Je connaissais le chœur de Perly pour lui avoir écrit le livret d’une chanson composée par Bernard Schulé lors du concours l’Etoile d’or 1981. En 2001, lorsque j’ai pris ma retraite, j’ai appelé Alvise Pinton, son chef. Depuis, je fais partie des altos et me rends tous les jeudis soir aux répétitions. Nous sommes une septantaine de choristes, qui avons du plaisir à nous retrouver, et donnons deux concerts début juin. Nous présentons alternativement une messe et des chants sur un thème donné.
Alvise Pinton était instituteur, il a enseigné dans plusieurs écoles, avant d’entrer en 2000 dans une des classes du château de Dardagny, ouvert en 1932 après 6 campagnes de rénovation, d’où il prit sa retraite en 2017. Il a même été homme au foyer pendant 4,5 ans. La musique est un de ses hobbys, il a suivi une formation de directeur de chœur, et dirige celui de Perly depuis 1989. Chaque jeudi, il vient avec son charisme, son enthousiasme, et ses trouvailles teintées d’humour pour nous faire comprendre ce qu’il attend de nous. C’est un plaisir de travailler avec lui et les pianistes qui se succèdent pour nous accompagner.
L’interview a lieu par téléphone.
Tu nous as écrit que tu avais attrapé le virus.
Mercredi 11 mars, je suis allé avec un copain au restaurant, qui fut décelé positif deux jours plus tard. Mais le lendemain, jeudi 12, je me suis rendu à la répétition en toute innocence. Il n’y avait d’ailleurs que 38 personnes. 4 jours plus tard, je présentais les symptômes : fièvre et toux pendant 6-7 jours, comme pour une bonne grippe. Ma femme Catherine fut aussi touchée. Heureusement que je n’ai contaminé personne à la chorale, j’en aurais été malheureux. Le 16 mars, le confinement était décrété par le Conseil fédéral. Cette annonce m’a fait tomber les bras, je craignais la déception des choristes qui devaient se dire tout ce travail pour rien. Mais au moins, il n’y avait pas d’enjeu financier, pas de faillite, l’activité de la chorale n’est pas vitale. Naturellement, d’entente avec la présidente, j’ai annulé les répétitions, d’autant que la chorale est constituée d’une majorité de « personnes à risque ». Quelle histoire, ce confinement ! Et encore, ici, ça va, mais en France, ils sont cinglés, la sœur de Catherine y habite, les gens sont terrorisés. On ne dit pas assez que 98% des gens atteints par le Covid-19 guérissent. Les répétitions m’ont manqué.
C’est pourquoi tu nous as envoyé une série de grenouilles qui veulent apprendre à chanter…
Oui, pour maintenir le lien. Ces dessins sont tirés d’un livre que notre présidente Brigitte m’avait offert, je souhaitais vous faire sourire.
Tu as prévu une répétition jeudi 11 juin, sous l’auvent de l’église.
J’ai eu envie de vous retrouver. Je présenterai le programme celtique de l’année à venir. Mais nous chanterons la Missa gallica en public, peut-être en novembre, si tout va bien, en plus des concerts de juin 2021. Je n’envisage pas une répétition avec des personnes qui ont peur les uns des autres. Je vais voir qui vient le 11, comment les gens vont réagir. J’espère que sera un moment convivial, que nous parlerons d’autre chose que du Covid ! Et que nous pourrons reprendre les répétitions en septembre.
Qu’as-tu fait pendant le confinement ?
Avec Catherine, nous avons effectué de plus longues balades, de deux heures. J’ai jardiné, peint, écrit, nous suivons un atelier de peinture et un d’écriture. Pour notre concours annuel, la délibération du résultat s’est passé par courriels. Nous n’avons pas pu faire une soirée avec lectures et remise des prix. J’ai également fabriqué des objets au tour à bois, et trié des clous et des vis ! Ce que je remettais toujours au lendemain.
Une conclusion ?
J’espère que l’esprit de méfiance ne perdurera pas, que nous retrouverons le plaisir de chanter, que nous pourrons de nouveau nous faire la bise. Je suis quelqu’un de tactile, j’aime embrasser les dames et serrer la main des hommes, c’est ma façon de montrer combien j’aime mes choristes.