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Un amour qui n’est pas sans raison(s)

Marie-José au vert
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Marie-José au vert

Née à Thonon, Marie-José Astre-Démoulin a passé son enfance à Amphion, au bord du Léman. Après son bac, elle suit des études de traductrice à Paris. Mais c’est un métier solitaire qui ne lui convient pas totalement, attirée qu’elle est par les relations humaines. A la Sorbonne, elle obtient un master d’enseignante de français pour gens de langues étrangères. Elle pratique cette activité d’abord en Afrique, puis au CERN. En y ajoutant la traduction littéraire de livres anglophones pour des éditeurs français ainsi que de quelques bouquins pour enfants en espagnol, sans oublier son rôle de mère pour ses trois fils, sa vie est bien remplie et bien panachée !
De retour en Europe, il faut trouver un job qui rapporte un peu plus que les traductions qui sont mal payées. Du coup, Marie-José se met à travailler comme traductrice pour les institutions internationales, elle découvre l’ONU, cette organisation qui arrive à réunir autour d’une même table les représentants de 193 pays ! « Une des plus belles idées de l’humanité » me dit-elle.
Son premier poste est à New-York ! On y ouvre un centre de développement de carrière et pour cela on recherche des volontaires, exactement ce qu’il lui faut ! Le job consiste à gérer les relations entre les membres d’une équipe, apprendre à chacune et chacun à savoir dire « non » sans fâcher son interlocuteur. Séduite par cette fonction, Marie-José dit « être tombée dans la marmite » comme un célèbre Gaulois. Peu à peu, elle prend sa place dans ces nouvelles fonctions.
Tomber en amour
Mais l’air du Léman lui manque. Elle rentre dans la région lémanique, là où demeurent ses racines. L’ONU y ouvre à ce moment son centre de développement de carrière. La synchronicité est parfaite. Elle y travaillera vingt ans comme consultante et formatrice. « Quelle chance j’ai eue ! » me sourit-elle.
Puis elle ajoute : « Genève est un écrin, un bijou entre les montagnes. Son éclectisme est immense, elle offre un peu de Monaco de par sa sécurité et un peu de New-York par sa diversité. »
Marre des déplacements transfrontaliers, elle loue un studio dans le quartier du Petit-Saconnex, à quelques minutes à pied du Palais des Nations. Elle le sous-loue plutôt puisque c’est une Britannique, qui part en mission pour un an, qui le lui cède, se le réservant pour son retour. Après avoir vécu dans de grandes métropoles, Marie-José adore Genève, « cette ville qui compte plus de théâtres que d’habitants ! » Se promener dans les parcs très proches les uns des autres, le parc André-Chavanne, la promenade des Crêts, le parc Trembley, Beaulieu et surtout le parc de la Paix, dédié à Sergio Vieira de Mello, Haut-commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, tué lors d’un attentat à Bagdad en 2003, que Marie-José admirait beaucoup.
Elle mène alors une vie animée, à la manière d’une étudiante, avec de nombreux voyages et des activités culturelles qui lui font prendre place fréquemment dans la salle du Grütli. Sa carte de légitimation « d’internationale » lui évite les demandes d’autorisation de résidence pour les étrangers. Elle fréquente avec plaisir le célèbre Café du Soleil, « the place to be » comme disent les employés de l’ONU, qui y dévorent, c’est un must, la fameuse fondue (concoctée à cette époque par un cuisinier portugais, père d’un de mes élèves !) Elle prend part pendant des années à un atelier d’écriture organisé à la Société de Lecture de la Grand-Rue, dans lequel les sujets traités lui permettent d’élargir ses connaissances sur sa ville d’adoption.
Plusieurs points interpellent notre interlocutrice dans le mode de vie des natifs. Elle fait d’abord la connaissance de Suisses aux origines multiples. Pendant longtemps, elle ne parvient pas à mettre le nez dans l’appartement d’un « vrai Suisse » ! Elle est frappée par le goût de la propreté des Genevois. A-t-elle peur de faire tache ? Qu’en serait-il de son avis sur les Suisses alémaniques à ce sujet ? Elle s’étonne en constatant la bonne harmonie qui règne ici depuis plus d’un siècle alors que la population étrangère est de plus de 40%. Elle relève toutefois une certaine animosité à l’égard de ses compatriotes frontaliers qui sont souvent mal accueillis et critiqués. Elle se souvient, avec un petit air malicieux, que dans sa jeunesse savoyarde, on appelait les Genevois les « Gueules Elastiques qui viennent nous piquer nos champignons ! » Terme d’ailleurs affublé aux Genevois également par les gens des proches cantons suisses. A quoi je lui rétorque que, pour nous, les employés de l’ONU étaient des « Cornichons Diplômés ! »
Quelques petits bémols
Habiter au Petit-Saconnex, ce microcosme multiculturel au centre du Grand-Genève représente un privilège que Marie-José apprécie et vante avec enthousiasme. Mais, réaliste, elle attire mon attention sur le fait que l’interdépendance entre les cités qui occupent la région a des effets positifs et négatifs des deux côtés de la frontière. Les Genevois peuvent acheter quantité de choses à meilleur marché en France voisine. Les résidents français occupent des emplois bien mieux payés en Suisse. Ces faits ont pour conséquence une croissance du trafic et sont donc la cause de soucis écologiques et de pollution sonore. Et du côté purement français, l’afflux de nouveaux habitants venus chercher du travail, fait drastiquement augmenter le prix de l’immobilier et des biens de consommation, ce qui appauvrit les autochtones salariés sur place.
Marie-José s’amuse de la marmite de la Mère Royaume et souligne l’ironie de voir que, dans une ville qui symbolise la paix, plus de 400 ans après la tentative du Duc de Savoie de conquérir Genève, on consacre tant de temps, de cortèges, de chants et d’énergie pour commémorer cette victoire de légende. Sa nature et sa formation de consultante en relations humaines lui font envisager la situation avec bonhommie et elle se joint aux festivités de l’Escalade avec plaisir.

L’amour grandit, comme les jours au printemps
Puisque nous parlons de notre quartier, Marie-José ne comprend pas pourquoi une foultitude de conducteurs automobiles s’agglutinent chaque jour, à toute heure, dans la rue de la Servette, s’excitent à faire monter leurs pulsations, un risque pour leur santé, surtout en temps de pandémie, alors que, tranquillement assise dans le bus 3, elle laisse aller ses pensées vers des mots poétiques qu’elle note sur un petit carnet afin de les reprendre plus tard pour en faire des récits ou des poèmes qui parleront de son amour pour Genève.
Un moment d’échange avec Marie-José permet au Genevois que je suis, dont la famille, était venue de France au moment des guerres de religion, de découvrir des endroits, parfois cachés, mais pas trop, qu’un local ne voit pas tant ces lieux font partie de son cadre de vie qui devient, avec l’habitude, un lieu commun alors qu’il est tout le contraire.
Un livre de récits paru en 2019 aux Editions des Sables, « Genève Emois » vous en fera découvrir et déguster, de ces lieux qui gagnent à être connus et anecdotes amoureusement contées par Marie-José.
Contacts :
Site Internet : http//mjdastree,123website.ch/
https://www.linkedin.com/in/astre-demoulin

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Enseignant retraité. Prof de sports et maître d'internat à l'Ecole Internationale de Genève et à la Châtaigneraie, il a ensuite enseigné au Cycle d'Orientation la gym, le français, l'information professionnelle, l'initiation au théâtre et au cinéma. Marié, trois filles adultes, deux petits-fils, il pratique la randonnée, l'écriture, mais à cause du Covid 19, il se languit du chant et du théâtre.

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