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Au poil, le quartier des Bains

Au poil, le quartier des Bains

 

A Plainpalais, deux générations de barbiers se côtoient. L’une voit arriver bobos et artistes. L’autre ne se fait guère d’illusions quant à l’avenir des salons masculins

«C’est ici qu’on trouve les meilleurs», clame l’un des fidèles clients d’Emilio. Sur sa tête, une coloration en attente de séchage.Et la barbe? «C’est seulement 5% de mon chiffre d’affaires, confesse Emilio Santoro, quarante-cinq ans de métier et présent dans le quartier depuis 1976. A cette époque, c’était environ 20%. Les hommes venaient surtout le samedi et j’en faisais facilement sept ou huit à la suite.»

Pourtant, le poil serait la tendance du moment. Après le glabre métrosexuel de la décennie précédente, c’est l’homme au visage velu qui s’est imposé depuis le début des années 2010. De quoi laisser aux nostalgiques le droit d’annoncer le retour en force des barbiers. Senteurs menthol dans les narines, coupe-choux et blaireau en main. Alors pour évoquer ce retour de tendance, mais surtout l’avenir du métier de barbier, direction l’est de Plainpalais et son quartier des Bains, qui regorge de professionnels.

Barbier multitâche

C’est précisément là que Marco Marchetta a ouvert son salon Wood pour y conjuguer deux activités que rien ne rassemble a priori: la barbe et la fripe. Une dizaine de mois après l’ouverture à la rue Bergalonne, l’échoppe au mélange détonant semble marcher du tonnerre. Ses clients? Ils ont entre 25 et 40 ans et sont majoritairement des bobos, des hipsters ou des artistes du quartier. «Je voulais absolument ouvrir ici, alors il m’a fallu deux ans pour trouver ce local. Ailleurs, je n’aurais pas eu le même impact», analyse ce quadragénaire, lui-même fils d’un barbier-coiffeur.

Inspiré par son paternel, il a quitté son salon huppé pour dames au Seujet afin de se lancer dans un projet «rétro» et totalement masculin. «Quand j’ai annoncé à mon père que je voulais faire la même chose que lui, il m’a dit que j’étais fou», se souvient-il. Son activité aurait-elle été viable si elle se concentrait uniquement sur le poil masculin? «C’est faisable. Mais dans mon cas, c’est moins la mode que la volonté de mélanger deux activités dans une même arcade qui a dicté mon choix.»

Perte d’un savoir-faire

A quelques centaines de mètres de là, Emilio Santoro doute de la viabilité de ces salons exclusivement masculins. Quand on lui parle du quartier branché, il s’empresse de rectifier: «C’est un quartier populaire, voilà pourquoi nous sommes si nombreux.» En connaisseur, Emilio affirme que «d’ici à dix ou vingt ans, plus personne ne fera la barbe et il n’y aura que des salons unisexes». Pour preuve, l’apprentissage de coiffeur n’intègre plus la formation de barbier et nombreux sont les salons qui refusent de toucher aux poils du visage.

Malgré l’optimisme qui entoure son projet, Marco Marchetta n’en demeure pas moins inquiet quant à ce métier en perdition. «Si je me suis relancé dans cette activité, c’est aussi pour tenter de sauver un savoir-faire qui disparaît.»

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Passionné par l’info au coin de la rue, j'ai commencé à écrire dans ma commune de Vernier.
En parallèle, un site Internet consacré au foot des talus, des études et expériences dans le journalisme local ainsi que de longs voyages à vélo ont tracé mon parcours.

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