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« Au coin de la table » avec Kathinka Salzmann, auteure et metteuse en scène

23 avril | 16:07

« Au coin de la table » avec Kathinka Salzmann, auteure et metteuse en scène

Portrait de cette jeune femme passionnée et lumineuse au parcours déjà impressionnant.

Née au Rwanda de parents suisses, Kathinka Salzmann poursuit des études de lettres à Lausanne avant de se tourner vers l’écriture et la mise en scène. Elle signe sa première pièce en 2010 au Théâtre de l’Epée de Bois à Paris après avoir obtenu un Master en Arts de la scène. Plus récemment, elle assiste les metteurs en scène Dominique Ziegler et Raoul Teuscher tout en complétant sa formation en dramaturgie à l’Université de Lausanne. En 2013, sa création « Digital Dahlia » s’est jouée à guichets fermés entre Genève et Morges.

A l’aube de ses trente ans, Kathinka est une belle personne, au sens propre comme au figuré, qui se cherche et attend des réponses à travers ses créations. Dans son dernier spectacle « Des couteaux dans les poules », monté en fin d’année dernière à Genève, elle nous interpelle sur le pouvoir des mots qui peuvent construire ou défaire un être. Sa mise en scène épurée et efficace réussit à mettre en exergue le texte ardu et déconcertant de David Harrower, auteur écossais, qui, selon ses propres termes « cherche à enfoncer les mots dans les choses – comme on pousse un couteau dans le ventre d’une poule » Pièce à découvrir encore le 30 janvier 2015 à l’Usine à Gaz à Nyon.

Un héritage… pas si rose

«Cette pièce est la suite logique de ma démarche personnelle et introspective qui racontait l’histoire de ma grand-mère et que j’ai retracée dans mon spectacle précédent « Digital Dahlia ». Kathinka est en effet la petite fille de la dame aux fleurs, figure bien connue des Genevois, décédée en 2012, qui a arpenté pendant plus de 50 ans la Gare Cornavin et les bistrots de Genève. De cette grand-mère « bizarre », qui a eu trois enfants, dont la maman de Kathinka, elle garde des souvenirs contrastés : « entre fascination et répulsion, une femme névrosée qui n’a pas su, justement, trouver les mots, les gestes pour exprimer ses sentiments, une handicapée de l’émotion qui a toujours refusé toute thérapie et qui aurait pu, à travers le poison verbal qu’elle distillait – entre le dit et le non-dit- tuer ses propres enfants. »

Sous une apparence de jeune femme confiante et bien dans sa tête, Kathinka avoue avoir été « farfouiller dans ses côtés sombres, là où ça fait mal, toujours dans la confrontation et la douleur » afin de tenter de répondre à cette question qui la taraudait depuis qu’elle avait pris conscience de l’état mental fragile de sa grand-mère : « Suis-je normale ? »

C’est à Paris, en préparant son Master en Arts de la scène autour de la biographie, qu’elle pose les prémices de son spectacle « Digital Dahlia » qui fera salle comble pendant deux semaines à Genève: « j’ai été très surprise de voir à quel point les gens la connaissaient et presque mal à l’aise car ce n’était pas du tout un hommage mais plutôt un prétexte pour emmener les spectateurs à s’interroger sur la frontière perméable entre normalité et folie car la force de ma grand-mère, malgré le mal qu’elle a pu faire autour d’elle, résidait dans le fait qu’elle était à la fois intégrée et en marge de la société. »

La magie « blanche et noire » des mots

Ce n’est donc pas par hasard qu’elle choisit d’investiguer le territoire de la parole dans sa nouvelle mise en scène, « Des couteaux dans les poules », qui traite de la découverte du langage par une jeune paysanne vivant dans la campagne écossaise du XVIIIe siècle, une Å“uvre qui l’interpelle vivement et qu’elle souhaite porter à la scène depuis longtemps afin d’amener le spectateur à se questionner sur le sens et l’usage des mots. « Je reste fascinée par le fait que nous nous construisons au travers de ce qu’on raconte de nous. Les mots peuvent être violents comme des couteaux, un peu comme de la magie, positive dans le meilleur des cas et qui conduit à l’émancipation intellectuelle ou, à contrario, blessante et destructrice. »

Kathinka a réfléchi : « je n’ai pas choisi d’où je viens…mais je peux en faire quelque chose, ici et maintenant. Le rationnel a pris le dessus, j’ai choisi la création et le théâtre pour m’exprimer. Quant à mes projets, je souhaite me tourner vers des textes plus faciles avec une création ludique et autobiographique autour de la place de la femme dans la mise en scène, une place pas facile à occuper dans ce monde qui reste, malgré tout, essentiellement masculin ! »

A voir « Des couteaux dans les poules » le vendredi 30 janvier 2015 à 20h30, Usine à Gaz, Nyon.

A consulter le site de la compagnie : www.cie-inka.ch

 

 

 

 

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Date :
23 avril 2024
Heure :
16:07
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