La « Rose des Vents », un réseau d’échange entre habitants

En me promenant dans mon quartier, j’ai une fois entendu parler de la « Rose des Vents », un réseau d’échange de connaissances, de services et de compétences entre habitants. Intriguée, je pousse la porte de l’Espace Quartier des Minoteries, un mercredi soir un peu avant 19h00. Comme tous les derniers mercredis du mois, les membres de ce réseau se retrouvent autour d’un repas canadien.

L’accueil est très chaleureux : je me sens tout de suite à l’aise. Un participant me montre avec fierté deux tableaux qu’il a peint pendant les activités à l’espace aînés. On m’invite à prendre place devant une assiette et des couverts, et très vite, les gens affluent. Il faut rajouter une table, des chaises, on a prévu trop juste. C’est au final une vingtaine de personnes qui prendront part à cette réunion, une petite moitié des membres du réseau de troc, apprendrai-je par la suite.

Les bénévoles à l’honneur

Juste avant le repas, je discute avec Pascal, un assistant social qui travaille à l’UAC (Unité d’Action Communautaire) Plainpalais-Jonction. C’est cette structure, appartenant à la Ville de Genève, qui a mis en place le réseau d’échanges, et lui passe en début de soirée pour s’assurer que tout aille bien. Mais quand je lui demande si je peux le prendre en photo pour mon article, il refuse : « Non, ce sont les bénévoles qu’il faut mettre en avant, c’est eux qui font tout le boulot ! »

La Rose des Vents est effectivement chapeautée par un comité, tous bénévoles, qui se réunit une fois par mois pour assurer le bon fonctionnement de la structure, gérer les inscriptions, faire les décomptes d’heures, régler les éventuels litiges.

Chacun a posé saladiers, fromages et gâteaux au milieu de la table, et le repas commence. Après une petite heure de partage et de discussions informelles, José souhaite la bienvenue aux nouveaux et rappelle le fonctionnement du réseau : « Il faut être inscrit avant de pouvoir entrer en relation avec les autres membres ». Des feuilles circulent, où chacun note ce qu’il sait faire et ce qu’il veut apprendre. Cela va des cours de langues au baby-sitting, en passant par le montage d’étagères ou encore l’accompagnement en promenade d’une personne en chaise roulante.

Le temps c’est de l’argent…

« Lorsqu’on s’inscrit, poursuit José, on reçoit 5 heures de bonus. Après, on gagne des heures supplémentaires en rendant service et on en perd lorsqu’on consomme. » L’idée est d’arriver à un équilibre afin de donner autant que l’on reçoit, telle est ici la philosophie. Le règlement stipule d’ailleurs que, sauf cas exceptionnel, un membre est évincé du groupe s’il atteint les quinze heures en négatif.

Du temps comme monnaie locale en quelque sorte. Sauf que les échanges ne se limitent pas à un simple troc de prestations, mais aboutissent finalement à la création de liens solides et amicaux entre les habitants du quartier qui se rendent service les uns les autres et apprennent ainsi à se connaître. Cela se sent à l’atmosphère bon enfant qui règne ce soir. Le groupe s’agrandit d’ailleurs chaque mois, par le bouche à oreille principalement.

Une énergie contagieuse

Effectivement, en quittant la salle ce soir-là, je n’ai qu’une envie : rejoindre le réseau et m’initier à l’espagnol, que mes sympathiques voisines de table ont proposé de m’apprendre…