Pascal Simonin a repris jusqu’en 2003, jusqu’à sa retraite. Il travaillait encore à plus de 70 ans!» Serge Buhler reprend donc le pas-de-porte et reste dans la mécanique italienne en récupérant l’agence. Mais des ennuis de santé le clouent au lit pendant suffisamment de temps pour que l’importateur suisse de Vespa-Piaggio s’impatiente et lui retire sa licence pour manque de ventes. «Je n’avais pas atteint les quotas, précise le mécanicien, bref, j’ai été viré propre en ordre. J’ai donc cessé la vente de vespas juste après ma maladie en 2014-2015.» Il se lance ainsi dans la réparation toutes marques, vélomoteurs, vélos et scooters pendant cinq ans, mais les affaires péclotent un peu, malgré une clientèle fidèle et régulière: «De janvier à mars, le commerce est bien maigrichon, puis cela reprend jusqu’en décembre», dit-il.

Une journée maudite
Puis arrive un jour que le mécanicien maudira longtemps: le 25 octobre 2015, peu après la fermeture du commerce, deux scooters prennent feu. Un incendie suivi de l’intervention des pompiers et des dégâts, mais uniquement matériels. Une vespa vintage des années 70 n’y survivra pas. Mais le mécanicien, oui. C’est donc reparti pour un tour et la réparation de véhicules reprend de plus belle.

L’échéance de la retraite arrivant à grands pas, le mécanicien s’applique depuis quelque temps à la préparer; il liquide ainsi tout le matériel de l’atelier et a encore quelques belles pièces à vendre (moto Guzzi, Honda, vespas). Il a d’ailleurs fait une découverte en rangeant ses petites affaires. En démontant une étagère murale, Serge Buhler est tombé sur les restes d’une ancienne forge: «Il y a bien longtemps, cet endroit était un atelier de fabrication de pièces d’aviation», précise-t-il.

Après tout cela, ce sera l’heure des promenades prolongées avec le chien, de jardinage ou «des petits voyages avec Madame, qui est encore en activité. Je trouverai toujours quelque chose à bricoler, quelques coups de main à donner à des amis ou des anciens collègues. On verra bien.»

Partager l'article

J'écris un article
Photo du profil de Fabien Kuhn
Journaliste RP, fasciné par le tissu local genevois, ses petites histoires et sa fascinante diversité,  je participe avec l’équipe des Reporters de quartier à la réalisation de Signé Genève sur le site et dans le journal.

Ajouter un commentaire

Votre adresse email ne sera pas affichée. Les champs obligatoires sont indiqués *

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

J'accepte les CGU

Mot de passe oublié

Inscription