Oui, pour les personnes qui vont devoir être hospitalisées à l’Hôpital Beau-Séjour, annexe du cantonal, suite à un accident ou une maladie, le séjour ne se passera plus comme les années précédentes ! Il n’y a plus d’animation pour les patients, comme ce fut le cas durant près de trois décennies.
Plus de spectacles ou de concerts dans le parc ou dans la cafétéria publique, plus de sorties-excursions, plus d’activités saisonnières, goûters, travaux manuels ou de lieu d’accueil chaleureux, comme ce fut le cas lorsque l’Atelier d’Animation dans le Pavillon Louis XVI était encore actif.
Et pour quelle raison ? Parce que la Direction des HUG a décidé de supprimer certains « services annexes », comme le salon de coiffure du cantonal et l’animation à Beau-Séjour. A l’hôpital des Trois-Chêne (gériatrie), cette prestation avait déjà disparu en 2012, avec le départ en retraite de l’animatrice. « Ces structures ne dispensaient en effet aucun soin médical à proprement parler, mais chacune à leur manière, apportaient bien-être et réconfort aux patients de l’hôpital et rayonnaient au-delà » (Tribune de Genève du 19 juillet 2014).
Alors que dans les établissements médico-sociaux, ou les pensions pour personnes âgées, il va de soi de proposer de l’animation aux résidents, il n’en est pas de même pour les hôpitaux ou cliniques s’occupant de rééducation, réhabilitation ou de compléments de soins. Les Aumôniers de l’Hôpital cantonal de Genève qui ont initié l’animation à Beau-Séjour dans les années 80, avaient bien repéré l’importance d’une structure parallèle aux soins, ayant trait aux loisirs et à la culture, procurant ainsi aux patients de l’énergie nécessaire pour relever les défis journaliers.
En 1990, j’avais donc pris la responsabilité de l’espace récréatif offert aux personnes hospitalisées à l’Hôpital Beau-Séjour et renommé le lieu « l’Atelier d’Animation ». Durant 23 ans, aidé de toute une équipe de bénévoles, de stagiaires-étudiants des écoles sociales et différents collègues, mon objectif principal était de faire bénéficier les patients de moments de plaisir, de gaieté, voire de répit entre les thérapies, grâce à un programme d’activités socioculturelles riche et varié :
– séances de cinéma sur grand écran
– sorties-excursions hors de l’enceinte de l’hôpital
– animations sur les étages/ateliers divers/décorations des lieux et salles
– fêtes du calendrier/anniversaires/goûters/activités culinaires, gourmandes
– expositions/ventes, stands artisanaux/présentations
– grandes manifestations festives ou saisonnières/Fête de la Musique
– spectacles/concerts/performances artistiques
– espace de jeux, lectures, travaux manuels, dans la belle salle du Pavillon Louis XVI
Séjour hospitalier ne doit en effet pas forcément rimer avec morosité, même si les situations vécues par les usagers s’y prêtent : certains patients vivent des traumatismes, du stress du diagnostic, des traitements éprouvants. Les animateurs étaient là pour leur prêter une oreille attentive, disponibles et à l’écoute, ce que le personnel infirmier n’a malheureusement plus le temps d’assurer aujourd’hui : tranquilliser, apporter du soutien, dévier l’attention de la douleur, insuffler à la personne la force de se reprendre en charge et tenter de lui offrir des ressources supplémentaires.
Même en période d’austérité financière, ce n’est pas du superflu ou du luxe de s’occuper du moral des patients. Lorsqu’on se questionne sur l’utilité de l’animation au sein des hôpitaux, on constate que la place des activités de loisir et de divertissement est d’autant plus légitime dans ces établissements, qu’il est fondamental de compenser l’expérience douloureuse que vivent les pensionnaires à travers leur hospitalisation.
L’ouvrage que j’ai écrit récemment et publié à compte d’auteur, se veut être le témoin de toutes ces années où, grâce au support de l’Atelier d’Animation, de nombreuses personnes hospitalisées ont trouvé une aide originale, complémentaire aux thérapies « prescrites », éveillant la volonté de se battre pour affronter la maladie, surmonter quelque peu l’ennui qui déteint sur le psychisme et amoindrit les défenses naturelles, ou oublier par moment la souffrance en découvrant des « petits moments de bonheur ».
Titre: « L’ATELIER D’ANIMATION ou comment offrir un ‘supplément d’âme’ aux patients séjournant à l’hôpital »
De nombreuses manifestations positives, anecdotes, récits parfois touchants et extraits de lettres de remerciements, parsèment les pages de ce livre. Il peut être commandé au 079 428.24.81 en laissant un SMS avec les coordonnées complètes.
Ci dessous, quelques images des animations qui étaient organisées: spectacles et concerts, sorties-excursions, ateliers créatifs, entre autres.