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La chasse aux bateaux-ventouses est ouverte!

La chasse aux bateaux-ventouses est ouverte!

Genève compte bien plus d’embarcations que de places d’amarrage. Pour les gardes-ports, il s’agit de traquer ceux qui profitent de la pénurie.

Au vu de la vingtaine d’œufs qui l’entourent et de la taille de son nid, la foulque confortablement installée à l’arrière d’un bateau n’a pas bougé depuis des mois. A quelques brasses de là, pile en face du Jet d’eau, les araignées goûtent à la moisissure qui recouvre une autre embarcation. «On appelle ça un bateau hippie», lance le garde-port Alain Vittoni, en référence aux algues qui coiffent la quille. Son propriétaire recevra une mise en demeure. A la deuxième interpellation, il risque de perdre sa place d’amarrage.

Dans un canton qui compte environ 4500 places (3500 à quai et 1000 bouées) pour plus de 6500 bateaux immatriculés à l’Office cantonal des véhicules, l’amarrage fait office de casse-tête. Pas loin de 400 dossiers sont actuellement en attente. Celui qui acquiert une embarcation aujourd’hui devra patienter entre cinq et six ans avant de pouvoir attacher les amarres. En conséquence, «les ventes ont chuté, car il devient très difficile d’être propriétaire. Mais ça ne signifie pas que plus personne ne veut faire du bateau. Bien au contraire», observe Giovanna Fanni, présidente de l’Association des propriétaires de bateaux.

«Les outils manquent»

Dans ce contexte de pénurie, les foulques envahissantes ou la moisissure s’expliquent: celui qui quitte sa place laisse filer un privilège. C’est alors que les rafiots deviennent des croûtes encombrantes. «Mais il y a aussi des bateaux très bien entretenus qui ne sortent jamais», indique Stefan Szeless, chef de la capitainerie cantonale. C’est son service, totalement réorganisé en 2005, qui délivre les places d’amarrage. Les trois gardes-ports sous ses ordres veillent notamment à ce que les propriétaires entretiennent leur bateau, conformément à la Loi sur la navigation. Mais Stefan Szeless avoue que «les outils manquent» pour lutter contre «5% incompressibles» de navigateurs indélicats.

Pour Alec Tournier, secrétaire général de la Société nautique de Genève (SNG), qui attend son extension (lire l’encadré), le problème est similaire dans chaque port sans qu’aucun moyen efficace n’ait été mis au point. «Il existe des puces électroniques qui enregistrent les entrées et les sorties des bateaux, explique-t-il. Un seul port en Suisse fait cela. Le problème est que cette méthode pénalise les nombreux propriétaires qui profitent à quai.»

La location, un modèle d’avenir?

Malgré tout, des plaisanciers acceptent de céder leur place. Mais bien souvent, ils ajoutent à la transaction une embarcation au tarif exorbitant. Pour le constater, il suffit de consulter les petites annonces qui regorgent de biens surestimés à vendre, du type: «voilier offshore, 8 mètres avec place d’amarrage à Port-Choiseul. 17 000 fr.» Selon un connaisseur, l’embarcation ne vaudrait pas plus de 6000 francs. Au vrai, l’acheteur paie le prix fort pour obtenir le droit de louer une place (au prix fixe de 43 fr./m2 en zone portuaire) et ainsi éviter la liste d’attente. «Après l’achat, nous contrôlons que l’acquéreur conserve son bateau durant deux ans», avertit toutefois Stefan Szeless.

Au final, tandis que les professionnels du lac s’accordent à dire que la majorité des bateaux ne sortent pas plus de cinq fois par année, est-il raisonnable de se lancer dans l’achat d’une embarcation personnelle? Une partie de la réponse émerge dans les divers modèles de boat sharing qui font surface à Genève. La société Léman Loisirs ou la coopérative Sailcom, par exemple, proposent de louer plutôt que d’acheter. La capitainerie tente également de dissuader les futurs navigateurs: «C’est un modèle dont nous faisons la promotion. Car notre tâche est de faire en sorte que les bateaux naviguent au maximum.»

 


«Plus de passe-droits possibles»

«C’est un boulet qui nous poursuit», affirme Stefan Szeless, chef de la capitainerie cantonale lorsqu’on évoque les éternelles rumeurs de «copinage» selon lesquelles certaines demandes de place d’amarrage seraient favorisées. Pour y mettre fin, la capitainerie joue la carte de la transparence en permettant à chacun de venir constater son avancement sur la liste d’attente. «Il y avait peut-être une certaine opacité dans les années 2000, mais la réorganisation de 2005 servait aussi à mettre de l’ordre là-dedans. Désormais les passe-droits sont impossibles et la Cour des comptes y veille.»

 


La plage des Eaux-Vives au point mort

Deux projets côte à côte, en gestation depuis 2010, pourraient augmenter le nombre de places d’amarrage autour de la future plage des Eaux-Vives. D’un côté, le Canton prévoit de déplacer les embarcations en aval du Jet d’eau vers un nouveau port. Seule une trentaine de places devraient s’ajouter. De l’autre, la Société nautique de Genève envisage 300 à 400 places supplémentaires grâce à l’extension de son port. Si l’inauguration était initialement prévue pour l’été 2013, les recours déposés par le WWF bloquent toujours la réalisation des travaux.

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Passionné par l’info au coin de la rue, j'ai commencé à écrire dans ma commune de Vernier.
En parallèle, un site Internet consacré au foot des talus, des études et expériences dans le journalisme local ainsi que de longs voyages à vélo ont tracé mon parcours.

3 commentaires

  1. Là où la chatte a mal à la patte c’est lorsque le propriétaire vend la croute avec la place et que le prix dépasse largement celui de la barque! A part ça on est dans une démocratie, les citoyens sont libres de faire ce qu’ils veulent à partir du moment où ils paient ce qui est dû. Le flicage à tout va, laissons-le à l’oncle Sam ou au Robespierre d’à côté!

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  2. Depuis des années le même problème, l’APB s’est, avec la Police de la Navigation et le service de la capitainerie attelé a ce problème. Des propriétaires sont peut-être malades, décédés, mais comment dire à un propriétaire:vous êtres trop vieux pour naviguer…J’ai connu des propriétaires qui venaient à leur embarcation, qui reconnaissaient ne plus avoir la santé, mais étaient incapable de s’en séparer. Un bateau et son propriétaire, c’est souvent une vieille histoire d’amour.
    Pendant 20 ans au comité de l’Association des Propriétaires de Bateaux.

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  3. C’est dingue!

    Les propriétaires paient pour lesdites places. Donc, non content d’encaisser de l’argent nous allons, de surcroît, les ennuyer avec des pécadilles supplémentaires!

    Pourquoi ne pas, tout simplement, construire d’autres lieux d’accueil pour les bateaux ?!

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