Ils avaient annoncé la mise en service intégrale le 15 décembre 2019, après 8 ans de travaux : pari tenu ! L’achèvement du CEVA fait du Léman Express le plus grand réseau ferroviaire régional transfrontalier d’Europe, et il s’est donc bien concrétisé dans le dernier délai imparti, puisqu’au départ c’était prévu pour 2017. Les difficultés rencontrées lors du percement du tunnel de Champel ont en effet repoussé la première échéance.
Bien sûr de nombreux médias ont déjà parlé des festivités mises en place pour cette inauguration. Pour ma part, je me devais aussi de vous en faire un compte-rendu avec un petit reportage-photo : pas comme un professionnel, mais en simple « touriste » découvrant les infrastructures. Donc pas de polémique dans ma rubrique sur la facture finale de l’ouvrage, ni de positionnement sur les différents acteurs qui ont porté le projet, ni d’évocation des nombreuses nuisances qu’ont dû subir les commerçants aux abords des chantiers durant toute la période, encore moins de réappropriation politique de l’événement par les pouvoirs publics…
Il est vrai que les alentours des différentes gares ne sont pas complètement terminés. Cependant, au printemps venu, on pourra admirer à loisir la nouvelle végétation, les arbustes et les arbres plantés tout spécialement, puisque ces derniers auront revêtu à ce moment-là leurs couleurs annonçant la prochaine saison. On se réjouit, car il ne faut pas oublier qu’au total ce sont 1300 arbres qui ont dû être abattus, sur les 16 kilomètres de travaux du projet CEVA. On sait bien que les coupes d’arbres dans le canton représentent en effet un sujet particulièrement délicat, avec mobilisation citoyenne à la clef ; il est régulièrement évoqué dans l’actualité la protection du patrimoine arboré, et par là même, l’importance de cette végétation contre les îlots de chaleurs en été.
Donc, munis d’un simple ticket UNIRESO à 3.- Frs. (zone 10, tarif normal), le même qui nous permet de prendre les TPG ou la Mouette Genevoise dans ce secteur délimité durant une heure, nous voilà embarqués dans un des trains du Léman Express. La flotte est composée de deux types de rames (Flirt France et Régiolis CEVA), avec un look commun : les coloris des wagons transfrontaliers bleu-blanc-rouge font sans doute allusion à la bannière française, mais dans ces teintes il y a également les couleurs rouge et blanc de notre drapeau suisse. L’honneur est sauf…
Cadence annoncée : jusqu’à 6 convois par heure et par sens entre Genève et Annemasse. Mais rien n’est moins sûr en raison du conflit social en cours de l’autre côté de la frontière…
Genève a donc enfin son « métro » puisqu’une bonne partie de la traversée se fait sous terre ! Début du périple à la gare de Chêne-Bourg, direction centre. Première halte à la gare des Eaux-Vives : une ville dans la ville, un ensemble architectural qui, à terme, mêlera logements, commerces, bureaux et services. Sans oublier une esplanade et le théâtre, la Nouvelle Comédie. Arrêt suivant, Champel-Hôpital (à 25m. de profondeur), avec le long couloir/tunnel qui permet de rejoindre les HUG ; ce passage a été réalisé dans une ancienne cave à fromage, qui fut utilisée jusque vers 1950. Lancy Bachet, qui a nécessité la restructuration complète de la station de tramway Bachet-de-Pesay : durant ce trajet on a traversé l’Arve sur le nouveau pont. Celui-ci est clos par un vitrage afin de réduire les nuisances sonores dues au passage des trains, et également pour protéger la faune avicole présente sur le long de la rivière. Lancy Pont-Rouge, qui au contraire des trois précédentes en souterrain, est une gare de type aérien. On termine enfin par la gare de Cornavin. Durée du trajet : 18 minutes environ, dans des conditions normales, car en raison de la grève nationale en France, les horaires côté Suisse ont été quelque peu perturbés.
Toutefois, avec notre premier test « in situ » du Léman Express, on a ainsi évité toutes les routes encombrées et les traditionnels bouchons qui bloquent l’agglomération aux heures de pointe : cela sera appliqué surtout du lundi au vendredi, quoiqu’actuellement la circulation est devenue plus ou moins dense quasiment tous les jours à Genève. Et ce dimanche 15 décembre, la ville connaissait sa première ouverture dominicale de tous ses commerces, donc davantage de véhicules qu’un dimanche « normal ».
On verra si les pendulaires jouent le jeu en laissant leurs voitures dans leurs parkings ou garages, et, si la population se l’approprie, le Léman Express devrait en principe « alléger » les difficultés liées au trafic urbain, en plus du nouveau tram Annemasse-Genève sensé améliorer également les déplacements de proximité. On en mesurera probablement les effets dans quelque temps.
Développements, réactions, à suivre dans les autres médias… !