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Boulevard des bistrots

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© Maryelle Budry

S’il est un lieu où l’on peut souffler et se requinquer, s’encourager, vérifier son bagage, consulter une carte, c’est bien le bistrot » écrit Chantal Thomas dans « Cafés de la mémoire » ( Seuil, 2008), livre dans lequel elle égrène sa vie au rythme des bistrots fréquentés. Elle répertorie sur une page pleine les noms originaux des cafés parisiens des années 70 où elle suivait un amant alcoolique : Le Chien qui fume, Le Temps perdu, Au mal-assis, Les naturistes, Chez Ciboulette, le Trou dans le mur, le Tout est bien…

Si j’ai quitté la mort dans l’âme ma Carouge riche de près 100 bistrots et restaurants, je ne me retrouve dans un quartier encore plus soiffard ! Sur le Boulevard Carl-Vogt, long d’environ un kilomètre, j’ai compté 42 bistrots et restaurants, y compris les tea-room, mais pas les take away. 42, mais j’ai certainement été distraite, recomptez vous-même. Si l’on comptait les rues perpendiculaires, comme la rue des Bains, la rue de l’Ecole de Médecine, et le Rond-Point de la Jonction, je me demande si l’on n’arriverait pas au total de toute la commune de Carouge. Le terme de bistrot convient à tous les établissements, plutôt petits et abordant des prix de plats du jour autour de la petite vingtaine de francs, tous avec terrasse. A part un péruvien, signalé par deux beaux lamas de plâtre, beaucoup de ces restaurants sont asiatiques, chinois, indiens, japonais, libanais, je vois aussi beaucoup d’italiens, beaucoup de nourriture bio, le pompon à « La Ritournelle » qui annonce une « cuisine saine, gourmande et locale, au bonheur des papilles, mamies et Cie ». Je n’y ai pas encore goûté. Je leur demanderai des explications sur cet insolite slogan. Au moindre rayon de soleil, les terrasses se remplissent de gens heureux, qui se requinquent. Et dès l’heure de l’afterwork, elles retentissent des rires des libéré-e-s du labeur et de l’étude.

Je ne connais que deux autres rues à Genève offrant une telle richesse de petits commerces et d’artisans et artisanes : la rue de Carouge et la rue des Eaux-Vives. Au boulevard Carl-Vogt, entre deux bistrots, on trouve des fleuristes, des couturières, des mécanicien-e-s de vélos, des boulangers-pâtissiers, des antiquaires et des secondes mains, des photocopieuses près de l’Université, une quincaillerie style caverne d’Ali-Baba et une arcade sages-femmes vantant l’allaitement maternel. Je n’ai pas compté les salons de coiffure, à la louche, il y en a au moins une vingtaine, plus quelques barbiers. Je regrette encore « la Boîte à Images » des frères Hirschy, qui ouvrirent leur atelier de réparation dès l’apparition de la télévision et dont j’ai été la fidèle cliente.

Malgré les changements, le Boulevard évolue bien, hommage au darwinisme de Carl Vogt, tout en gardant son caractère populaire, traversé par les étudiant-e-s des universités, les ethnologues, les journalistes et les amateurs et amatrices d’art contemporain. Un monde foisonnant qui aime la vie.

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