Les chapeaux et le char bio de Zabo

Depuis 20 ans, la modiste Zabo (Isabelle Hofmann) crée des chapeaux à Carouge, 31 rue Saint-Joseph. Son atelier (20 m2 sans eau) est un lieu de créativité et de rencontres sans pareil.  « J’aime transformer les gens », me raconte-t-elle, l’oeil malicieux.  Sur son site www.zabo.ch vous trouverez des photos illustrant ces rencontres de transformations : petites filles subjuguées, vieilles dames rajeunies, messieurs distingués,  tous, avec un chapeau de Zabo sur la tête, rient de concert avec leur irrésistible modiste.

Cela me rappelle le cadeau d’adieu de mes collègues de travail : un chapeau de Zabo, avec une délégation pour m’accompagner rue Saint-Joseph et chacun-e, femmes et hommes,  d’essayer tour à tour des bonnets, des casquettes, des turbans, des capuches, des canotiers, dans de grands éclats de rire. Ce chapeau, évidemment, j’y tiens très fort et ne manque pas d’indiquer, à qui l’admire sur mon humble tête,  le nom et l‘adresse de celle qui l’a fabriqué, C’était un must pour moi et pour beaucoup de mes copines d’avoir un chapeau de Zabo. Je me souviens d’une manifestation de femmes, un 8 mars glacial, où je comptais les nombreuses têtes habillées par Zabo.  Paradoxalement, Zabo est victime de son succès : actuellement de multiples imitations circulent en ville, on trouve sur tous les marchés, et dans bien des vitrines de mode, ces ouvrages de superpositions de tissus aux coutures visibles. Mais si j’approche une création de Zabo, je me rends tout de suite compte de la qualité supérieure du matériel et de l’exécution. Elle choisit méticuleusement ses tissus, ses fourrures ou ses pailles  et  les travaille intensément aux ciseaux, à l’aiguille, à la machine à coudre, au fer à vapeur, avant de les installer dans sa vitrine tentatrice. La collection 2014 est particulièrement colorée.

Zabo n’est pas seulement créatrice de chapeaux. Les lundis, elle ferme boutique, et « vit son aventure hebdomadaire » : sa virée pédestre de plusieurs heures seule dans la nature, au gré de ses envies. Elle y apprend à reconnaître les chants des oiseaux, pour le plaisir de ses oreilles musiciennes et pour réussir son brevet d’ornithologie. Elle chante aussi dans un des meilleurs choeurs de Genève, le Motet, et prépare un concert pour le 30 novembre.

Zabo a aussi un « Jules », c’est ainsi qu’elle le désigne, extraordinaire : Reto Cadotsch, créateur visionnaire des Jardins de Cocagne (coopérative de production et de consommation de légumes biologiques) et de L’affaireTournerêve (vente directe de produits bio). Il cultive et expérimente de nouvelles semences à Landecy. Devant la boutique, le « Char bio de Saint Jo », plein de courges et d’oignons, marque l’union entre  création en chambre et création aux champs