Et si vous ouvriez votre maison? Le concept des soirées « Toc-Toc »

Que faire de ses soirées quand on est la mère de trois ados qui partent en vadrouille tous les week-ends ? Cette question, Anita, habitante de Versoix, se l’est posée en décembre 2012 : « Vu qu’il n’y a plus de relations sociales qui se créent par l’école des enfants, je trouvais que ça ne faisait plus assez de contact pris. Pourtant, les gens que tu connais ont probablement des amis avec qui tu t’entendrais bien. Je voulais trouver un compromis pour ouvrir l’horizon et voir des gens sympas, sans passer plus de temps hors de la maison. » Germe alors l’idée d’organiser une soirée Toc-Toc une fois par mois.

Le principe « bistrot »

Le nom parle de lui-même : on frappe à la porte, et on entre. Désireuse d’organiser des soirées selon ce qu’elle appelle « un principe bistrot », Anita décide de mettre l’accent sur la simplicité et la spontanéité. « J’inverse l’invitation : j’ouvre la maison, et les gens s’invitent chez moi. » Sage-femme de métier, elle fait une comparaison entre ce principe et une grossesse. Dans les deux cas, on offre l’habitacle et la nourriture, mais on ne sait pas ce qui va se produire à l’intérieur. En janvier 2013, elle se lance à l’eau et envoie des invitations à toutes ses connaissances. Le mot d’ordre ? Venez quand vous voulez, et avec qui vous voulez ! Les amis des amis sont des amis. Seule restriction : les enfants ne sont pas conviés.

Malgré l’appréhension de l’organisatrice, la première soirée est un succès. Douze personnes sont présentes. Des collègues du travail, des amis de longue date, des voisins, des cousins, tous les horizons sont mélangés. Anita estime que cette réussite est due à l’ouverture d’esprit des gens qui osent s’inviter à un événement fréquenté par des inconnus. L’écho est très enthousiaste, surtout du côté des femmes, et les invités apprécient la possibilité si peu suisse de venir sans prévenir. Encouragée par ces retours, Anita maintient son projet, le bouche-à-oreille et la régularité des soirées créant une réputation grandissante. Au fil des soirées, de nouvelles personnes sautent le pas et des connexions se créent entre des individus qui ne se seraient jamais rencontrés autrement, amenant notamment à des échanges de livres et des propositions professionnelles.

Un an de toqués

Le vendredi 31 janvier 2014 a eu lieu la soirée d’anniversaire du concept. Comme toutes les soirées précédentes, elle se déroule selon le même modèle : un repas est servi, et se joignent à table ceux qui se sont annoncés. Les autres peuvent rejoindre la soirée en cours de route, à l’improviste. A 19h30, les premiers convives arrivent. Ils ne sont « que » six ce soir, alors que la moyenne oscille entre dix et douze invités (avec des maxima de 20 personnes !). Les rires fusent dès les premières minutes de l’apéro, alors que les invités restants rejoignent petit à petit. Et si tout le monde n’arrive pas au même moment, aucun problème, on n’est pas pressés. Ce vendredi-là, le repas est servi à 21h passées. « On ne sait jamais ce qu’on va manger. On demande si on peut amener quelque chose, et parfois on a le droit, parfois pas », me raconte Dianella, toquée fidèle qui semble apprécier la surprise. Au menu du jour: soupe au céleri à l’huile de truffe, tagliatelles citronnées au thon et tiramisu framboises-pistaches.

Si les invités soulignent la qualité et la variété des repas, c’est surtout le côté sympathique et convivial qui est apprécié. « Le concept est génial, mais il fait oser venir » juge le voisin suédois, qui demande si ce type de repas est courant. « Non, pas en Suisse, on se mélange pas trop. A part pour les mariages. » lui répond Nadine, qui en est à sa sixième soirée toquée et qui a déjà amené des amies. Des améliorations à proposer ? « Un masseur cubain peut-être ? » lance une voix. Et les rires repartent de plus belle.

Après une année de soirées Toc-Toc, Anita est émerveillée du résultat : « C’est vraiment un rêve ! Je n’aurais pas imaginé qu’il y ait autant de gens divers qui viennent. Cela a pris des proportions au-delà de ce que j’avais imaginé. » Elle souligne la solidarité instaurée par le concept, car les invités participent fréquemment aux repas, amenant entrée ou dessert. Il n’y a pas d’ombre sur le tableau, hormis la présence restreinte des convives masculins. Tous les participants veulent revenir, et ne se gênent pas pour débarquer sans s’annoncer, ce qui ravit Anita. Après un Nouvel An mélangeant amis, famille et collègues dans des proportions parfaites et l’anniversaire du projet Toc-Toc, cela ne peut que continuer. Et Anita recommande ce concept : « Il faut se lancer, parce que les gens adorent ! On a besoin de relations qui ne sont pas virtuelles mais spontanées. Et la mosaïque des gens présents est toujours différente, c’est très stimulant ! » Alors, quand ouvrez-vous votre maison ?

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