Quand le bien-être passe par les ongles

Les salons de manucure ou d’onglerie ont pris une ampleur insoupçonnée ces dernières années à Genève. Visite en catimini

Eh bien non, on vous le donne en mille, les salons d’onglerie ou de manucure ne sont ni réservés ni fréquentés par la seule gent féminine. Des ouvriers aux pognes calleuses et usées par la besogne, des banquiers aux mains de bébé ou des hommes dont les ongles sont rongés jusqu’à l’os y font tout autant de visites que des jeunes ou des dames âgées. «Souvent les hommes qui viennent pour la première fois me sollicitent d’abord pour un soin des pieds puis, avec un brin de timidité, me demandent si je fais aussi les mains!» s’amuse Laetitia Saija, qui tient Terrabella, un salon de stylisme ongulaire un peu particulier à la rue Vautier, à Carouge. Son originalité tient au fait que les clients peuvent également y louer, acheter ou faire réparer des TV chez Saya Télévision. «On fait tout en famille ici, dit-elle. Mon mari, c’est les télés; moi, les ongles!» Pose de faux ongles (nails en anglais), vernis semi-permanents, extension Tips ou french manucure: Laetitia a une activité très variée à la rue Vautier. Elle est également la seule formatrice agréée à Genève en ce qui concerne la résine de soie, une nouvelle technique redoutablement efficace.

A la rue Caroline, Angie Morzier est bien installée dans son fauteuil en skaï dans le salon Nails Style. Elle attend ses clients. Tout en dévoilant ses ongles d’un violet ténébreux, elle explique avoir ouvert son salon avec sa mère en 2014. Outre la manucure (nettoyage de cuticules, limage d’ongles, crème hydratante pour les mains et pose de vernis transparent ou rose.), ici on pratique également la pose d’ongles en gel ou en acrylique, le remplissage et toutes sortes de soins. Ici aussi, la clientèle est parfois masculine. «Notamment des guitaristes qui se font poser un ongle pour éviter de jouer de leur instrument avec un plectre. Mais cela se fait de moins en moins car il existe de bons produits en pharmacie pour renforcer les ongles.» La styliste réalise aussi du nail art, qui consiste à peindre différents motifs directement au bout des doigts. «Mais il faut beaucoup de patience pour cela», dit-elle.

Si le nombre d’instituts ou de salons spécialisés dans l’onglerie a sensiblement augmenté ces dernières années? Elle opine du chef. «Il est relativement aisé d’ouvrir un salon et les gens aiment se faire du bien.» De fait, les salons pratiquant l’esthétique de l’ongle sont légion à Genève. Fingertips, Coccinails, A la Belle Griffe, Nailissimo ou le SPA de l’ongle, les enseignes rivalisent d’ingéniosité et la concurrence est rude dans le domaine. Toutefois, pour Laetitia Saija, «le grand boom dans l’onglerie a eu lieu il y a dix ans, maintenant je dirais que cela se calme». Mais l’innovation ne recule devant rien en matière ongulaire et la dernière tendance en la matière, ce sont les nails partys, ou fêtes ongulaires. A l’occasion d’un enterrement de vie de jeune fille, pour un anniversaire, après le travail, on se retrouve pour des soins de l’ongle ou pour une petite manucure de derrière les fagots. Laeticia Saija s’y est mise depuis peu à Carouge. «Je privatise mon salon et dès lors, je peux accueillir jusqu’à 6 clientes. Avec quelques petits salés et une coupelle de champagne, c’est très sympa entre copines», dit-elle. Pour le coup, on est moins sûr que le concept fasse des ravages chez la clientèle masculine…

Fabien Kuhn