La possibilité d’assister à des concerts est bénéfique pour le moral des patients ; si dans un autre cadre, la musique est utilisée depuis fort longtemps sur un plan thérapeutique, en milieu hospitalier elle contribue également à susciter des moments de plaisir et de joie, bénéfiques pour la santé, et permet souvent d’atténuer les douleurs physiques ou psychiques.
L’Atelier d’Animation organisait une vingtaine de concerts et d’animations musicales chaque année, dans son programme d’activités récréatives et de loisirs pour les personnes hospitalisées à Beau-Séjour. Pour la majorité d’entre-nous, la musique peut nous faire oublier nos problèmes quotidiens : pour les pensionnaires de l’hôpital, elle pouvait même les couper de l’univers institutionnel pour un instant et les faire entrer dans une autre dimension. Les musiciens ou les chanteurs qui se produisaient devant eux avaient bien compris que le choix musical ou les mélodies qu’ils leur proposaient, pouvaient grandement influencer leur état d’esprit.
Au mois de mai, parfois déjà à fin avril lorsque la météo se montrait clémente, les après-midi musicales quittaient la cafétéria publique pour avoir lieu dans le magnifique parc ; à l’ombre des grands marronniers, les spectacles prenaient une autre tournure au vu de l’ambiance et du décor de plein air. Avec des senteurs de pelouse fraîchement tondue par les jardiniers le matin-même, le chant des oiseaux et la visite de deux-trois canards, tout en dégustant une pâtisserie ou buvant son petit café accompagné de ses visites, cette atmosphère de café-concert soulageait les tensions, apaisait les situations difficiles ou déviait l’attention de la douleur.
D’autant plus que les artistes que nous recevions connaissaient bien notre façon d’accueillir les patients, les inviter à nos animations musicales, en toute convivialité et chaleur humaine. Non seulement ils adaptaient leur répertoire au public hospitalier, mais ils savaient se montrer ouvert et généreux à leur égard : ils n’hésitaient pas à dialoguer avec eux, et même leur offrir une oreille attentive lorsque certains avaient besoin d’exprimer leurs émotions, ou ce que le moment musical avait éveillé en eux. Par ailleurs, les bénévoles de l’Atelier faisaient également partie de ces organisations, fidèles au poste pour aller chercher les patients qui ne pouvaient pas se déplacer seuls : en effet, ce n’est pas parce que ces derniers étaient moins autonomes qu’ils devaient être privés de ces loisirs socioculturels, d’autant plus qu’ils figuraient parmi les personnes qui avaient le plus besoin d’activités réjouissantes durant un séjour hospitalier souvent ardu.
La plupart des orchestres, ensembles musicaux et leurs intervenants, entretenaient des rapports très amicaux avec les animateurs ou faisaient partie de leurs réseaux de proches. Grâce à cette franche cordialité et la confiance qui s’était instaurée depuis nombre d’années, certains se produisaient bénévolement, d’autres demandaient des cachets très modestes : tous étaient animés de cette envie de faire plaisir aux patients et à leurs familles.
Dans un élan de solidarité et de soutien aux personnes affectées dans leur santé, ils contribuaient à favoriser leur mieux-être, adoucir leur séjour, en adhérant ainsi fidèlement et pleinement aux objectifs bienveillants et altruistes de l’Atelier d’Animation : ce dernier ménageait traditionnellement à ses hôtes musiciens du jour un accueil attentionné et à la hauteur de la qualité de leurs prestations…
Au mois de mai, l’Atelier emmenait également les patients à Saint-Cergue, lors d’une excursion d’une demi-journée en moyenne montagne : la charmante Auberge de Basse-Ruche, avec sa terrasse ou sa typique salle de restaurant « au coin du feu » permettait d’offrir un bol d’air ressourçant aux participants. Il n’était pas rare de pouvoir cueillir encore du muguet, pour garnir ensuite la table de chevet à l’hôpital, ou même dénicher quelques morilles printanières, au détour de la balade le long de la forêt.