Ces lieux oubliés au bord du lac

Entre rive droite et rive gauche, campagne et ville, Genève regorge de petits coins sympas au bord du lac. Visite en catimini.

Tout le monde connaît Genève-Plage ou les Bains des Pâquis. Le Vengeron ou la Perle du Lac. Ces endroits conviviaux, véritables autoroutes des loisirs genevois tant ils sont fréquentés en été. Baby-Plage ou la plage du Vengeron? Impossible d’y déposer son linge et d’aller faire trempette tant ces lieux fourmillent. Pareil à la Savonnière ou au Creux de Genthod: bondés.

Mais qui sait que Genève fourmille de petites plages si méconnues des autochtones qu’elles en sont quasi désertées durant tout l’été? Petit tour tout à fait partial.

A Anières, Hermance ou Collonge-Bellerive, par exemple, les secrets sont bien tenus. Nul panneau signalisant l’opportunité de baignade à la plage du Débarcadère. Ni à celle de la Gravière et encore moins à celle des Courbes (chemin des Courbes 33, Anières). Et pour cause: «Il n’y a jamais beaucoup de monde ici, et c’est tant mieux, révèlent deux jeunes filles qui se dorent la pilule dans le gazon coupé ras de la plage des Courbes. Personne ne connaît cet endroit à part les gens qui habitent autour. N’en parlez surtout pas!» Raté.

A la plage du Débarcadère (eau limpide, gazon, galets et bancs installés), Mathilde sirote une bière aromatisée au sortir de sa baignade: «J’adore cet endroit, c’est reposant, silencieux… et cette vue sur le Jura!» Le lieu n’est pas surveillé et reste ouvert de 8 h à 23 h. On peut y pratiquer la planche à voile et le kayak, mais le camping, les feux et les chiens sont bannis. Un vrai paradis à quelques encablures de la ville. La plage de la Gravière est plus austère et bien plus petite. Ici, les herbes hautes ont pris le dessus sur le gazon et une poule d’eau barbotte sur la plage de galets. Deux bancs, une poubelle. Quelques barques qui semblent venues d’un autre siècle.

Entre Hermance et Collonge

Il y a encore la plage de la Nymphe (chemin du Milieu, 27 bis, Collonge-Bellerive), un peu plus loin, réaménagée il y a quelques années. On y accède par un chemin en gravier qui sinue à travers les arbres. Des jeux pour enfants ont été installés et une sirène règne noblement sur un rocher enfoui dans le lac. Elle contemple la rade de Genève. «Il n’y a jamais foule ici, disent de concert trois collégiens qui étudient pour leurs examens trimestriels, c’est peut-être car on est trop loin de la ville…» A ces lieux enchanteurs de la Rive gauche, il faut ajouter la plage et le camping d’Hermance, tenus depuis Mathusalem par Beslim Sefiji. Si l’accès est payant ici, c’est que le gérant et son équipe traitent les lieux avec égards. Le gazon est soigné, tout est nickel. Le pique-nique est autorisé mais pas les grillades

A part les plages, il y a aussi les clubs de sport, bars et autres buvettes pour se détendre hors des sentiers battus. On pense notamment à Tropical, à la Terrasse ou au Reposoir, à nouveau des lieux où il n’y a pas forcément foule. Quoique… Sébastien Marti, propriétaire de la Terrasse avait 21 ans quand il s’est lancé dans l’aventure. «Dès l’âge de 9 ans, je vendais des boissons réfrigérées dans des glacières sur les quais en été. Ensuite, vers 13 ans, j’ai fait la même chose, mais avec mon petit bateau. J’allais de rocher en rocher de baby plage au Port-Noir pour vendre mes sodas. A 21 ans, j’ai décidé de me «sédentariser». Dès qu’on a posé la première chaise, ça a très bien marché. Il y avait une grosse demande de la part de la population genevoise.» Le lieu, sympathique avec sa clientèle cosmopolite, dont beaucoup d’anglophones, peut accueillir une centaine de personnes. «J’ai essayé de recréer une ambiance de bar du sud, une sorte de paillote», dit Sébastien Marti. Pari réussi avec ses deux bars où on peut siroter un jus du 1er avril au 30 septembre de 9 h à minuit. Depuis peu, la Terrasse loue des stand up paddles (ndlr: des planches à rames sur lesquelles on se tient debout) pour aller faire un petit tour sur le lac.
Retour sur la Rive gauche

De l’autre côté du lac, juste à côté de Genève-Plage, Tropical fait face à la Perle du Lac et au Reposoir. Ici, la restauration est secondaire, on est dans une école de planche à voile et de paddle. Clément Dechaillé, responsable sport insiste: «Il faut rappeler qu’à la base nous sommes un club de sport. La buvette et les soirées nous permettent d’investir dans du matériel neuf.» Car ici, des soirées, il y en a. Deux par saison, souvent avec des DJ de réputation internationale. Le samedi 7 juin, près de 4000 personnes se sont déplacées afin de se déhancher au bord de l’eau. Prochaine session, le 4 juillet. En attendant, on pourra profiter du coucher de soleil à Tropical, qu’on dit l’un des plus beaux de Genève. Sans rire. Même lieu mais pas même ambiance, plus motorisée, juste en face, on trouvera les fanas de Wakeboard. Ici aussi une buvette, qui attire les estivants comme des mouches. Entre le Wake et Tropical, le matin, il y a peu de monde. Mais attention, dès l’heure de l’apéro, on s’y bouscule.

Et si on cherche vraiment un lieu tranquille au bord du lac à Genève en été, il reste la ruelle de l’Epuisoir à Bellevue, sur la rue de Lausanne. Vue prenante sur le Mont-Blanc. Parfait pour un petit taï-chi matinal.