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Halte gourmande à Russin

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Russin, 534 habitants. Un ravissant village situé au cœur du Mandement, entre Satigny et Dardagny, que l’on peut traverser en une minute à peine en voiture. Pourtant, on manquerait alors l’essentiel et on passerait à côté de certains trésors qui valent la peine que l’on s’y attarde. Une école centenaire, un vignoble renommé, mais aussi un restaurant, le Vignoble Doré, qui a su allier avec brio la convivialité d’un bistrot populaire avec l’excellence d’une cuisine de qualité.

Lidia et Luis, ses exploitants actuels, y posent leurs valises en 2002. Elle, arrivée en Suisse à l’âge de 18 ans, commence alors à travailler dans un établissement de la Jonction, « Chez Saïd ». Elle y fera la connaissance de Georges Haldas, fameux écrivain genevois, qui nourrira de sa verve sa passion pour la poésie. Elle y rencontrera aussi Luis. Le coup de foudre est immédiat, et leur mariage, imminent. Avec Georges pour témoin. Deux enfants plus tard, lui, qui avait promis de « ne plus faire de nuits » comme elle, de « ne plus travailler dans la restauration », sont rattrapés par leur passion. Ensemble, ils reprennent le Vignoble Doré, le « VD » comme l’appellent affectueusement ses habitués. Il s’agit de la plus ancienne patente enregistrée à Genève sans changement de nom. Sans dénaturer l’établissement, ils se l’approprient par de petites touches de décoration. En effet, dès l’entrée, on se retrouve plongé dans une atmosphère chaleureuse. Les murs sont agrémentés de poèmes écrits par la patronne. On s’y sent comme à la maison.

Sur la terrasse, bercés par le bruit d’une fontaine, nous sommes immergés dans un océan de fleurs et de verdure. « C’est un vrai plaisir pour les yeux, le nez et les papilles », me glisse Annick Monnier, une fervente habituée des lieux. Cette épicurienne qui habite le village depuis plus de 30 ans ne tarit pas d’éloges sur ce lieu magique. « Ce qui est dingue, c’est qu’on est tout près de la route », s’exclame-t-elle. « Mais on ne la voit ni ne l’entends pas. C’est vraiment un endroit où l’on se sent bien, il y a là comme un air de vacances ! » Sous le soleil qui illumine cette fin de matinée, le parfum des fleurs se mêle aux effluves de la cuisine. Voilà qui ouvre l’appétit.

Il y a six ans, à la suite du départ de leur chef vers de nouveaux horizons, Lidia a entrepris de refaire la carte à sa sauce. Un pari brillement réussi ! Car sous ses airs d’auberge villageoise, c’est un lieu où l’on peut déguster des plats recherchés et raffinés. « Mon coup de cœur du moment, c’est le hamburger de filets de perches. Il est à tomber ! » me confie Annick. « Et avec le soleil qui revient, les salades sont de retour. Elles sont aussi belles à regarder que délicieuses. Franchement, entre le cadre, la cuisine et l’accueil, ce n’est que du bonheur ! ».

Parce que l’accueil, Luis en a fait sa religion. « Avant tout, on est là pour les gens. Nous, on a eu la chance de pouvoir venir ici. Alors par respect pour toutes ces familles qui nous ont accueillis à bras ouverts, on leur doit d’être présents et de s’investir dans la vie du village, avec la bonne humeur et le sourire. » On comprend qu’il n’a pas dû être évident pour cet immigré portugais d’être accepté et intégré dans ce charmant village où tout le monde se connait. Mais avec le temps, son travail, sa bonne humeur et sa générosité ont su faire de lui un russinois à part entière

S’il en est un qui a vu l’évolution des lieux, c’est bien Patrice Plojoux. En tant qu’ancien maire de la commune, il peut attester que le restaurant a su traverser plusieurs générations sans perdre son âme au fil du temps. « J’ai encore cette image du Vignoble Doré dans les années 1960, avec cette grande tablée quand on entre, et surtout un jukebox et un poêle à mazout au fond de la pièce. Un esprit convivial que Lydia et Luis ont su conserver ! Tu sais que dans les années 60, il y avait même une pompe à essence devant ? » Pour lui, le Vignoble Doré joue un rôle fédérateur essentiel auprès des habitants.

Et force est de constater que le VD fait presque office de « place du village », où se retrouvent régulièrement les habitués à l’heure de l’apéro. Ils ont même leur espace à eux, une grande table ronde, sur la terrasse du restaurant. « Celle-là, même si on est complet, on ne peut pas y manger ! », s’enflamme Luis. Elle semble en effet très appréciée. Sur le coup de 18h, je m’installe à cette tablée ou siègent déjà quelques personnes. Assiette de charcuterie et jambon de Serrano m’attendent. L’accueil est convivial, l’ambiance décontractée et la bonne humeur communicative. Un ballon de rosé à la main, Daniel Vuadens me souhaite la bienvenue. « Ici, il y a deux manières de mépriser le vin : en boire trop, ou pas du tout ! » me lance-t-il, en levant son verre à ma santé. Du vin genevois bien sûr. « On a tenu dès notre arrivée à mettre en avant les produits de la région. Nous avons de très bons vins et des vignerons qui font un travail exceptionnel, c’est normal de les mettre en valeur », m’expliquent Lidia et Luis d’une même voix.

« Ce qui est génial, me souffle Luis, c’est qu’on servait des sirops aux enfants, qu’on les a vu grandir et que maintenant, on leur sert la moitié-moitié. On les voit évoluer et on a vraiment l’impression de les accompagner. » Lidia enchaîne : « Ce n’est pas toujours facile, mais on donne tout. Et ce qu’on reçoit en retour est magique, c’est ce qui nous fait tenir. Je pense que si on fait ce qu’on aime et que cela ne marche pas, il faut se poser des questions. » Une chose est sûre, elle l’aime, son métier. Son restaurant et ses clients aussi. C’est vraiment une pépite qu’il vaut le coup de découvrir. Pourquoi pas le 26 mai d’ailleurs, lors des Caves Ouvertes du Canton ? « Nous, on ne fait pas les Caves Ouvertes », m’explique Luis. « On est un restaurant, on ne peut pas offrir le vin. En revanche, on monte une tente sur la terrasse, les vignerons peuvent nous amener du vin et nous, on met une personne à disposition pour le service. Ça valorise leur travail et tout le monde est content ! »

Alors la prochaine fois que vous passerez à Russin, prenez le temps… de prendre le temps !

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1 commentaire

  1. Avec un nom pareil, en plein terre vinicole genevoise, l’abréviation VD m’a fait sourire. Il faudrait trouver un établissement semblable en terre vaudoise dont les initiales seraient GE, et réaliser une sorte de jumelage!
    Ceci dit, super article, avec une très belle galerie de portraits. Bravo, ça fait envie!

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