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Le grand départ des sœurs franciscaines

Les soeurs franciscaines Edoardina et Anna Maria. © Olivier Vogelsang

Durant quarante-cinq ans, Sœur Anna Maria et Sœur Edoardina se sont occupées de la communauté italienne de Genève. A Carouge, elles ont vu passer des milliers d’enfants dans la crèche La Provvidenza. Clap de fin: le 30 juin, elles retourneront en Italie.

 

Sœur Edoardina et Sœur Anna Maria font partie de la congrégation des sœurs franciscaines de Suse, une petite localité au nord de Turin. Voilà bien des années déjà qu’on peut les voir se balader sur le bitume carougeois et à Champel, souriantes dans leur robe de bure, à la sortie des classes pour accueillir les enfants ou accompagner les paroissiens. Figures familières de Carouge, les deux sœurs se sont notamment occupées avec bienveillance des petits de Carouge depuis des décennies dans la crèche ou la garderie de La Provvidenza. Quarante-cinq ans de présence à Carouge pour Sœur Edoardina. Quant à Sœur Anna Maria, elle a un peu plus papillonné, mais pas tant que ça, son camp de base restant la plupart du temps Carouge, et sa rue Jacques-Dalphin.

Pour des raisons que seul l’Eternel connaît, La Provvidenza a fermé ses portes en 2013, et les 27 enfants dont les parents ne pouvaient s’occuper entre midi et deux et à la sortie des classes ont été remis aux mains de l’Etat, c’est-à-dire du parascolaire. Sœur Edoardina et Sœur Anna Maria sont restées encore un peu à La Provvidenza pour accompagner la communauté italienne dans son insertion dans l’église locale, celle de Sainte-Croix. Car curieusement, la mission catholique italienne de La Provvidenza a également fermé ses portes, sauf le dimanche matin pour la messe. Après toutes ces années de bons et loyaux services, les deux sœurs s’en retourneront donc le 30 juin à la maison mère à Suse, dans le Piémont, rappelées par la mère générale de la communauté des sœurs franciscaines. Le cœur gros comme ça.

Aux numéros 34 et 36 de la rue Jacques-Dalphin ne reste donc plus que l’EMS La Provvidenza, dont les pensionnaires appréciaient tant la présence et la joie des enfants dans la garderie attenante. Place donc aux souvenirs et à la nostalgie. Pour les deux sœurs aussi. Mais aussi nouveau départ puisque les deux religieuses s’occuperont désormais de l’accueil de requérants d’asile à Suse,en Italie. «Aujourd’hui, ce n’est pas fini, mais on conclut un chapitre qui a duré 105 ans», dit Sœur Anna Maria. Qui rappelle que «La Provvidenza a été la première crèche du canton de Genève à ouvrir en 1908».

Anna Maria est arrivée à Carouge en 1967 avant de rejoindre Milan pour des études. En 1980, elle se trouve à Lyon, puis en 1991 elle revient à Carouge, où elle loge à La Provvidenza et travaille à Champel pendant douze ans comme responsable de la catéchèse pour les enfants de 14 à 18 ans. «C’était de très belles années», dit-elle. Quant à Sœur Edoardina, dès son arrivée en 1971, elle s’occupe des enfants de la crèche. «C’était l’époque de Schwarzenbach, et les enfants des saisonniers italiens n’étaient pas autorisés à rester avec leurs parents en Suisse. Alors ils restaient avec nous à La Provvidenza pendant la semaine et voyaient leurs papas et mamans le week-end. Mon Dieu ce qu’ils étaient sages! Et il y avait tous ces saisonniers italiens, ces ouvriers qui travaillaient aux alentours. Ils venaient souvent manger à midi ici, nous préparions des repas pour 300 personnes parfois! Et ils venaient volontiers car nous faisions la pastasciutta, des bons petits plats italiens», se souvient-elle. A l’époque, il y avait quatre dortoirs qui pouvaient accueillir jusqu’à 120 enfants, dont des internes. «Pendant quarante-cinq ans, je me suis occupée des enfants. Jusqu’à trois générations: les filles des filles des filles sont passées par ici!» dit Sœur Edoardina. Et il y avait les sorties avec les petits enfants. Aussi riches que variées. «On rigolait tout le temps», dit Sœur Anna Maria. Sa coreligionnaire ajoute: «Nous avons fait beaucoup de promenades avec les enfants, les jours de Jeûne genevois ou les dimanches. Nous avons été au Mont-Blanc, au parc des Houches – les enfants adoraient voir les marmottes –, aux Aravis ou encore au lac de Tannay. Et au début de l’année, nous allions cueillir du muguet. Que de souvenirs.» Edoardina ajoute: «Et il y a cette tradition qui s’est instaurée peu à peu le vendredi soir ou après la messe, on recevait souvent un coup de fil, quelqu’un nous proposant d’aller manger une pizza. Du coup, on se retrouvait à une quarantaine de personnes autour d’une table pour déguster ce qui est devenu la «pizza religieuse» Maintenant, tout ça, c’est du passé.»

Les deux soeurs vont donc tranquillement préparer leur départ, prévu pour le 30 juin, faire leurs petites valises et prendre avec elles ce dont les réfugiés dont elles vont s’occuper en Italie auront besoin. «On va les aider dans notre petit foyer à s’intégrer en Italie. Des réfugiées qui vont aider des réfugiés, vous vous rendez compte! Un joli tableau!»</p><p>Si elles ressentent de la nostalgie après ces longues années helvétiques? «Pas un peu, beaucoup, dit Anna Maria. C’est tout de même un sacré déchirement de quitter Carouge après toutes ces années et tous ces enfants que nous avons vus passer ici.» Edoardina ajoute de son côté: «Moi, je n’ai pas encore réalisé; la nostalgie, c’est pour après. Mais tout sera très différent à Suse, surtout les mentalités. Enfin, on verra. Ce qui me fait chaud au cœur, c’est toute cette affection qui nous accompagnera en Italie. Quand les enfants traversent la rue Jacques-Dalphin et passent sous nos fenêtres, ils nous appellent et cela me réconforte.»

En attendant de retrouver les sœurs au centre Beato Rosaz, à la via Madonna delle Grazie à Suse, ces dernières organisent un rassemblement de départ le 12 juin à l’église Sainte-Croix de Carouge, dès 12 h 15 (après la messe de 11 h, bien entendu). L’occasion de saluer leur travail et leur engagement pour la communauté durant de si longues années.

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Journaliste RP, fasciné par le tissu local genevois, ses petites histoires et sa fascinante diversité,  je participe avec l’équipe des Reporters de quartier à la réalisation de Signé Genève sur le site et dans le journal.

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