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L’échange de savoirs explose à Genève

L’échange de savoirs explose à Genève

Troc, échange de savoirs ou d’objets. Les circuits non monétaires reviennent au goût du jour. Et les initiatives se multiplient au bout du lac.

On connaissait les tandems, sorte d’échanges de services entre deux personnes, une leçon d’anglais contre une autre de français, que l’on voit griffonnés sur tous les murs de petites annonces. Ou encore les vide-greniers, bourses aux vêtements ou aux jouets et autres marchés aux puces qui permettent l’acquisition de biens ou de savoirs sans (trop) bourse délier. A Genève, il existe toute une panoplie d’astuces de ce genre. Rien de bien nouveau à cela.

Mais depuis peu, le phénomène a tendance à prendre une ampleur tout à fait nouvelle. Echange, troc, partage ou don, autant de notions qui (re)viennent au goût du jour. Et à Genève, les initiatives se multiplient à un rythme soutenu. Marchés gratuits (gratiferia), troc party ou école d’échange voient le jour les uns après les autres dans tous les quartiers de la cité. C’est dans l’air du temps. La ville de Genève suit en cela ses grandes sœurs que sont Paris, New York ou Berlin. On passe à l’échange de savoir à plus grande échelle. Pas à pas.

Ecole du troc

En novembre dernier, quatre jeunes expatriées s’entendaient pour lancer un concept inédit à Genève: la Trade School ou école du troc. Son slogan? «Enseigne, apprend, échange et partage». L’idée est simple. La Trade School est un lieu d’apprentissage atypique basé sur le troc. Chaque participant peut être professeur et/ou étudiant. Les élèves s’inscrivent sur le site Internet de l’école et s’engagent à payer leur leçon non pas avec de l’argent mais avec ce que l’enseignant désire. «Nous avons commencé à travailler sur ce projet en novembre 2013, indique Céline Bartolomucci, une des quatre fondatrices. Il fallait rechercher des locaux, un logo, motiver étudiants et professeurs, créer le site Internet. Et nous avons réussi.» En avril 2014 était lancée la première session test de la Trade School. Un succès puisque 44 leçons ont été données à environ 300 élèves en un mois. Et le site (www.tradeschool.coop/geneva) compte désormais plus de 500 personnes inscrites.

«Parler de ses passions»

Pour Nicole Bergen, autre fondatrice de l’école, «l’important est de parler de ses passions. Cela peut être la cuisine indienne, le yoga ou la traversée des Etats-Unis à moto. Nous avons attendu que les gens nous soumettent des sujets et j’ai été sidérée par la variété des cours proposés: zumba, yoga, développement personnel ou voyage en Amérique latine. Il y avait de tout! De même, les listes d’objets ou de services que demandent les professeurs sont incroyables. Cela va du livre à la relecture d’article en passant par une bouteille de vin ou des épices.» C’est ainsi que Narmada Ramakrishna, qui fait également partie de l’aventure, a donné un cours de cuisine indienne (Indian cooking for the spicy soul soit Cuisine indienne pour âmes épicées) en échange d’une contribution sur son blog ou d’un livre qu’on a adoré lire.

La dernière séance de cette opération-test à vu Tony, danseur hip-hop de la scène genevoise depuis quinze ans, donner un cours à l’espace Sécheron de l’avenue Blanc. «Mon objectif est de faire découvrir les diverses danses rattachées à la culture urbaine en rappelant ses fondements, ses origines et ses spécificités», explique l’enseignant. La contrepartie? «Je fais plus ça par plaisir que pour obtenir une contrepartie, mais comme ça se fait… j’aimerais que quelqu’un prenne des photos de moi en vue d’un documentaire que je compte faire paraître.»

«Nous croyons aux vertus du partage, il faut moins d’individualisme dans nos sociétés. Et tout ne doit pas forcément être basé sur l’argent. Il y a d’autres voies. Je pense notamment à la décroissance», explique Céline Bartolomucci. «Et cette école du troc est aussi une occasion de tisser des liens entre expatriés et locaux.» Prochaine étape: soumettre l’idée à la Ville de Genève afin de rechercher des salles de cours que la Trade School pourrait obtenir quotidiennement. «Car là, nous sommes un peu satellisés», conclut la Céline Bartolomucci.

L’école reprendra ses cours en juin car cette session-test en avril 2014 a été un succès. En attendant, les quatre fondatrices sont à la recherche d’enseignants. Tout le monde est bienvenu.

Echanger des objets dans les écoles

Autre lieu, autre concept, même vision des choses. Le 3 mai dernier à l’école Liotard avait lieu l’inauguration de la première Troc Party en présence d’Esther Alder, conseillère administrative en charge de la Cohésion sociale et de la Solidarité en Ville de Genève. Enfants et parents y étaient invités à échanger entre eux vêtements, livres, jouets et autres objets sans avoir recours à l’argent. D’autres écoles ont également lancé la même idée de concert: Cayla, Cropettes, Geisendorf et Europe. Au total, cinq événements ont été organisés simultanément sur la Rive droite. «L’idée est de sortir du circuit traditionnel de l’argent. Retrouver le sens primitif du mot troc. Et sortir de la consommation. Il faut faire vivre les objets autrement», explique Esther Alder. Organisées par le Service des écoles et institutions pour l’enfance conjointement avec les associations de parents d’élèves (APE) et les associations de quartier, ces Troc Party auront de nouveau lieu en automne dans divers préaux genevois. L’objectif est de promouvoir les échanges sans aucun recours à de l’argent et de permettre aux enfants de prendre conscience de la valeur des objets.

«Dans une vision de développement durable, il faut faire circuler les objets, donc les échanger, ajoute la conseillère administrative. Pour ces enfants qui seront les adultes de demain, il est important de montrer la valeur de l’échange et celle du don. Les enfants sont moins dans la marchandisation de l’objet, le rapport à l’objet est plutôt affectif. Sa valeur est celle qu’on lui donne. On peut tout à fait faire plaisir à un autre enfant avec un jouet dont on ne veut plus.» Ce 3 mai, dans le préau de l’école Liotard, quelques stands chargés de différents jouets. Accompagnés de leurs parents, des enfants passent de l’un à l’autre et troquent différentes babioles. Ici une Barbie contre un livre illustré, là un robot contre un doudou. Le principe est simple, les objets doivent être propres et en bon état. Et les négociations vont bon train. «Nos enfants ont décidé eux-mêmes ce qu’ils voulaient échanger et ce qu’ils voulaient garder. Il y a eu une véritable réflexion à la maison, il fallait choisir. Et choisir, c’est difficile. On a ainsi pu leur expliquer qu’il n’y avait pas de notion d’argent. C’était sympa et très éducatif», concluent Stéphane et Morgiane Kordic.

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Journaliste RP, fasciné par le tissu local genevois, ses petites histoires et sa fascinante diversité,  je participe avec l’équipe des Reporters de quartier à la réalisation de Signé Genève sur le site et dans le journal.

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