En effet, les travaux de construction du nouveau centre de chirurgie ambulatoire et de consultation à deux pas de cet hôpital entraînent toute une série de désagréments, tant pour les patients hospitalisés que pour les employés, comme pour les habitants du quartier. Les nombreuses machines de chantier qui s’affairent journellement, le bruit, la poussière, rehaussés par cette canicule persistante, affectent le quotidien des usagers de cet établissement de réhabilitation et rééducation. Nous l’avions déjà évoqué dans notre rubrique sur « Signé Genève » le 6 mars dernier.
Une lectrice de la Tribune de Genève s’exprimait d’ailleurs samedi 16 juillet dernier dans les pages du « courrier des lecteurs », suite à la récente hospitalisation de sa maman, en ces termes : « Moche séjour à Beau-Séjour ».
Il est vrai que lorsque l’on vient rendre visite à un proche séjournant dans cet hôpital, par exemple, on ne peut pas ignorer l’énorme chantier qui entoure ces structures, surtout si l’on veut passer par le petit chemin traversant la forêt entre l’Avenue de la Roseraie et l’ancien parking devant le Pavillon Louis XVI. Les écoliers du Cycle de l’Aubépine qui empruntaient régulièrement ce raccourci devront également patienter durant au moins deux ans : il est en effet condamné pendant toute la durée de ces constructions.
Bien évidemment on sait que tous travaux, quels qu’ils soient, entraînent leur lot de nuisances, même si dans ce cas particulier il s’agit à terme d’améliorer la qualité de prise en charge, les traitements et le confort des patients. Cependant, il faut reconnaître que le séjour des personnes hospitalisées à l’heure actuelle n’est pas aisé.
Comme il l’a été également mentionné dans la Tribune, le parc n’est effectivement plus accessible, ni pour les patients, leurs visites, ni pour les employés : pas question d’aller boire un café sous les grands marronniers, ou déguster une glace près de la magnifique fontaine la « Lune Brisée », œuvre du sculpteur Manuel Torres. La piste de pétanque, offerte à l’époque par le Lion’s Club de Genève à l’Atelier d’Animation, l’ancien centre de loisirs et de détente pour les personnes hospitalisées, a été détruite ; le jeu d’échec géant imaginé également par l’Atelier et sponsorisé par la Fondation Artères, n’est plus praticable pour l’instant. Les clients de la cafétéria publique du rez-de-chaussée ne peuvent dont plus profiter de la grande terrasse, mais heureusement l’intérieur du hall principal est climatisé, ce qui est fort appréciable ces derniers jours.
On apprend que ces travaux dans les jardins sont également liés à ceux de l’Avenue de Beau-Séjour 22-24 : un tunnel est en effet percé pour créer un passage en souterrain qui reliera l’Hôpital Beau-Séjour à la nouvelle clinique, sur le même modèle que ceux qui relient déjà tous les établissements de soins entre eux et avec les bâtiments principaux de l’Hôpital cantonal.
On ne saura pas si ces excavations ont permis de découvrir des vestiges enfouis ou des curiosités en rapport au passé historique du domaine, du peintre Louis-Ami Arlaud qui résida dans la Maison Carrée (Pavillon Louis XVI) dès 1802, aux soldats autrichiens qui campèrent dans les parages vers 1813 ? Les bêches des jardiniers de l’hôpital ont en effet parfois déterré d’anciens boulets de canon à l’époque… La période où un pensionnat sis au même endroit accueillit le futur Napoléon III (Institut de Champel crée par Henri Venel vers 1831) puis dès 1873 la Société Hydrothérapique de Champel-les-Bains qui lui succéda a peut-être également laissé des traces ? Les cuisinières ou les femmes de chambre du prestigieux Hôtel Beau-Séjour et son ancien Palace, lorsqu’elles cassaient de la vaisselle précieuse, n’allaient-elles pas discrètement enterrer les morceaux dans les jardins ?
Espérons que lorsque tout sera terminé en 2024-25, le parc aura retrouvé de nouvelles plantations d’arbres et de buissons (les actuels ont été sacrifiés pour certains), une piste de pétanque flambant neuve et d’autres commodités au bénéfice des futurs usagers…
Il faut toutefois relever que les HUG s’efforcent tout de même de mettre en place des solutions, notamment pour les patients ambulatoires ou à motricité réduite qui doivent impérativement se déplacer avec leur propre voiture. Comme les places de parking devant Beau-Séjour ont pratiquement toutes disparu, un service d’accompagnement et de voiturier a été organisé : les personnes qui peuvent attester d’un traitement, ou qui disposent d’un macaron, peuvent utiliser l’une des six places encore réservées. Pour les autres, le voiturier prend en charge leur véhicule pour aller le stationner devant la centrale thermique des HUG : il le ramène lorsque la thérapie est terminée. Il fait les allers-retours en trottinette pour gagner du temps.