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A Anières, requérants d’asile et habitants cohabitent sans heurts

A Anières, requérants d’asile et habitants cohabitent sans heurts

Lorsque j’ai emménagé, il y a plusieurs années, à proximité d’Anières, j’ai découvert ce qui était pour moi un petit coin de paradis. J’ai tout de suite apprécié le grand air, le calme et la vie paisible de la vie à la campagne. Quelle ne fut pas alors ma surprise, lorsque que, quelques mois plus tard, une connaissance m’a demandé si ce n’était pas trop difficile de vivre près d’Anières, s’il n’y avait pas trop de problèmes de sécurité. Je suis tombée des nues. Des problèmes de sécurité? Mais de quoi parlait cette personne? Du centre de requérants d’asile installé sur la commune.

Avant, de vivre dans la région, je ne connaissais des problématiques de l’asile que ce que les journaux et la télévision avaient pu m’apprendre sur le sujet. Toutefois, force était de constater que les discours alarmistes ou sécuritaires entendus très souvent à ce sujet n’avaient rien à voir avec la réalité que je vivais. La cohabitation entre les résidents du centre et les habitants de la commune se passait à mes yeux sans heurts. J’ai alors voulu en savoir un peu plus sur le centre et ses résidents. J’ai voulu avoir des faits et non des opinions. Je suis pour cela allée à la rencontre de Gabriel Fratianni, le directeur du centre, et ai interrogé Nicole Elliott, directrice de l’école d’Anières.

La scolarisation, facteur d’intégration

A Anières, le centre de requérants d’asile est ce que l’on appelle un centre de socialisation. Il accueille actuellement en moyenne 300 personnes, pour une capacité de 156 places. Il est donc clairement en surpopulation. Plus de la moitié des résidents sont des familles avec enfants et 47 nationalités différentes se côtoient au quotidien.

Dès leur arrivée, les résidents suivent un certain nombre de cours. Ils sont ainsi sensibilisés aux us et coutumes de la Suisse, apprennent le français et suivent pour certains des ateliers de formation, dans des secteurs économiques où la main-d’Å“uvre manque sur le territoire, comme par exemple dans le bâtiment, l’hôtellerie ou le nettoyage.

Quant aux enfants, ils sont très rapidement scolarisés à Anières. « Nous avions un temps envisagé d’ouvrir une classe spécifique au centre pour les enfants, mais après concertation avec la Direction de l’Instruction Publique (DIP) et les autorités de la commune, il nous a paru plus judicieux d’intégrer ces enfants dans les classes déjà existantes du village », précise Gabriel Fratianni. En tout, de 25 à 50 bambins sont ainsi scolarisés pour quelques semaines, durant l’année. La scolarisation est un facteur d’intégration important pour les enfants et pour leurs parents. « Les familles sont accueillies au moment des inscriptions par la maîtresse de classe d’accueil et un interprète, explique Nicole Elliott. Nous attachons une très grande importance à ce premier contact, afin que les parents se sentent mis en confiance. Par la suite, plusieurs rencontres ont lieu avec les parents, tout au long de la scolarisation ». Et d’ajouter: « Les classes d’accueil se veulent des havres de paix, un moment d’enfance retrouvée où les enfants peuvent s’épanouir et apprendre en toute sérénité ».

Si cette intégration est bénéfique pour les enfants du centre, elle l’est aussi pour les enfants du village, qui découvrent ainsi de nouvelles cultures, de nouveaux horizons. « La situation des élèves en classe d’accueil semble bien acceptée par les parents des autres élèves de l’école, explique Nicole Elliott. Beaucoup voient à travers ces échanges une belle opportunité pour leurs propres enfants d’ouverture sur le monde et de leçon de vie. Nous rencontrons d’ailleurs, de la part des parents résidents, des élans de solidarité spontanées ».

Les problèmes existent, mais restent mineurs

Quant aux autorités d’Anières, elles sont extrêmement ouvertes à la collaboration. Gabriel Fratianni rencontre régulièrement le maire de la commune, Patrick Ascheri, et il s’en félicite. « Pour M. Le Maire, les problèmes qui peuvent parfois surgir aux alentours du centre ne sont pas dus au type de population qui y réside, mais à la concentration de personnes vivant en un même lieu. Regroupez 300 personnes dans n’importe quel endroit et vous constaterez immanquablement quelques désagréments », m’explique le directeur du centre.

Le directeur du centre parle d’ailleurs très ouvertement des nuisances existantes. Des habitants de la commune se plaignent parfois de vol de légumes dans leur jardin, de bruit aux arrêts de bus, particulièrement la nuit, mais aussi de vols de vélos. La direction du centre met actuellement en place de nombreuses mesures pour réduire ces incivilités. « Le centre est en cours de sécurisation, car des personnes, souvent responsables de désagréments pour les voisins, ne sont en fait pas des résidents, mais squattent les locaux, explique le directeur. En cas de vol de vélos signalés, nous fouillons également les bâtiments pour voir s’ils se trouvent effectivement dans le foyer ». « Dès le mois de septembre, le centre devrait de plus accueillir essentiellement des familles et pour de plus longues périodes, poursuit Gabriel Fratianni. Les abords du centre devraient donc être plus calmes et nous pourrons mettre en place de vrais projets de socialisation ».

La question des requérants d’asile et de leur accueil est un sujet complexe, qui génère beaucoup de fantasmes et de peurs populaires. Pourtant, en vivant au quotidien à proximité du centre de requérants d’Anières, et en discutant de cette problématique avec certains de mes voisins, je constate que sa présence ne pose pas de problèmes majeurs et qu’au contraire il peut être source d’enrichissement et d’ouverture d’esprit. Pour de nombreuses personnes, la question de l’asile rime avec délinquance et nuisance. Or, il me semble important de montrer qu’à Anières, à tout le moins, la réalité semble bien différente et que finalement on craint simplement souvent ce que l’on ne connaît pas.

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Photo du profil de Anne-Laure Roudaut
Habitant en Suisse depuis 16 ans, j'apprécie la vie au bord du lac et particulièrement à Corsier.
A travers mes articles, je tente de faire découvrir les beautés de la campagne et des bords du lac et de mettre en valeur des gens extraordinaires, rencontrés grace aux hasards de la vie.

1 commentaire

  1. Si seulement le monde pouvait être à l’image de ce Centre de requérants : respect, humanisme, ouverture d’esprit. Ne sommes-nous pas tous des êtres humains, avec nos joies, bonheurs – petits et grands – , nos peines, soucis et bobos, qualités et défauts ?. Nous ne faisons qu’un (bref) passage sur cette terre, alors ne dérapons pas, ne versons pas dans le fossé… Non à la haine de l' »autre », à la course au fric, au pouvoir, flattant un ego démesuré.

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