Début janvier: ciel plombé, crachin, humidité, je marche les épaules basses et soudain mon regard est capté par des couleurs lumineuses. Des oiseaux migrateurs s’envolent gaiement sur un ciel bleu des mers du Sud… Je l’ai pourtant vue et admirée cent fois, cette fresque de Poussin au 12, rue Alexandre-Gavard, à Carouge, mais aujourd’hui j’ai l’impression de découvrir toute la force communiquée par sa beauté.
Poussin l’a peinte il y a trois ans, à la demande des architectes de l’immeuble qui venait de s’ériger au 28, rue Jacques-Grosselin. Les balcons flambant neufs donnaient sur un mur gris sans fenêtre. Et derrière ce mur vivait le célèbre artiste Gérald Poussin, qui avait déjà embelli son propre immeuble.
Poussin s’est mis au travail en collaboration avec son épouse, l’architecte Geneviève Cuenoud. Il avait alors «la tête pleine d’oiseaux», venait de terminer le livre Prise de bec (Editions Zoé) et aimait approfondir un thème «jusqu’à ce qu’il lui glisse des doigts». Il voulait suggérer le passage rapide des humains sur terre, aussi furtif qu’un vol d’oiseaux migrateurs.
La peinture murale a été dédiée, en mai 2010, à la petite Carmen qui venait de naître dans l’immeuble d’en face et dont les premiers regards se dirigeraient vers le Mur migrateur
D’autres œuvres à venir
Poussin a décoré d’autres surfaces de sa ville natale: la maison des Charmettes, la pendule «Doucement», le Bar du Nord, l’aire de jeu enfantine des Tours… Et peut-être d’autres encore? Actuellement, il vient de terminer la décoration de l’Office de la population à Onex, travaille au Catalogue des animaux disparus – un reportage dans les marais d’Amnésie et prolonge son exposition Poussin au pays des mille et une nuits à la librairie arabe L’Olivier aux Pâquis.</p>
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