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« Les Filles Indignes »

« Les Filles Indignes »

Il est 8h00 du matin. Le percolateur vrombit dans le silence frais et glacial de ce dimanche. Personne ne l’a commandé. L’espace vierge de visiteurs ne reçoit, en cette heure matinale, que les bonnes âmes qui assureront le service à partir de 11h. Un dimanche matin par mois, Les Filles Indignes, le bébé de Marie, vous accueillent pour leur fameux et succulent brunch. Ouvert il y a presque une année près de la plaine de Plainpalais (rue de l’Arquebuse précisément), le lieu se décline en trois parties enfilées comme des perles de culture délicates et accueillantes. D’abord la pièce où les habitués aiment à se retrouver au bar qui, tout en longitude vous offre des places de choix si vous voulez discuter avec Marie, Hélène ou encore Pauline. Quelques tables y sont aussi disposées et j’apprends qu’elles sont numérotées de un à trois. La pièce située au centre se présente comme un petit magasin de merveilles. Epices à foison, sauces délicieusement présentées, pâtes, utilisées pour les salades confectionnées sur place, bonbons en arc-en-ciel, t-shirts humoristiques (Les Délichieuses par exemple), petites trousses au nom du lieu (qui me sert de trousse de toilette, d’ailleurs) etc. C’est aussi là que se trouve, en semaine, tout ce qui peut être dégusté sur place ou au bureau. La troisième partie, que je nomme « la bibliothèque », dont un pan de mur généreux est tapissé de livres, est un havre de paix. Fauteuils confortables et tables basses vous apportent le sentiment d’être chez vous, presque au coin du feu. Les livres à disposition vous proposent des voyages dans le temps et l’espace. En somme, que du bonheur !
Si je suis déjà en poste, c’est que je me suis mis bille en tête d’écrire sur cet espace qui me ravit les yeux, les papilles, et les oreilles. Pour cela, j’ai besoin d’expérimenter ce que peut vouloir dire « être de l’autre côté du comptoir ». Alors, je m’y colle, et entre deux gorgées de tisane du berger, car oui, je l’avoue, le café et moi n’avons jamais été sur la même longueur d’onde, je commence par déplacer des meubles pour aménager, comme il se doit, ce petit nid douillet. Tables basses et fauteuils envahissent la cage d’escalier, une grande table pour neuf personnes ayant été réservée, qu’on installe dans la partie bibliothèque sous les regards bienveillants des grandes plumes de ce siècle, mais aussi de leurs prédécesseurs. Les bonbonnières trônant dans la vitrine doivent elles aussi déménager pour laisser place aux tartes salées du jour (ricotta/tomate et chèvre/miel/épinard) et à un cake aux olives fondant à se damner. Leur taille imposante m’impressionne, de plus, elles sont en verre, et je me sens doublement responsabilisée lors de leur transfert. Arrivées finalement à bon port, elles surplombent les bagels (jambon, fromage et végétarien) ainsi que la tarte citron meringuée et celle à la banane. On déplie les nappes neuves blanches, on dispose les couverts pendant qu’en cuisine Pauline et Guillaume, cuistot de son état, s’affairent !
Maintenant que le terrain est prêt, passons à la partie plus éphémère, colorée et goûteuse, pour laquelle, les habitués du lieu réservent et les gens de passage s’arrêtent étonnés et ravis ! Je ne peux pas vous dire combien d’oranges j’ai pressées, je ne les ai pas comptées, mais je puis en revanche vous certifier qu’il faut en presser beaucoup en prévision des vingt-cinq personnes attendues !!! Même la machine me fait un burn-out et je dois la laisser tranquille un moment. Je profite de cet intermède, il était temps en fait, pour m’attaquer aux brochettes de bonbons. Heureusement, je n’en ai que dix à préparer. Pas si facile d’embrocher des « frittes » ou des « fraises » sur un bâtonnet en bois ! En fait, je ne sais pas si j’ai gagné au change ! Résultat joli et appétissant : assemblages évoquant de petites marionnettes. Personne ne le remarquera, mais qu’importe ! Les tartes au fromage de chèvre étant cuites et ayant refroidi, il est temps de les couper en dix parts. Là, j’avoue que je dois réfléchir pour savoir comment m’y prendre… Je trouve et je me lance. Pas si facile en fait de couper une tarte sans qu’elle ne perde son aspect propre et soigné… Pas facile… Résultat mitigé, je l’avoue sans peine… Vient ensuite la découpe des cakes aux olives dont les senteurs et les couleurs me ravagent papilles et nerfs optiques! Je commence vraiment à avoir envie de tout, et je veux dire ici, que j’ai envie de tout manger !
Onze heures, les premiers visiteurs s’installent aux quatre coins de l’espace et l’anticipation des jus d’orange prend ici toute sa dimension ! Je vogue de table en table avec un peu de soleil dans de jolis verres tout ronds. L’ambiance familiale et conviviale provient du savant mélange des saveurs, de la bonne humeur et du chaleureux décor que Marie a imaginé. Beaucoup d’habitués que je sens tout à fait à l’aise, et qui savourent la quiétude du lieu. Tout le monde discute et déguste ! Entre les tables, je continue de voguer et m’attache à récupérer la vaisselle prête à tremper dans l’eau bouillante. Il me faut être super vigilante, ni trop tôt, ni trop tard ! Puis, c’est la plonge qui m’attend au tournant. Attention, éponge interdite, ici c’est la « brossette » qui est de service. Déchets dans la poubelle, vaisselle dans l’évier, liquide vaisselle sur la « brossette », voilà le trio gagnant pour être efficace. Mais que dis-je ? J’oublie le rôle essentiel du torchon qui frotte et frotte encore chaque centimètre carré de tasses, d’assiettes, de couverts, de verres, de soucoupes… J’en ai le vertige ! Heureusement que la chaleur du percolateur permet au vaillant torchon d’être toujours d’attaque, parce qu’une fois encore le débit ne connaît pas de pause !
Aujourd’hui, c’est le deuxième brunch des Filles Indignes, alors, on est encore un peu en phase de rodage. On évoque la possibilité de mettre en place trois services au lieu de deux, de remplacer les tartes au citron et de ne plus exhiber les bonbons (les parents seront contents, les adultes gourmands un peu moins !). Marie se dit ravie de son aventure, même si elle concède sans peine qu’elle n’avait pas imaginé la charge de travail que cela représenterait : « C’est du non-stop, je ne pense qu’à ça, je ne fais que ça !» Heureusement, elle est soutenue par toute son équipe, notamment Hélène, qui est également coach pour des entreprises de restauration, et peut donc mettre à profit son expérience de façon concrète au service des Filles Indignes.
Alors que je me prépare à quitter les lieux, après être restée presque sept heures debout, je pense soudain à Borges et à Musil qui reposent au cimetière des Rois à deux pas. Spécialement à Borges, qui a n’en pas douter aurait apprécié Les Filles Indignes. Puis, je rends mon tablier, car d’autres tâches m’incombent. Je repars le sourire aux lèvres, ayant réservé pour le brunch du 8 novembre de même que pour un déjeuner mardi midi. Il fait bon être aux Filles Indignes, que ce soit derrière le bar ou dans la salle ! Quel bonheur de ne vivre qu’à deux encablures !

Prochains brunchs : 20 décembre 2015 et 10 janvier 2016

Les Filles Indignes
Rue de l’Arquebuse 10
1204 Genève
022 320 96 60

Arrêts Stand ou Place du Cirque

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