
Pour les lecteurs qui « prennent le train en marche » je rappelle que depuis le 31 août dernier, je tiens cette rubrique pour que la disparition de l’Atelier d’Animation de l’Hôpital Beau-Séjour ne sombre pas dans l’indifférence générale. Il y a déjà eu quatre articles, voici le cinquième: il faut les lire dans l’ordre chronologique, comme un feuilleton, afin de bien comprendre le sens de ma démarche.
Fervent défenseur de l’animation socioculturelle – qui permet le développement des relations sociales de ceux qui y participent et l’augmentation de leur autonomie, tout en jouant un rôle important dans les domaines de l’événementiel, culturel et festif, des loisirs et aussi dans ceux de la prévention, de l’insertion et de l’éducation – elle a tout à fait sa raison d’être en milieu hospitalier. En effet, le rôle de l’animation (qui, je le rappelle n’existe plus en gériatrie depuis 2012 et a été supprimée de l’Hôpital Beau-Séjour en juillet dernier) permettait de prendre soin du moral des patients, leur apporter ce petit supplément d’âme nécessaire à leur séjour dans l’établissement, ponctué par des soins quotidiens et des thérapies parfois très lourdes.
Oh bien sûr, cela ne veut pas dire que les HUG ne mettent rien en place pour les patients qui dépriment, mais cela reste de l’ordre des médicaments, antidépresseurs, ou alors psychologues ou psychiatres et plus du socioculturel. Cependant, en termes d’économies dont on parle sans cesse, cela n’a évidemment pas les mêmes coûts qu’un échange avec des musiciens et artistes se produisant devant eux, l’écoute empathique d’un bénévole de l’ancien Atelier d’Animation, ou l’oreille attentive des animateurs et des stagiaires sociaux, autour d’un café et d’un gâteau maison…
A l’interne, certains employés des secteurs médicaux ont pourtant eu tendance à une époque à minimiser l’importance des prestations du service d’animation, ou dénigrer la portée de la démarche socioculturelle d’un tel service. Quelques-uns ne comprenaient pas qu’on offre, par exemple, des sorties-excursions aux patients ou des après-midis récréatifs alors qu’ils étaient là avant tout « pour être soignés ». D’autres, comme les physiothérapeutes ou ergothérapeutes, constataient cependant un changement notable sur l’humeur et le moral du pensionnaire qui avait bénéficié de cette animation la veille, et se sentait « comme par hasard » plus motivé pour faire ses exercices…
Vu de l’extérieur, l’Atelier d’Animation de Beau-Séjour a été cependant très bien perçu par le grand public: en assistant à un concert, ou découvrant un marché artisanal, une brocante installée dans le parc, avec un parent hospitalisé, un ami, un collègue, un proche, cela donnait l’opportunité aux visites de constater directement sur place ce que représentait l’animation, observer son incidence positive sur le mieux-être des pensionnaires.
A plusieurs reprises, des personnes se sont senties concernées, ont désiré apporter une contribution concrète à notre démarche, convaincues de notre action bénéfique en faveur des patients. Cela a débouché plusieurs fois sur l’apport de certains sponsors, soutiens et autres relations créées spontanément, qui ont même gracieusement financé des actions, manifestations ou autres fêtes offertes aux personnes hospitalisées.
Certains de ces bienfaiteurs ou entreprises, nous ont procuré régulièrement des lots, articles promotionnels pour nos différents lotos, tombolas ou autres concours pour les pensionnaires. D’autres ont financé généreusement des projets d’envergure. J’en parlerai d’ailleurs plus en détail dans un prochain article, je peux déjà vous en donner un avant-goût avec les photos ci-dessous.
Création d’une piste de pétanque adaptée aux fauteuils roulants, puis d’un jeu d’échec géant dans le parc, réalisations de deux sculptures monumentales sur de vieux marronniers encore enracinés.