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Luca solari, l’oeil du moine gris

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©Lucien Fortunati

Le photographe s’est plongé dans le quotidien d’une île tout au nord des Pays-Bas. Il en a tiré un ouvrage en noir et blanc, tout en contraste. Rencontre avec un passionné

Schiermonnikoog. L’œil du moine gris, en néerlandais. C’est sur cette île minuscule, tout au nord des Pays-Bas, que le photographe Luca Solari a jeté son dévolu il y a neuf ans. Séjour après séjour, la plupart du temps en hiver, il en a immortalisé les habitants et les lieux, malmenés par les vents, les marées, la température et le sable. Un endroit si rude que les premiers Romains arrivés sur les lieux en ont dit: «Ici, c’est invivable.» Pas tant que ça en fait. Sur cette île de seize kilomètres de long pour quatre de large, 957 habitants, pour la plupart pêcheurs ou capitaines à la retraite; des vaches, des moutons et des oiseaux. Aucune voiture. Mais surtout dix clubs de billard. C’est par cette entremise que Luca Solari s’est immiscé dans la vie de ce petit bout de terre à forte tradition maritime. Il en résulte aujourd’hui un livre, «La Forteresse», qui a été verni la semaine dernière à la librairie de l’île.
Mais revenons à nos moutons. Luca Solari est né à Gêne, en 1955. Mi-italien, mi-péruvien, il arrive à Genève à l’âge de 7 ans et s’y installe définitivement à la vingtaine. Conservatoire de musique en percussion, puis travail comme ingénieur du son à la radio des Nations Unies: strictement aucun lien avec la photo. «J’ai même livré la «Tribune de Genève» en boguet à l’époque, avant de participer au groupe de fusion «Incognito» explique le retraité, désormais photographe. Et la photo dans tout ça? «Au début, je prenais des clichés juste comme ça, en allant au travail, dit-il. Puis il y a eu la découverte du langage photographique.» Une révélation qui s’est réalisée en grande partie dans les librairies en consultant minutieusement des livres de photos, en étudiant leurs auteurs et leurs langages. «Petit à petit, cela a commencé à prendre de l’ampleur dans ma vie. J’ai appris à extraire l’essentiel dans le chaos de la vie et l’élément qui me permet de raconter une histoire à travers une image. Je suis donc totalement autodidacte en matière de photo.»
Depuis sa retraite de l’ONU, Luca Solari a repris la batterie, son instrument de prédilection. Mais il s’est surtout plongé corps et âme dans la photographie. Après quelques expositions, notamment aux Eaux-Vives en 2015 et aux portes ouvertes des Nations Unies en 2017, Luca Solari s’est demandé que faire de tout ce matériel photographique. Notamment celui de l’Île de Schiermonnikoog.
«J’ai découvert cette île en 2009 et j’ai décidé d’y revenir pour faire des photos en hiver. C’est une saison qui se prête bien à la photo en noir et blanc. Il y a une atmosphère particulière avec beaucoup de contrastes. Du coup, j’y suis revenu chaque année pendant neuf ans. À force je me suis intégré à la vie de l’île. Notamment à travers son tournoi de billard. J’avais fait la connaissance de Tiny, une nonagénaire propriétaire d’un de ces clubs, exclusivement féminin. On s’est très bien entendus et elle m’a demandé de prendre des photos. De fil en aiguille, un climat de confiance s’est instauré et je suis devenu le photographe officiel du tournoi», explique le photographe. Ainsi, années après années, le matériel photographique s’accumule. En 2018, le Frisland, dont fait partie Schiermonnikoog, devient capitale culturelle de l’Union européenne et le photographe genevois se dit qu’il y a là une occasion à saisir. D’autant plus que les autorités de l’île lui proposent alors de la représenter à travers ses photos à l’occasion d’une grande exposition. «C’était le moment idéal pour sortir un livre, se dit alors Luca Solari. J’ai contacté Mathjs Deen, un auteur à succès aux Pays-Bas et fin connaisseur de la région. Et nous nous sommes mis au travail.»
Le résultat est là: un usage magistral de la lumière et de l’obscurité en format A4, sur 386 pages, articulé autour de sept thèmes: Nature, Traces, Triptyques, Gens, Village, Histoire et, forcément, Billard. L’ouvrage, tiré à 1300 exemplaires, est intitulé«La Forteresse». «Conçu à Genève, imprimé à Vérone à l’aide d’un graphiste de Madrid, ce livre est très international», s’amuse Luca Solari. Mais pourquoi «La Forteresse», au fait? «L’île, protégée par l’Unesco, est ceinturée par des dunes de sable, explique le photographe. Soumise aux vents et aux marées, elle résiste depuis la nuit des temps. Un peu comme une forteresse. Les gens y viennent pour se construire et se renforcer, c’est un lieu de paix, protégé des voitures.»
«La Forteresse», Luca Solari, avec des textes de Mathjs Deen, disponible à la FNAC, la Librairie Galerie Bernard Letu et la Librairie de l’Île.

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Journaliste RP, fasciné par le tissu local genevois, ses petites histoires et sa fascinante diversité,  je participe avec l’équipe des Reporters de quartier à la réalisation de Signé Genève sur le site et dans le journal.

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