
Samedi en début de soirée, je me rends au café des Recyclables, situé sur la rue de Carouge, pour assister à un café chantant. Qu’est-ce que c’est ? Un rassemblement de personnes qui aiment chanter, accompagnées d’un piano, simplement pour le plaisir de… chanter ! Lorsque je m’annonce à l’organisatrice, Mme Martine Pansiot, elle m’accueille très chaleureusement mais paraît soudain inquiète : « Ah, un article de journal ? Mais si vous nous faites de la pub, on sera vraiment débordées ! On attend entre déjà entre soixante et septante personnes ce soir, je ne sais pas si on aura assez de sièges pour tout le monde ! »
Une belle dynamique
Victimes de leurs succès, peut-être ? A l’ambiance sympathique qui règne ce soir, on peut imaginer que cet événement qui circule principalement par le bouche-à-oreille trouve facilement preneur. Dix minutes avant le début de la soirée, le café est déjà presque plein. Autour de grandes tables carrées, on sent tout de suite l’atmosphère conviviale. Une longue table allongée, côté librairie, fait se rencontrer des gens qui ne se connaissent apparemment pas, mais très vite, les langues se délient. Pendant que sont distribués les répertoires de chansons, la tenancière du bar va chercher des tabourets dans les moindres recoins pour faire s’installer les derniers arrivants.
Il y a ce soir une grande majorité de femmes, quelques hommes aussi, et des têtes plutôt grisonnantes. Je demande à mes voisines de tables si elles ont déjà participé à de telles soirées : « Oui, je viens souvent, j’adore ça ! », répond l’une, pendant que l’autre m’explique qu’il existe en fait plusieurs cafés chantants, organisés par des personnes différentes : certains à Plainpalais, d’autres à Carouge, notamment à l’auberge du Cheval-Blanc. « Il y en a aussi une fois par mois à la Cité Seniors de la rue de Lausanne aux Pâquis ! », poursuit-elle. « Ceux-là, ils ont lieu le matin, pour les retraités. J’aime mieux chanter le matin, pour venir ce soir, j’ai dû me faire un peu violence ! »
Marathon de chansons!
A 19h15, sur une discrète impulsion de l’organisatrice, les personnes présentes entonnent en coeur « Le métèque » de Moustaki. On dirait qu’ils répètent ensemble depuis des semaines ! Certains sont très concentrés sur leur feuille pour suivre les paroles, d’autres rêvassent, d’autres encore chantent en agitant les bras comme pour se donner plus de voix. Suivent encore quatorze chansons, la moitié du répertoire, avant une pause de quarante-cinq minutes pour se restaurer et reposer ses cordes vocales, faire plus ample connaissance encore avec ses voisins de table. Certaines chansons sont un peu moins connues, les voix se font plus discrètes, puis ça repart. Après chaque chanson, on applaudit, on ne sait pas très bien qui : la pianiste qui accompagne, ou nous et toutes nos voix qui se mélangent.
C’est finalement après trente chansons animées que la soirée prend fin sur le coup des 22h00… Quelle forme !
Rencontre
Quelques jours plus tard, je rencontre Martine Pansiot pour parler de la genèse de ce projet. « Les cafés chantants ont été mis sur pied il y a une dizaine d’années par Jean-Georges Ernst, celui qui a également installé les jeux à Baby-Plage. » A l’époque le dimanche soir, les cafés se sont toujours déroulés dans un but non lucratif. Après un certain temps, un chapeau a été proposé à la sortie. « Avant on avait un accordéoniste, mais il jouait trop fort. Maintenant c’est une pianiste qui nous accompagne, ça va mieux. »
Après avoir travaillé en tant qu’anthropologue et enseignante de français, Martine Pansiot est aujourd’hui à la retraite et mène ces cafés chantants pour le plaisir. « Préparer tout ça m’occupe quasiment à mi-temps », ajoute-t-elle. Même en ne fonctionnant que par le bouche à oreille, sa liste d’e-mails atteint les 450 personnes. « J’ai trouvé la solution pour la prochaine fois, on va dédoubler les soirées. Un samedi aux Recyclables et le samedi suivant à Un air de famille. » D’autres cafés auront encore lieu aux Savoises. Toutes les dates sur alterreso.ch
- Martine Pansiot