Ecrire pour ne pas oublier de vous dire

Ecrire pour ne pas oublier de vous dire

Dans mes voyages immobiles, je viens de lire un texte de Carole Hubscher sur l’écriture…
En effet, écrire c’est s’engager !
Faire un choix, prendre une décision.
J’ai toujours essayé d’être engagé, j’écris donc souvent de manière électronique, parfois avec une plume et de l’encre. J’ai toujours eu du plaisir à entendre la plume crisser sur le papier, sentir l’odeur de l’encre. Mon prof de dessin, ou plutôt d’arts plastiques, nous faisait utiliser l’encre, la gouache, les crayons de couleur, le fusain. Je connais donc Caran d’Ache depuis mon adolescence, pour moi cela représentait le top des crayons de couleur, du genre que tu gardes précieusement. Je vivais alors dans un quartier, de ceux qu’on surnommait alors « banlieue rouge », où les bagarres dans la cour du collège se pratiquaient souvent à la chaîne de vélo ! Tu ne sortais ta boîte Caran d’Ache rouge que discrètement… Le plus souvent, je faisais l’ébauche en cours avec un crayon simple, 2B minimum, je préfère en effet les mines grasses !
Je mettais alors les couleurs, des à plats, des nuances… laissais quelques blancs et lignes noires. Mon prof disait toujours que le noir et le blanc sont la structure ! Je ne suis pas sûr d’avoir encore compris, mais il fallait de la couleur partout ! Au bac, le sujet était : « Faites ressortir la dynamique des lignes et l’aérodynamisme des formes ! », 3 heures d’épreuve sur un format raisin.
Voilà mon expérience Caran d’Ache ! Je vous rejoins Madame sur l’engagement ! Ecrire pour écrire c’est fade ! Ecrire pour dire les choses, s’engager à être sincère (mot en voie de disparition…), être parfois pornographe ou caricatural pour une vérité, pour ne pas oublier, devenir un homme-livre si cher à Ray Bradbury
Parfois s’efforcer aux nuances, écrire c’est aussi lire deux fois !
« Les choses ne sont jamais noires ou blanches mais souvent d’un gris différent comme les reflets dans la cendre » disait le chanteur.
Ecrire ou dessiner les mots c’est parfois plus fort qu’une balle, c’est être libre !
Une petite histoire de dessin pour finir…
L’histoire d’une petite fille qui va visiter son père emprisonné. Elle a emmené avec elle ses derniers dessins : des jardins, des arbres, des oiseaux et des maisons… pleins de couleurs pour délaver le gris-prison des yeux de son père.
A l’entrée de la prison, la chiourme veille et retire tous les dessins avec des oiseaux, histoire de ne pas donner des idées au père !
Un mois plus tard, la petite fille revient avec ses dessins sur lesquels apparaissent pleins de ronds blancs dans les arbres… les dessins passent la censure et son père émerveillé par les œuvres de sa fille lui pose une question : « Pourquoi tu as dessiné des ronds blancs dans les arbres ? » « Eh bien papa, ce sont les yeux des oiseaux ! »
PS : Cette petite histoire, très importante pour moi est le souvenir du film « Les yeux des oiseaux » de Gabriel Auer dans les années 80, plus de trente ans et je me souviens encore…