Alors que l’illumination des rues principales est déjà bien en place, que les vitrines des grands magasins brillent de mille feux, qu’on voit un peu partout de majestueux sapins parés de couleurs scintillantes, je ne puis m’empêcher d’avoir une pensée pour toutes celles et ceux qui vont se sentir esseulés durant ces prochains jours. Si, en principe, cet intervalle jusqu’aux fêtes de fin d’année qui s’approchent est synonyme de préparatifs et de réjouissances pour nombre d’entre nous, pour d’autres, la perte récente d’un conjoint, le décès d’un parent proche, père ou mère, ou pire encore, celui d’un fils ou d’une fille, vient assombrir les moments qui devraient être joyeux. La perspective de devoir appréhender peut-être ce premier Noël sans la présence de cet être cher est un événement accablant.
Toutefois, pour les personnes qui ont encore près d’elles d’autres membres de la famille, même si ce Noël sans un être aimé peut paraître très douloureux, il est important de maintenir les traditions familiales, même si le cœur et l’envie n’y sont plus tout à fait. Cependant, le repas du réveillon et le fait de se réunir à cette occasion permet de bénéficier de l’affection des proches, se sentir entouré : il est ainsi moins pesant de traverser ces jours de souffrance et de faire les premiers pas vers le travail de deuil. Il est primordial que chacun ait une pensée pour l’absent, il est aussi recommandé d’en parler, d’évoquer des bons moments vécus ensemble. Prenez le temps de vous souvenir, de regarder d’anciennes photos, d’être attristé. Il y aura peut-être de la mélancolie, quelques larmes… ce n’est pas un mal qu’elles puissent couler. Essayez de considérer cette période de l’année comme une opportunité pour resserrer les liens qui vous unissent à ceux qui sont encore parmi vous.
J’imagine toutefois le sentiment de détresse de celles et ceux qui n’ont plus personne, ou qui ont tendance à se retirer petit à petit de leur environnement social, voire carrément s’isoler. Certes, chacun réagit différemment : si certains ont la capacité de continuer à sortir, voir du monde, fréquenter des amis et connaissances malgré un deuil ou la perte d’un proche, d’autres au contraire se replient sur eux-mêmes, sombrent dans une solitude parfois dévastatrice. Il suffit d’ailleurs de peu de chose pour basculer d’un extrême à l’autre, la vulnérabilité due à une grande tristesse peut être un élément déclencheur.
Bien souvent, les conseils que l’on a tendance à infliger à ceux qui s’isolent portent sur le fait qu’il faut « rester occupés, ne pas s’installer dans la morosité et l’abandon, ne pas se laisser aller ». Plus facile à dire qu’à faire, cependant il est vrai qu’il y a des étapes nécessaires dans le processus de deuil, le désespoir voire la dépression en font partie. Mais ce sont des phases qui ne doivent pas perdurer : à terme, il faut reconstruire progressivement pour « s’en sortir » et aussi fournir quelques efforts pour retrouver une ouverture vers la vie.
J’ai également une pensée toute particulière pour les patients qui seront hospitalisés durant ce mois de décembre : une véritable épreuve, d’autant plus lorsque ce séjour survient en plein dans cette époque de l’Avent. Et plusieurs d’entre eux n’auront peut-être pas de visites, surtout ceux qui ont un entourage restreint ou peu de parenté. Heureusement, les représentants des aumôneries catholique et protestante seront là pour répondre aux besoins de contact, en offrant une relation empreinte de chaleur humaine et de partage spirituel aux pensionnaires : une présence combien appréciée auprès de femmes et d’hommes qui subissent des situations d’extrême souffrance, affectés par leur maladie ou un accident.
Autrefois, lorsque l’hôpital Beau-Séjour disposait de son Atelier d’Animation, ce service était à même d’apporter autant de moments d’écoute que d’échanges privilégiés aux personnes hospitalisées, tout en leur proposant des instants de divertissement socioculturel et de loisirs dans un contexte bienveillant. Ces ambiances festives lors d’animations en rapport aux fêtes de fin d’année contribuaient à assurer un climat plus serein, propice à la convivialité. Même si le cadre restait celui de l’hôpital, les animateurs et les bénévoles d’alors permettaient à nombre de patients d’oublier quelque peu cet environnement médicalisé, de bénéficier d’opportunités plus réjouissantes : on se souvient notamment du grand Marché de Noël qui illuminait chaque année le hall d’entrée et la cafétéria publique durant plusieurs jours d’affilée (voir dans les photos ci-dessus).
Pour se sentir moins seul, par exemple, pourquoi ne pas rejoindre durant la période des fêtes les groupes de bénévoles qui sont impliqués dans les différentes organisations de solidarité ? L’Hospice général – l’une des plus importantes institutions sociales du canton – coordonne les informations sur les divers lieux qui, pendant les fêtes de fin d’année, font large accueil aux personnes seules ou démunies. Ce serait un moyen de se sentir utile : se montrer généreux envers autrui tout en se mettant soi-même du « baume au cÅ“ur ».
Parmi quelques actions entreprises, comme tous les 25 décembre Le Caré (Caritas Accueil Rencontres Échanges) s’ouvre tout grand à ceux désireux de fêter Noël en compagnie et partager un repas chaud élaboré pour l’occasion ; chaque 31 décembre, le Réveillon de la Solidarité de la Ville de Genève offre un peu de chaleur et de lumière aux personnes démunies ou isolées, à la salle communale de Plainpalais, où les espaces à disposition permettent d’offrir un cadre chaleureux aux participants. Pour plus d’informations, il suffit de consulter la presse à ce moment-là et repérer ainsi toutes les possibilités proposées à Genève. Par ailleurs, les Maisons de Quartier, le Centre Social Protestant ou les Centres de Loisirs et de Rencontre organisent aussi diverses festivités au cours de ce mois de décembre.
Toutefois, il y a peut-être bien plus de personnes qu’on ne l’imagine qui passeront leur Noël ou le Nouvel An en solitaire, et ce pour diverses raisons : séparation, famille éloignée, mésentente, ou décès comme mentionné plus haut. Même si passer ces soirées seul(e) peut parfois raviver des douleurs, pas question pour autant de déprimer : mon conseil, chouchoutez-vous en prenant soin de vous !
Comment cela ? Eh bien préparez-vous votre propre réveillon, avec une musique d’ambiance, bougies, belle vaisselle et pourquoi pas vêtements de fête, le tout rehaussé d’un menu festif sur une table décorée avec de jolis ornements : serviettes colorées et quelques étoiles en paillettes or ou argent. Si vous n’avez pas l’âme de cuisiner, un traiteur fera très bien l’affaire. Et pour vous gâter totalement, servez-vous du champagne ou un bon vin, à consommer avec modération, bien évidemment. Pour terminer la soirée, un bain moussant, puis un long moment de lecture ou un bon film/DVD, allongé(e) confortablement sur le canapé. Même si au départ le cÅ“ur n’y était pas, finalement vous aurez peut-être pu savourer pleinement ce moment de tranquillité et de quiétude. Mais les jours d’après, prévoyez de téléphoner à un ami, une connaissance, pour aller prendre un café quelque part. Parce que la vie continue…