Chambardement familial pour la rentrée

Cette année, les enfants iront dès 8 ans à l’école le mercredi matin. Réorganisation à venir au sein des familles et des activités extrascolaires

2014 sonne le glas de l’exception genevoise. Ce mercredi 27 août, tous les enfants scolarisés du canton âgés de 8 à 12 ans, soit 16 000 élèves de la 5P à la 8P vont fouler les bancs des écoles genevoises. Pour les familles, cette introduction de l’école le mercredi matin peut poser des problèmes de logistique. Car ce jour était souvent pour les jeunes l’occasion de prendre un cours de danse, de flûte, de jouer au foot dans diverses institutions

Chantal Rijken habite Versoix. Elle travaille dans le secteur bancaire à 80% mais pas le mercredi. Elle est la maman de trois enfants dont deux iront à l’école ce mercredi pour la première fois: «Jusqu’à maintenant, mes enfants ont toujours pratiqué une activité extrascolaire le mercredi matin, musique ou sport. Le mercredi après-midi était consacré au repos, à voir des amis ou à simplement jouer. Maintenant on va devoir se réorganiser et c’est difficile de trouver des horaires pour le piano ou le tennis. On va devoir faire des choix: un cours de musique l’après-midi ou jouer avec les copains. Je me sentais plus libre avec ce jour de congé en entier. J’avais plus de temps pour les voir. Mais je n’émets aucune critique du point de vue pédagogique. De plus nous avons été très bien informés par l’école qui a beaucoup parlé du sujet. Mes enfants sont préparés et supportent plutôt bien l’idée.»

 Avis contrastés

Un avis sensiblement plus contrasté de l’autre côté du lac: «C’est une perte de liberté pour les parents et les enfants, tonne Roland Sutter, président de l’association des parents d’élèves de Collonge et Vésenaz (APECOVE). Les enfants n’ont plus la liberté du mercredi ni d’ailleurs celle du mardi soir. Avant, on avait le choix, maintenant on ne l’a plus. Toutes les activités extrascolaires vont se recentrer sur le mercredi après-midi et sur le week-end. Je ne suis pas convaincu de la pertinence de cette réorganisation. Mais c’est comme ça, on fera avec.» Cette problématique des choix à faire pour les activités extrascolaire touche également Roseline Bals, une maman de deux filles de 6 et 9 ans. La grande foulera les bancs de l’école ce mercredi pour la première fois. «Le mercredi matin, c’était notre bulle d’air, on allait une fois par mois au cinéma à la Lanterne Magique au Rialto. De même, le mardi soir était un soir de fête, nous allions au théâtre Am Stram Gram, c’était l’occasion d’aller au resto ou d’inviter une copine à dormir à la maison. C’est fini tout ça. On a dû restreindre nos activités à deux. Notre abonnement au théâtre est passé de six spectacles à trois. Mes filles étaient tout tristes. Maintenant toutes ces activités sont concentrées. Par exemple, Am Stram Gram se passera le samedi. Alors que le week-end était pour notre famille plutôt réservé à la randonnée, à la visite des grands-parents ou simplement à rester en famille. Il nous faudra faire des choix et faire des choix, c’est restrictif…» Sa fille Luna est également sceptique: «Je ne me réjouis pas d’aller à l’école mercredi, je ne pourrai plus faire la grâce matinée, moi qui aime tant ça…»

D’autres, comme cette maman d’origine américaine, habituée à l’école le mercredi matin, sont tout à fait satisfaits de cette nouvelle situation. Elle a une nounou, ne travaille pas à temps complet et habite à 350 mètres de l’école. Facile. De plus, elle estime cela comme bénéfique d’un point de vue pédagogique. Ou encore cette maman qui vient de Belgique, membre du comité de l’APECOVE qui trouve cela parfaitement normal. Dans son pays d’origine le mercredi matin a toujours été un jour d’école. Pour autant, la situation n’est pas dramatique.

Solidarité entre parents

A Collonge-Bellerive, si l’association des parents d’élèves n’a pas été sollicitée, de nombreux parents s’arrangent entre eux en fonction des affinités ou des opportunités. Notamment concernant le mercredi à midi. «Je sais que la plupart des communes du lac n’ont rien prévu ce jour-là à midi. Seul le parascolaire de Chêne-Bourg a organisé quelque chose, dit Roland Sutter. Nous à Collonge, on est une commune plutôt privilégiée, il y a beaucoup de mamans qui ne travaillent pas, ce sera plus facile. Les parents vont se débrouiller entre eux.» Une solidarité entre parents qui fonctionne bien pour Roseline Bals par exemple dont les filles vont parfois manger à midi chez des copines et qui elle-même accueille cinq enfants le jeudi à midi. «Ca leur évite d’aller au parascolaire tous les jours, cette solidarité entre parents a toujours bien fonctionné à Collonge.»

D’autres problématiques sont relevées du côté d’Anières, notamment concernant les activités extrascolaires. «Le mercredi matin, il y avait les cours de tennis dans la salle de sport de l’école. On n’a pas su me dire comment cela allait se passer dorénavant, note Isabelle Arenas, une maman, présidente de l’APE Anières. Il faudra condenser, déplacer les horaires, tout réorganiser. J’ai de nombreuses interrogations à ce sujet. Cela implique un gros changement au niveau de la famille. Il aurait été bien plus simple d’ajouter une heure de cours par jour et d’avoir une vraie pause en milieu de semaines. J’ai l’impression que le mercredi matin à l’école pour le cycle moyen n’arrange pas grand monde.»

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La réorganisation des activités extrascolaires

De façon générale, les activités extrascolaires se sont adaptées au nouvel horaire du mercredi matin. Les cours matinaux sont réservés aux 4 à 7 ans et ceux de l’après-midi pour tous les âges. Pour Julie Sauter Jacot, responsable des activités extrascolaires au  service des loisirs éducatifs de l’Office de l’enfance et de la jeunesse du DIP  : « Il y aura dorénavant proportionnellement plus d’activités le mercredi après-midi. Globalement,  il n’y en a toutefois pas moins. Elles sont juste planifiées autrement. Nous travaillons sur le nouvel horaire  depuis plus d’une année. Cette  rentrée 2014  a bien sûr été anticipée. Le plus difficile a été de trouver des locaux pour nos activités, mais grâce à l’excellente coopération des directeurs d’écoles, cela s’est très  bien passé. Il faut saluer également la collaboration entre le canton et les communes qui a permis d’encore mieux répartir les activités sur le territoire genevois, de Versoix à Lancy en passant par Carouge, Onex, etc. » Elle ajoute :  « Nous avons essayé de proposer  dans la mesure du possible des horaires arrangeants pour les familles,  par exemple, à l’école de Balexert, le cours  de tennis de table le mercredi matin pour les 5 à 7 ans se termine à 11h 30 afin que les parents puissent chercher tous leurs enfants en même temps et n’aient pas besoin de faire plusieurs trajets »

Problèmes similaires du côté du conservatoire de musique populaire (CPMDT). Des locaux qui se font rares et des reports de cours parfois difficiles. Au Conservatoire, l’idée était de concentrer les leçons pour les petits le mercredi matin et de dispatcher le reste sur les autres jours de la semaine. « Nous avons nos locaux propres mais une bonne partie de nos cours se passent dans les écoles, d’où la difficulté de les caser le mercredi matin. Finalement cela ne s’est pas trop mal passé, car une convention interne au Département de l’instruction publique priorise l’accès aux locaux aux activités déléguées, dont nous faisons partie », explique Peter Inten, directeur du CPMDT.