A 70 ans, Léo Dafner continue de créer ses pièces, toutes plus originales les unes que les autres. Rencontre avec un passionné
Sympathique, innovant, passionné et persévérant. Si on devait qualifier les qualités de Léo Dafner, bijoutier de son état, ces adjectifs lui siéraient comme un gant ou plutôt une bague. Même si on lui en donne vingt de moins, cet orfèvre de 70 ans n’a nulle intention de se mettre au vert. Trop passionné par la création pour mettre la clé sous la porte. «Il n’y a pas de retraite quand on aime», se plaît-il à dire.
Léo Dafner a pignon sur rue à la rue du Stand, juste à côté de la poste. Il y tient un atelier-magasin de bijouterie, contre vents et marées, depuis trente-sept ans. Il compose et vend ses propres créations, de la bague au collier, du pendentif à la boucle d’oreille. Après cinquante-deux ans de carrière dans la bijouterie, Léo Dafner n’a pas perdu une once de plaisir pour son métier. Et cela se sent quand il en parle.
Bijoutier depuis cinquante-deux ans
Il a appris le b.a.-ba de la bijouterie dans un atelier où on lui a enseigné la soudure, le polissage, bref toutes les notions élémentaires du métier. Puis il a travaillé comme bijoutier dans divers ateliers. «J’ai repris ensuite l’affaire de mon père, qui était horloger et réparateur de montres, en 1977. J’ai tout de suite transformé les lieux en une bijouterie avec un atelier dans l’arrière-boutique. C’est un peu mon cocon ici. Ça a tout de suite bien marché», dit-il. Peut-être parce que M. Dafner fourmille d’idées quand il s’agit de création. Sa spécialité? Les bijoux modulables et interchangeables. «J’ai même déposé des brevets, par exemple la bague clip qui permettait de changer la partie supérieure avec différents motifs adaptables ou sur un pendentif. C’est ce qui a fait en grande partie ma carrière. Puis je suis parti sur des bagues évolutives qui se glissent et peuvent s’habiller de différentes manières.»
Actuellement, Léo Dafner travaille sur des bagues en caoutchouc de différentes couleurs avec des diamants posés sur la partie supérieure. Son dernier concept consiste en une bague en PVC avec un élément central en argent et zircon.
Une créativité débordante
Cette créativité débordante est probablement ce qui l’a sauvé dans les temps difficiles. S’il peut vivre de sa passion? Le bijoutier l’assure. «Mais c’est difficile, dit-il. J’ai quand même, durant toute ma carrière, eu la bonne idée d’être dans la «tendance», je ne suis jamais resté engourdi, j’ai toujours évolué. Je m’adapte aux tendances de mon époque. Par exemple, dans les années 70, le goût du jour était aux bijoux très fins. Je m’y suis donc plié et ça a payé!» Aussi peut-être parce que Léo Dafner ne travaille pas dans le haut de gamme. Ses créations restent atteignables pour la plupart des bourses. Mais le bijoutier a une autre passion: la décoration. «La déco», comme il le dit. Tous les deux ou trois mois, Léo Dafner se plaît à décorer sa devanture avec mille et un objets hétéroclites. «Il y a même des gens qui viennent chez moi juste pour voir ma vitrine. Créateur, on l’est ou on ne l’est pas. Ça ne s’apprend pas.» Tout est dit.
Fabien Kuhn