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Les peintres genevois: Adam-Wolfgang TÅ“pffer

Les peintres genevois: Adam-Wolfgang TÅ“pffer

Dans les articles précédents nous avons vu que Saint-Ours avait suivi les théories dites Davidiennes et que, De La Rive, malgré son abandon de la noble peinture d’histoire pour les paysages, resta tout de même un artiste appartenant au classicisme de l’époque. Tous deux sont de grands représentants de ce mouvement qu’on pourrait peut-être nommer « l’école genevoise de peinture liée au classicisme », une école très idéaliste et stylistique, énormément influencée par des artistes venus d’ailleurs.

Supposons pouvoir parler d’une école genevoise liée au classicisme durant une bonne partie du 18ème siècle. Dans ce cas, sa successeur serait une nouvelle école qui naquît durant le 19ème siècle. Et qui en seraient donc les représentants? Nous pouvons par exemple citer Tœpffer, Agasse ou encore Massot. Bien sûr, il est toujours difficile de discuter d’une école genevoise de peinture, mais ici, encore une fois, nous sommes capables de regrouper, maladroitement peut-être, ces trois auteurs sous un même dénominateur commun: en plus de leur amitié, ils étaient également liés par les idées et par le rejet de plusieurs principes du classicisme. Nous débattrons de cela dans un prochain article.

Concentrons-nous sur l’artiste qui nous intéresse aujourd’hui: Adam-Wolfgang Tœpffer. Il naquit à Genève en 1766 d’un père tailleur originaire de Franconie.

Adam-Wolfgang débuta par un apprentissage de graveur chez M. Dapples lorsqu’il était à Lausanne. Là-bas, il exécuta des planches pour l’Encyclopédie et les Voyages du célèbre Saussure.

Puis, ce fût à Paris qu’il s’initia concrètement à la peinture. En 1789, il retourna à Genève à cause de la révolution mais revint à Paris deux ans plus tard. La capitale française n’avait décidément pas plu à l’artiste car il revint à Genève bien rapidement. Finalement, plus jamais il ne quitta Genève, excepté pour quelques brefs voyages.

Ses nombreuses lettres que l’on a conservées reflètent probablement plusieurs facettes de l’homme. En voici une, peut-être révélatrice, qu’il a écrite à son fils Rodolphe lorsqu’il était à Paris en 1816: «Mon voyage ici m’a fait connaître trois choses: la première, c’est qu’il faut étudier ; la seconde, qu’il faut étudier ; la troisième, qu’il faut étudier. Si l’on est faible, il faut étudier pour devenir fort ; si l’on est fort, il faut étudier pour le devenir d’avantage. Et, après cela, il faut encore étudier pour se soutenir, ce qui n’est pas le plus facile… Quant à toi, mon ami, nous ferons pour le mieux ; puisque tu désires absolument être peintre, je ne veux point te détourner de ce projet, persuadé qu’il ne faut pas trop contrarier les inclinations… Etudie, dessine, jusqu’à mon retour ; tu seras peintre si Dieu veut, mais peintre instruit.» Malgré le caractère traditionaliste et ferme qu’on lui attribue, cette lettre dénote toutefois une certaine ouverture d’esprit, et une soif insatiable d’apprentissage.

Il épousa Jeanne-Antoinette en 1793 avec qui il eut trois enfants : Louise, Rodolphe et Ninette. Une fois devenu fameux, il faisait vivre sa famille grâce à l’argent obtenu de la vente de ses aquarelles, peintures, sépias, caricatures et aux revenus de son métier de professeur.

Il reçut divers honneurs durant sa vie. Il fût notamment représentant au Grand-Conseil dès 1826 et gagna une médaille d’or à l’exposition de Berne en 1830.

Adam-Wolfgang Tœpffer mourut finalement le 10 août 1897 à 81 ans, à la suite du décès de sa femme et de son fils. La vieillesse amena les chagrins et les chagrins amenèrent la mort.

Que peut-on dire de plus à propos de l’artiste lui-même ? Nous pouvons, par exemple, remarquer que, dans ses paysages, il ne se soumet pas à un idéal « italique » mais qu’il s’est au contraire plu à peindre la nature et le caractère de nos contrées telles qu’elles sont. Tœpffer était donc un réaliste et il se plaisait même à tourner en ridicule les adorateurs du beau idéal.

Comme d’autres, il n’était pas forcément un grand maître mais il était un peintre de qualité.

Concluons avec l’un des plus doux souvenirs qu’il nous reste de lui, transmis par Rigaud, l’un de ses élèves : «Ce n’était pas seulement un excellent maître, c’était en même temps un homme fort instruit, le conteur le plus original et le plus aimable ; l’heure passée avec lui ne s’écoulait que trop vite ; ses réflexions, les anecdotes qu’il contait en peu de mots et qu’il assaisonnait toujours de quelque traits spirituels qui les fixait dans la mémoire, donnaient un tel agrément à sa société qu’on eût pris volontiers de ses leçons pour le seul plaisir de jouir de sa piquante conversation. »

 

Précédents articles:

Les peintres genevois: Pierre-Louis De La Rive

Les peintres genevois: Jean-Pierre Saint-Ours

Jean Huber, dit «Huber-Voltaire»

Jean-Etienne Liotard, dit «le peintre turc»

 

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