Nous savions dès le départ que cette nouvelle animation – imaginée dans nos esprits (ré)créatifs – revêtirait un caractère tout à fait inhabituel. En effet, consacrer deux après-midi à l’art du graffiti dans le parc de l’hôpital Beau-Séjour, soutenu par de la musique et des chansons rap (lors de la première démonstration) et même une présentation de danses hip-hop (lors du second événement), aurait pu occasionner certaines réactions défavorables de la part du public hospitalier, parmi lequel un certain nombre de patients plus âgés peut-être moins enclins à apprécier ce genre de mouvement…
Pourtant ce ne fut pas le cas, bien au contraire : ce spectacle insolite intrigua plus d’une personne, et pas seulement les plus jeunes. Cette animation capta en effet l’attention de bien des patients, de visites et même d’employés de l’hôpital, attirés par les ébauches de dessins qui prenaient forme et, plus loin, par les clameurs autour de la piste de break-dancing. Le décor était planté parallèlement à la terrasse de la cafétéria publique, sur la pelouse protégée par des bâches en plastique, même si les couleurs en spray utilisées étaient à l’eau (sans solvants). Une toile de tente fut montée, afin de protéger les artistes-peintres des rayons de soleil trop ardents, ou d’une possible ondée, mais la météo demeura heureusement bien clémente.
Par cette initiative originale, nous voulions démontrer que le graffiti fait partie des diverses formes d’art et ce, à part entière. En effet, ce mode d’expression a souvent été considéré comme un acte de vandalisme, surtout lorsqu’il est effectué sans autorisation sur des biens publics ou privés, ou sur des monuments. Les graffitis sont d’ailleurs souvent confondus avec les « tags », qui ne sont eux que des signatures ou des inscriptions peints souvent à la hâte, une façon de transgresser les règles ou d’exprimer haut et fort un malaise ou un mécontentement, ou pour marquer son territoire. Aujourd’hui une multitude d’artistes graffeurs se sont affichés tant et si bien dans de nombreuses manifestations, que le graffiti est maintenant reconnu comme un art visuel majeur, qui permet de laisser libre cours à l’imagination et à la créativité. Cette nouvelle discipline est à présent enseignée à des enfants ou adolescents, dans des centres de loisirs, lors de fêtes populaires ou même de stages.
Pour cette prestation, nous avions donc réalisé à l’Atelier six grands panneaux sous forme de cadres en bois recouvert de tissu spécial tendu, assemblés en deux éléments mobiles comme des paravents dépliables. Ces supports ressemblant à d’immenses toiles de tableaux ont donc été ornés de graffitis par deux jeunes artistes dont « Joule », graffeur bien connu dans les milieux de l’art urbain, sous les yeux parfois émerveillés des clients et utilisateurs de la terrasse. Un chanteur-rappeur avait composé des chansons adaptées à la prestation artistique… et au milieu hospitalier, lors de la première prestation. Lors de la seconde séance, trois jeunes danseurs-acrobates se donnaient en spectacle sur des rythmes de hip-hop, dans un espace aménagé sur la petite place centrale du jardin.
A noter que la Régie Grange SA a généreusement pris en charge les frais d’achat des bombes aérosols et indemnisé les heures de travail des artistes graffeurs, alors que l’Atelier d’Animation s’est appliqué à préparer des collations bien méritées pour les acteurs des différentes performances. Ces grandes fresques mobiles ont été ensuite utilisées durant de nombreuses années, comme décor de fond lors des concerts, ou les animations avec le juke-box roulant dans le parc (on peut le voir sur les images ci-dessous), et également à la salle de gymnastique pour délimiter la scène du spectacle de la traditionnelle Journée de l’Amitié.
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