Un « jardin en ville » à la rue Leschot

Mardi 16 septembre sur le coup des 11h00, l’étroite rue Leschot généralement plutôt paisible est cette fois bien animée. La raison ? L’inauguration de la nouvelle échoppe de la Croix-rouge genevoise, « Un jardin en ville ». Dans la toute petite arcade, des cageots de légumes sont présentés sur des étals d’un côté, avec au-dessus des pots de fleurs, et contre le mur d’en-face, trône une étagère où s’exposent jus de fruits, vinaigres, moutardes, herbes aromatiques et autres victuailles appétissantes. Tout est bio, local et de saison.

Je rencontre Pascal Bonzon, adjoint de direction de la Croix-rouge genevoise, qui me signale que l’arcade est en fait déjà ouverte depuis le mois de mai, mais qu’ « on n’a pas fait trop de pub au début, pour voir si on arrivait à répondre à la demande ». Maintenant que la clientèle se fait tranquillement fidèle, il est temps de rendre le lieu connu à tout le monde.

Plus qu’une simple épicerie…

A-t-on affaire ici à une simple épicerie de quartier, étonnamment gérée par la Croix-rouge ? Bien entendu que non. La force du lieu est de réunir différents protagonistes du SEMO, le « semestre de motivation » de l’institution sociale, qui tend à former des jeunes sortis du circuit de formation « traditionnel » pour les réinsérer dans la vie professionnelle, les aider à trouver un apprentissage. Au SEMO, il y a des ateliers de jardinage, de communication-multimédia, de menuiserie, un service traiteur, etc.

« Le jardinage apporte aux jeunes un certain nombre de valeurs, celle de la patience, de la minutie », ajoute Pascal Bonzon. « Dans un projet comme celui-ci, ils voient véritablement le fruit de leur travail. » Sur le buffet, trônent en effet des réalisations à partir de produits que les jeunes ont vu grandir, mûrir et qu’ils ont fini par récolter avant que leurs collègues du service traiteur les transforment.

Une belle visibilité

Ces derniers sont présents aujourd’hui, pour servir vin et jus de pommes bio aux curieux et habitants du quartier qui se sont déplacés pour l’occasion. Tous les légumes et plantes à fleurs vendus dans l’arcade ont naturellement été cultivés par les jeunes lors de l’atelier jardinage. D’autres encore s’occupent de la vente dans l’arcade, afin d’être en contact avec la clientèle, encaisser la marchandise. Dans le magasin, on trouve également des objets en bois comme des nichoirs, accomplis lors de l’atelier menuiserie. Pour chacun, un ancrage réel dans le monde professionnel donc.

« Cette vitrine est finalement la mise en valeur de tout ce travail », conclut M. Bonzon. Les serres et cultures dans lesquelles les jeunes évoluent toute l’année sont situées dans la campagne genevoise, ils n’ont pas beaucoup de visibilité. Ici, en plein milieu d’un quartier aussi vivant que Plainpalais, on peut mieux apprécier ce beau travail. Une certaine fierté se dégage en effet du regard des cinq jeunes qui sont présents derrière la table de l’apéro.