Vous avez été nombreux à le découvrir lors de l’émission « un marathon sans fin » sur la RTS. La chaîne de télévision avait eu l’idée de réunir des Romands en vue de leur faire courir le Marathon de New York. Beaucoup d’entre vous ont pu suivre le parcours de ces cinq candidats, les ont soutenus et ont parfois souffert avec eux tout en leur tirant le chapeau.Eric Frachon, employé de banque à Genève, a fait partie de ceux-là . Il est rentré de New York, fraîchement médaillé de ce marathon mythique et nous raconte son périple.
Remontons d’abord à fin 2019. Une annonce sur la RTS recherche des candidats non sportifs prêts à relever le défi de courir le marathon de New York à l’automne 2020. Un pari fou… pour une personne pas habituée à ce genre d’exercice. Mais, aussi surprenant que cela puisse paraître, plus de 450 Romands se portent candidat. 450 personnes qui ne pratiquaient aucun sport ou presque, avaient envie de courir un marathon! Eric Frachon était l’un de ces candidats. Il raconte qu’un dimanche après-midi, il a vu, par hasard, cette annonce de casting. La cinquantaine pointant son nez, ne pratiquant aucun sport, il s’est dit « pourquoi pas moi ? »… C’est ainsi que l’aventure a commencé. Sur les 450 candidats, seuls 30 ont été retenus. Parmis ces derniers, seuls cinq ont été retenus après une convocation et des entrevues. Le tournage de l’émission devait se faire au printemps 2020 afin de participer au marathon à l’automne 2020. Des coaches avaient été spécialement recruté pour l’occasion afin d’entraîner ces non sportifs à dépasser leurs limites et aller jusqu’au bout de cette épreuve.
Mais c’était sans compter le grand chambardement du 13 mars 2020 qui a pris tout le monde à revers. Les entraînements se poursuivent néanmoins. Les relations entre les candidats se resserrent d’autant plus. Le soutien moral des uns envers les autres est primordial. Ce groupe de cinq personnes qui ne se connaissaient ni d’Eve ni d’Adam est ainsi devenu une famille soudée, une famille de cœur.
Evidemment le marathon 2020 a été annulé… et le voyage à New York avec. Seul point positif: le dossard. Ce précieux sésam,e si convoité et si difficile à obtenir. L’avantage de participer à l’émission était d’en obtenir automatiquement un. Qu’à cela ne tienne… nos apprentis marathoniens en profitent pour se perfectionner. Toutes les courses ayant été annulées, chacun fait comme il peut dans son coin. « A l’automne 2021, nous étions fin prêts pour aller à New York. » indique Eric Frachon. Mais quelques semaines avant le départ, il ressent de fortes douleurs articulaires et consulte un médecin. Le couperet tombe: il s’agit d’une polyarthrite. La tuile!
Malgré les douleurs causées par la maladie et contre avis médical, Eric Frachon, se décide tout de même à participer à ce marathon 2021…. Mais hélas, les Frontières avec les Etats-Unis restent fermées. Impossible de fouler le sol et encore moins de participer à ce marathon New Yorkais… second report. La déception est grande mais la motivation reste intacte. Ce sera pour 2022. D’ailleurs, le comité d’organisation a facilement accepté le report de tous les coureurs étrangers sur cette année. Ce nouveau report lui a également permis de trouver le bon traitement et ainsi pouvoir se mouvoir normalement.
Quand on lui demande quelles sont les retombées de l’émission, Eric Frachon répond en riant: « Les gens me reconnaissent facilement dans la rue. A New York, des fans belges de l’émission qui couraient aussi m’ont reconnu. C’était étrange et gratifiant. Dans ce village marathonien d’avant départ, je ne m’attendais pas à reçevoir une demande de selfie de la part de téléspectateurs belges ».
Après ces deux ans d’attente, le jour du départ arrive. Dans sa tête beaucoup de choses se bousculent mais enfin il embarque dans l’avion. Cela devient concret. La crainte d’une troisième annulation s’est envolée. Eric est parti avec Sacha, un autre candidat de l’émission. Tous les deux suivaient les nouvelles au jour le jour. Si le Président Biden avait déclaré que la pandémie était terminée, il n’en restait pas moins la crainte d’un événement venu de l’Est. Mais au final, tout se passe bien.
Arrivés à New York, tout s’est très vite enchaîné. « Etrangement j’ai ressenti un profond sentiment de solitude. Impossible de partager mes ressentis avec mes proches. Cela m’a empêché de dormir, j’étais vraiment mal. C’était la fin d’une aventure, ces deux ans ont paru interminable et j’étais aux portes de mon but. C’est comme si un vide qui s’ouvrait à moi, c’était effrayant » dit-il.
Eric nous explique qu’à l’inscription, chaque participant doit annoncer le temps qu’il pense réaliser. En fonction de cette annonce, il reçoit une couleur de dossard. Eric et Sacha avaient annoncer un temps de 5h30. Cela correspondait à un dossard de couleur verte. « Tout est organisé au cordeau ce qui est rassurant. » indique Eric Frachon
Le grand jour arrive enfin avec son lot d’anecdotes…Eric se souvient son état de panique le matin du départ. Dans la nuit du samedi au dimanche, les USA étaient passés à l’heure d’hiver mais il avait manqué l’information. Ayant peu dormi les nuits précédentes, il est pris de panique en pensant avoir manqué l’heure du bus qui devait les conduire à la ligne de départ. En 3 minutes chrono, il s’est habillé et a couru tambouriner à la porte de Sacha pour partir. Sacha lui savait et a rassuré son compagnon de course. Si maintenant ils en rient tous les deux sur le moment, Eric était livide.
Si l’organisation du départ est parfaite, nos deux Helvètes ont été surpris par le manque de ravitaillement. En effet, pour les amateurs, c’est le public qui leur donne des fruits sur le parcours car rien n’est prévu.
Etrangement en ce jour de départ de début novembre, il fait 23 degrés. Chaleur étouffante pour courir. La course n’allait pas du tout se dérouler comme prévu. Outre le manque de sommeil des nuits précédentes il fallait gérer la chaleur. Parti trop vite, Eric a dû alterner course et marche. En raison de la chaleur, la plupart des coureurs ont dû alterner course et marche y compris parmi les élites. Du reste il y a eu beaucoup de blessés et d’abandon à cause de la chaleur.
Eric reconnait qu’il a failli abandonner à mi-parcours. Dans sa tête c’est paradoxal, les douleurs physiques le poussent à abandonner mais la motivation lui impose de continuer. Par chance son compagnon de course, Sacha, a su lui redonner confiance et le remotiver pour aller au bout.
S’il a dû demander un congé à sa direction pour cette participation, à son retour il y a eu beaucoup de fierté de la part de ses chefs qui l’avaient soutenu depuis le 1er jour de tournage.
Ceux souffrant de polyarthrite, savent à quel point c’est douloureux et Eric Frachon est d’autant plus méritant d’avoir terminé ce marathon. Comme tous les « finishers », le coureur a reçu une médaille qu’il compte bien encadrer avec son dossard. Et à la question « pensez-vous le refaire l’an prochain », la réponse est immédiate et c’est un grand « oui, si la maladie me le permet, je le referai » dit-il. Souhaitons lui une pleine santé et que cette expérience hors du commun donne de bonnes idées à d’autres.
Max Huber, la voix de la Trans’onésienne