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Périphérie | Société

Retour vers le passé

Retour vers le passé

… c’est ce que je me suis dit après mon séjour de 10 jours à Hong Kong. Ayant de la famille là-bas, je n’ai bien entendu pas pu m’empêcher de comparer les deux villes même si je sais très bien qu’il s’agit d’un exercice dangereux de par les nombreuses différences. Mais c’est justement ces différences qui permettent également de remettre les choses en perspective et voir ce qui pourrait être amélioré ici.

L’insécurité

Je commencerais avec un sujet qui me préoccupe en ce moment, l’insécurité. A Hong Kong, pour la première fois depuis longtemps, j’ai osé poser mon portefeuille et portable sur la table des restaurants pendant que je mangeais, chose quasi impensable à Genève. Les pickpockets ne sont pas inexistants mais très rares, en tout cas assez pour ne pas avoir à s’en méfier. Pour ce qui est de mon domaine du moment avec Colosse, à savoir les cambriolages, ils existent certes mais les chiffres feraient presque rêver Genève: en 2011, la police de Hong Kong a répertorié 4’359 cambriolages en moyenne alors que notre cité en a compté… 8’133. La différence ne réside pas que dans le fossé ridiculement élevé, mais comprenez que pour 2012, la tendance est à la baisse à Hong Kong alors que chez nous, je vous le donne dans le mille, elle est en hausse (malgré la petite baisse de cet été).

Les transports

A Hong Kong, prendre le bus, le métro ou le taxi est littéralement du gâteau. Avec la carte « Octopus » (elle porte bien son nom, vous verrez), vous pouvez payer tous les moyens de locomotions cités plus haut (comme chez nous) mais vous pouvez également faire vos courses dans les supérettes. Et je ne parle pas d’une carte avec puce, NIP code etc etc… non, vous pouvez la glisser dans votre portefeuille et l’approcher de l’appareil qui scanne ce dernier automatiquement. « Oui mais si on vous vole le portefeuille? » me direz-vous… et bien relisez mon paragraphe sur l’insécurité plus haut.

Prendre le bus est un réel plaisir car il y en a tout le temps. Je n’ai pas souvenir d’avoir attendu plus de 2 minutes pour prendre un bus ou le métro. Et parlons-en du métro d’ailleurs. Propre, propre, propre! L’occident a souvent cette image un peu crade de l’Asie mais il s’avère que le métro le plus sale de Hong Kong est plus propre que le plus soigné de Genève. Ah et j’oubliais le plus important, les prix. Une course en moyenne vous coûtera moins d’un franc suisse. Combien le billet de bus pour Genève, petite ville sans métro? hmmm….

Je vais aussi parler des taxis vu qu’il y a du drama en ce moment à l’aéroport. Les taxis hongkongais sont rouges et sans m’attarder sur les prix, sachez simplement que pour les 2 premiers kilomètres vous ne paierez que 2 francs (puis 1.- par km environ).

La nourriture

Il est très facile de manger à Hong Kong. Le choix y est légion et les prix sont pour la majorité assez bas. Il y a du gastronomique et du petit commerçant à même la rue. Là, c’est vraiment pas juste de comparer Genève à Hong Kong car en Asie, il est bien connu que manger est une partie importante d’une vie sociale. Les amis, la famille, tout le monde sort au restaurant, les gens reçoivent très rarement chez eux. Moins convivial? Je ne trouve pas car tout est fait pour que les clients se sentent à l’aise. Bien se nourrir matin, midi et soir pour moins de 10.-, c’est possible. A Genève, on parle de survie avec une telle sommes.

J’en profite aussi pour parler de la qualité du service. Comme nous le savons tous, la Suisse comporte parmi les meilleures écoles hôtelières au monde. Mais quand était-ce la dernière fois où vous avez été complètement ébahi par la qualité de service au restaurant? A moins d’une addition à plus de 100.- par personne, le service c’est un peu un jeu de hasard. Attention, beaucoup de restaurants font attention au service, je ne le nie pas… mais comparé à Hong Kong où le client est roi, on se demande encore pourquoi on donne un pourboire ici (surtout qu’à Hong Kong, il n’y a pas de pourboire).

L’économie

Ok, la Chine est un peu toute puissante en ce moment et même par rapport à une Suisse qui ne se porte pas trop mal, sa progression est impressionnante. Ma soeur étant patronne de sa boîte, j’ai pu longuement discuter avec elle sur les nombreuses différences entre nos deux pays. Premièrement, à Hong Kong il n’y a qu’un impôt … 15%. Cela vaut pour une personne morale et physique. La feuille de déclaration ne fait qu’UNE page. Imaginez la simplicité dans l’administration (et donc les coûts économisés)!

Les charges sociales sont inexistantes. Pour donner un exemple, ici un patron qui paie un salaire net de 6’000.- à un employé, va en plus payer des charges d’environ 1’500.-. Pas de ça à Hong Kong, si un employé veut être assuré (AVS, assurance maladie, chômage, etc), il côtise dans une société privée. Là, c’est évidemment une corde sensible que j’évoque car en Europe, ces prestations ont été acquises à coups de manifestations, de batailles et de révolutions. Mais si l’on réfléchit de plus près, l’absence de charges à 2 effets bénéfiques:

1. Le marché du travail est beaucoup plus dynamique car les patrons ne cherchent pas à économiser sur les salaires. Vous pouvez effectivement vous faire licencier du jour au lendemain, mais aussi retrouver un nouveau job le jour suivant.

2. Le salarié (tout comme le patron) doit se responsabiliser, c’est-à-dire économiser et côtiser lui-même. Cela implique également entretenir sa santé pour éviter les maladies.

Je ne crache pas du tout sur le filet social présent chez nous… cela dit, il faut se demander si c’est une stratégie viable à long terme. Un acrobate qui fait ses figures sans filets pourrait être risqué… mais cela voudra aussi dire qu’il faudra qu’il s’entraîne durement et qu’il fasse plus attention lors du spectacle.

Dernier paragraphe sur l’économie, l’ouverture des magasins. A Hong Kong, la majorité des boutiques et centres commerciaux ferment vers 22h00, MAIS il faut savoir qu’ils n’ouvrent que vers 11h00 du matin. N’allons pas par 4 chemins, les asiatiques aiment le shopping. Il était donc logique que le marché s’adapte à ce mode de vie. Là, on peut critiquer mais pour ma part, si on ne veut pas faire du shopping à Hong Kong, il y a plein d’autres choses à visiter.

Les logements

LE sujet qui fâche en ce moment. On va faire simple: pour construire un immeuble de 5 étages à Genève, il faut compter 4-5 ans si tout va bien (oppositions, référundum etc). A Hong Kong, pour construire un gratte-ciel de 50 étages, il faut 1.5 ans. Le calcul est vite fait. Quelques taches pour la ville asiatique toutefois: il n’existe que 4 promoteurs immobiliers… pas besoin d’être Sherlock pour comprendre que la mafia et le gouvernement sont des connexions indispensables pour travailler dans ce milieu. Il n’y a pas de régulations pour les prix du marché et c’est donc un peu le farwest lorsque l’on parle de loyers. Ces derniers sont souvent très élevés et pour habiter au centre de Hong Kong, il vaut mieux avoir un très très gros salaire. Pour un 60m2 aux Eaux-vives, vous pouvez compter 1’900.-. Pour ce même prix dans Hong Kong, vous pourrez espérer un 30m2. Mais encore une fois, n’oublions pas que les hongkongais passent très peu de temps chez eux. La plupart du temps ils sont au travail ou au restaurant.

Conclusion

Je comprends qu’être de passage dans un pays et y vivre/travailler n’est pas pareil. J’ai cependant eu l’occasion d’en discuter avec des locaux et le fait que je sois moitié chinois m’a beaucoup aidé à comprendre cette ville. Encore une fois, de par la taille des deux cités, il est difficile de les mettre côte à côte et c’est là où le bas blesse: plus une ville est petite, plus elle est supposée être gérable or il s’avère que le pragmatisme hongkongais devance l’institution genevoise.

Après, vivre à Hong Kong n’est pas de tout repos. Il n’y a pas vraiment de grands espaces ouverts, la météo est digne d’une forêt tropicale en été, la langue (le Cantonais) n’est pas abordable même si on peut très bien se débrouiller avec l’Anglais… bref, tout n’est pas rose non plus.

J’ai également pu discuter avec le directeur d’une école internationale privée et il m’a bien confirmé qu’il y a de plus en plus d’étrangers qui viennent s’établir à Hong Kong. La plupart sont français… (pas une surprise quand on voit la politique actuelle) mais pour beaucoup, il s’agit d’abord de fuir une Europe sinistrée.

Il y a également l’aspect culturel qui fait que Genève ne sera jamais Hong Kong: en Asie on privilégie le groupe alors qu’ici, nous sommes plutôt individualistes. Quoiqu’il en soit, j’ai tenté d’être le plus factuel possible pour démontrer ce que nous sommes entrain de rater à Genève. Il n’est pas trop tard mais plus on attend, plus ce sera difficile. J’attends encore LE politicien et LE entrepreneur qui auront assez de charisme pour enfin soulever Genève et lui redonner sa prestance passée. En attendant, j’essaie de faire ce que je peux pour contribuer aux solutions avec Colosse… mais je n’oublie pas que la réponse d’une communauté entière vaut plus que celle d’un seul personnage dans son coin.

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Photo du profil de Nicolas Hou
Mon nom est Nicolas et je suis le directeur marketing de la société Colosse. Né et grandi à Genève, j'ai décidé de partir en croisade contre ces problèmes de société en essayant d'y apporter une réponse par la communauté. Je crois fortement qu'ensemble, on résout plus de choses que seul dans son coin.

J'aime parler d'innovations dans le monde de l'entreprise, de projets qui peuvent apporter des solutions durables et peut-être secouer un petit peu ce vieu canapé où est assis nos politiciens, patrons et autres institutions.

3 commentaires

  1. Photo du profil de Nicolas Hou

    Bonjour Michelle et merci pour votre intervention. Vous avez raison, il ne faut pas non plus dramatiser. Par contre, je ne compte plus le nombre de fois où des connaissances m’ont dit s’être fait voler leur portefeuille, tiré leur natel et autres. Quant aux tables, je pensais principalement à l’été en terrasse.

    Concernant les petits employés, je vous rejoins lorsque je mets mes lunettes « genevoises » mais il faut aussi penser qu’en Asie, le travail n’est pas perçu de la même manière. Travailler 6 jours sur 7 n’est pas un « fardeau », mais bel et bien un devoir pour le bien commun. Pour illustrer cela, bon nombre de nos concitoyens suisses se moquent de nos voisins français avec leurs 35 heures et leur statuts sur-syndiqués… mais ne pensez-vous pas qu’eux-même ont la même vision de la Suisse que vous de Hong Kong? Quant à la protection sociale, je l’ai écris, cela responsabilise les gens en s’assurant eux-mêmes et en économisant. Je comprends que cela ne passe pas ici, je suis après tout moitié suisse, moitié chinois et comprend les deux côtés.

    Pour les statistiques, je suis d’accord, on peut les lire de la manière qu’on veut (je passe outre le débat « c’est une conspiration et de la propagande » car si l’on accepte cette ridicule pensée, alors nous ne pouvons plus nous baser sur rien ». Vous pourrez trouver mes chiffres sur le net, je vous fais confiance pour cela. Petite précision quand même, il est facile aussi de dire que l’insécurité a explosé en Suisse car en effet, nous partons pratiquement de zéro. La courbe a donc tendance à monter plus vite.

    Je vous remercie pour le lien wikipedia sur le crime organisé, je l’ai trouvé très intéressant. Particulièrement cette phrase: « As organized crime does not necessarily equate with street crime, it has been said that Hong Kong society can be lulled into a false sense of security. Without high levels of street crime and no great numbers of Mafia-style organized crime syndicates, it has been suggested that the people of Hong Kong, believe that their society is, in law and order terms, healthy and clean, although this may not be the case. »

    Le « sentiment d’insécurité » est bel et bien mon cheval de bataille. Nos concitoyens n’ont pas à vivre dans la peur à chaque fois qu’ils prennent le bus, marche dans la ville la nuit ou à cause des cambriolages. Hong Kong possède sa part de crime « cols blancs », tout comme Genève. Ni vous, ni moi n’y pouvons grand chose. Mais si vous voyez un graffitis et détournez le regard en pensant « ce n’est pas grave, c’est juste un dessin… » c’est qu’il est déjà trop tard, vous avez accepté que votre ville laisse passer ces petites infractions. Je terminerai par ce bon vieux proverbe qui dit « Qui vole un oeuf, vole un boeuf ». A Hong Kong, il n’y a pas de graffitis…

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  2. Photo du profil de Michelle Carrupt

    Bonjour,
    « j’ai osé poser mon portefeuille et portable sur la table des restaurants pendant que je mangeais, chose quasi impensable à Genève. »
    Vraiment? On ne doit pas vivre dans la même ville, parce que j’en vois souvent, des portables sur les tables de restaurant à Genève!
    A vous lire, on comprend que les patrons chinois vous font rêver, mais quid des petits employés non protégés et corvéable à merci?  » les patrons ne cherchent pas à économiser sur les salaires. » Avez-vous comparé les salaires des employés? (et des patrons!)

    Quant aux statistiques, on peut faire dire ce qu’on veut aux chiffres, (surtout non sourcés!) je ne suis pas certaines que les méthodes statistiques suisses et chinoises soient comparables!

    Mais c’est beau l’enthousiasme d’un court séjour, mais méfiez-vous quand même la prochaine fois, parce que la police de Hong Kong donne des chiffres quelque peu différents! http://www.police.gov.hk/ppp_en/09_statistics/csc.html et la criminalité y est très organisée! http://en.wikipedia.org/wiki/Organised_crime_in_Hong_Kong

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    • Je pense que dans tout les régimes richissimes et autoritaires tel que la Chine ou encore les émirats, Libye etc, personne d’autre que le petit peuple ne peut se prononcer quant aux réalités de leur situation, mais jamais on ne les entendra bien sûr. Et les chiffres et explications des gouvernement ne sont jamais fiable, autant celles de ces régimes qui font de la propagande dans leur sens, que celles des occidentaux qui instrumentalisent tout et n’importe quoi dans leur sens pour pomper les richesses des autres, qui ment qui dit la vérité, à moins de venir de la lune je ne sais pas comment on pourrait vraiment en juger.

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