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Avec Sainte-Barbe et les ouvriers du CEVA

Avec Sainte-Barbe et les ouvriers du CEVA

Reportage parmi ces travailleurs de tous horizons qui œuvrent sur les chantiers du CEVA, notamment dans les tunnels. Avec en filigrane Sainte-Barbe, qui les protège

Quarante ouvriers de nationalités diverses travaillent sur les deux portails du percement du tunnel de Champel et effectuent actuellement des rotations de deux fois huit heures.

Qu’ils soient chefs de chantier ou d’atelier, responsables de l’électricité, contremaîtres ou cantiniers, ces travailleurs de tous horizons éprouvent les mêmes valeurs qui unissent ce monde bien particulier: le respect des autres, la solidarité, le travail bien fait, l’amour de la terre et l’immuable dévotion envers Sainte-Barbe… Rencontres sur le chantier du CEVA, côté Val d’Arve, avec ces hommes de l’ombre… passionnés.

«Après l’obtention du contrat, l’organisation d’un chantier se met très vite en place. Dans les grandes lignes, l’entreprise doit définir les équipes adéquates, puis les installations techniques nécessaires à sa réalisation en ce qui concerne la production du béton, l’inventaire des machines et des ateliers utiles à leur entretien ainsi que la création d’une base vie pour les ouvriers, située, dans le cas présent, à la Fontenette», introduit le chef de chantier d’origine espagnole, qui, après des études en génie civil à l’EPFL, conduit son premier grand chantier en tant que responsable.

Douze heures pour rentrer au pays

«Certains viennent de Slovaquie, et la plupart des environs d’une petite ville: Prievidza», poursuit cet autre contremaître, chef des brigades qui opèrent essentiellement du côté des Eaux-Vives.

«Trois équipes de cinq personnes spécialement formées pour ce type de chantier font un tournus. Ils travaillent deux semaines de suite puis ils s’organisent, selon un planning précis, afin de rentrer chez eux en voiture et profiter ainsi de plusieurs jours de congé.»

Le parcours de ce responsable slovaque, qui s’exprime couramment en allemand et en norvégien (!), est impressionnant: «Mon père était mineur; j’ai suivi son chemin et ai fait mes études à la Haute Ecole d’industrie minière (Bergbauhochschule) à Ostrava en République tchèque. Au début, j’ai travaillé dans une mine de cuivre, domaine très attractif à l’époque. Malheureusement, l’Etat slovaque a décidé de ne plus subventionner ces exploitations et beaucoup ont fermé. J’ai dû alors chercher un travail similaire et c’est ainsi que je travaille depuis quatorze ans dans les tunnels.»

Après avoir sillonné l’Allemagne, l’Angleterre, l’Islande et la Norvège, notre contremaître se retrouve en Suisse: «Bien sûr, le salaire est bon mais, personnellement, en tant que responsable, je travaille de 7 h à 17 h et suis toujours disponible par téléphone jusqu’à la fin des travaux nocturnes qui terminent à 22 h.»

Marié et père de deux grands fils «qui n’ont pas eu envie de faire le même métier que moi, trop pénible et «schmutzig» à leur goût!», ce monsieur se connecte désormais le soir sur Internet avec sa femme, habituée aux longues absences de son époux. Il la rejoint chaque trois semaines par avion pour un long week-end.

Pense-t-il parfois à changer de métier? «Ça m’arrive, quand je suis fatigué et malade, mais je ne peux pas m’imaginer être assis à un bureau; le travail varié, jamais répétitif et imprévisible des chantiers me stimule et j’aime cette ambiance car je retrouve souvent les mêmes personnes qui ont œuvré auparavant dans d’autres tunnels!» Sainte-Barbe? «Elle est sur mon bureau et à l’entrée de l’ouvrage, elle nous protège.»

Le virus du tunnel

«Je l’ai choppé, c’est comme une drogue!» C’est ainsi que se définit le chef électricien originaire de Domodossola, ville qu’il rejoint en train en fin de semaine. Il s’occupe de l’alimentation électrique provisoire du tunnel qui comprend l’éclairage, les machines et les télécommunications.

Regard clair, yeux pétillants, cet ouvrier raconte: «Je cherchais du travail et j’ai commencé à dix-huit ans par hasard grâce à un ami qui bossait dans une entreprise du côté de Genève. Très vite, j’ai été pris par le métier et ai été engagé en 1974 au chantier du tunnel routier du Gothard. En tant qu’électricien, c’est mon métier à la base, je me suis retrouvé à devoir travailler dans l’urgence et mettre à disposition le plus vite possible mes compétences suivant les situations. Depuis, ce virus stressant ne m’a plus quitté, même si je travaillais, alors, onze heures par jour!»

A l’époque, le travail était bien plus dangereux: «Il y a quarante ans, il n’y avait pas d’électronique, nous n’étions pas à l’abri d’un court-circuit, un simple fusible sautait et l’incendie menaçait; on ne voyait pas grand-chose à cause de la poussière et presque pas les convois qui circulaient faute d’illumination.» Après avoir parcouru la Suisse, surtout au Tessin et dans le canton de Zürich, toujours dans les tunnels, il se sent plus en sécurité maintenant.

Hélas, il ne participera pas à l’aboutissement du chantier du CEVA: «Je prends ma retraite en avril prochain mais mes deux fils, tous deux électriciens, viennent prendre la relève!»

Un tunnel, même petit reste un tunnel

Bien qu’il ait travaillé dans le tunnel du Lötschberg, le chef d’atelier qui s’occupe de l’entretien et des réparations des machines souligne que la longueur (ici 1628 mètres) importe peu: «Il existe toujours un risque, comme se faire écraser par un véhicule.» Après une formation de mécanicien sur automobile au Portugal, une porte s’ouvre pour venir travailler en Suisse: «Depuis 2001, je parcours les chantiers et passe plus de temps avec mes collègues qu’avec ma famille restée en Valais!» Comme tous les responsables, il reste atteignable après 17 h si un problème survient et ne manque jamais de faire un signe à Sainte-Barbe, chaque jour, comme tous les ouvriers œuvrant dans le tunnel.

Ouvert de 4 h du matin jusqu’à minuit du lundi au vendredi, le réfectoire représente le point central du chantier. «Je viens de l’hôtellerie traditionnelle et éprouvais le besoin d’avoir des horaires plus réguliers», explique le chef cuisinier qui arrive chaque matin à 6 h et dont c’est la première expérience en tant que responsable de cantine. «Je me fais aider par trois personnes qui font l’ouverture et la fermeture mais je suis seul en cuisine», détaille ce Franco-Suisse qui reconnaît avoir dû adapter les quantités et la variété des mets à la diversité des goûts culinaires. «Il me tient à cœur de proposer des bons petits plats pour ces ouvriers que je vois arriver fatigués et affamés! J’éprouve beaucoup de respect envers eux, j’aime la relation et la mentalité très différente de ce que j’ai pu connaître jusqu’à présent.» Plus d’une centaine de couverts sont servis chaque jour: «Je propose toujours deux menus à choix, précédés d’une soupe et d’un grand buffet de salade, sans trop insister sur les mets à base de fromage qui ne plaisent pas trop à certaines communautés!» De plus, et c’est tout à son honneur, il préfère travailler avec des fournisseurs genevois et mise sur la qualité des produits locaux.

Quant aux week-ends, ceux qui restent sur place, mais ils sont peu nombreux, se débrouillent avec une kitchenette mise à disposition dans leur logement et se promènent dans la ville de Carouge, qu’ils trouvent, par ailleurs, très jolie…

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Photo du profil de Nathaly De Morawitz-Schorpp
Grâce à Signé Genève, Nathaly a le privilège de pouvoir partager ses multiples passions: chemin de fer, histoire genevoise, rencontres avec les gens de son quartier et échanges avec des artistes sont ses thèmes favoris. Guide culturelle à ses heures, elle aime particulièrement faire découvrir les multiples facettes de Genève sous un angle original et insolite (www.geneve-en-balade.ch). Quand elle n'est pas à Carouge, sa ville de coeur dont elle connaît tous les recoins, Nathaly participe à l'organisation de voyages culturels et gourmands en Italie au sein de l'association INSOLitalia.





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3 commentaires

  1. Merci de votre reportage de notre tunnel

    Répondre
  2. Merci à tous ces ouvriers du sous-sol qui travaillent pour notre confort!

    Répondre
  3. Bien
    très belle présentation de ces ouvriers de l’ombre qui nous ouvrent de nouvelles voies
    Merci

    Répondre

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