Le RESI-f, réseau interculturel d’échanges de savoirs pour les femmes, l’une des activités collectives de F-Information (accueil, orientation, documentation pour les femmes, 67 rue de la Servette http://www.f-information.org/) proposait une sortie culturelle de fin d’année dans le Vieux – Carouge. J’ai eu l’honneur de jouer mon petit Ariel Haemmerlé, le grand guide des tours de Genève (Genève Tourisme) et de Carouge ( Illico Travel) et de promener un groupe d’une douzaine de femmes migrantes de tous les continents et de leur faire apprécier la convivialité légendaire de notre cité.
C’est notre maire, Stephanie Lammar, qui leur ouvre la porte du hall de la mairie ((« the Mayor herself » traduit une tante sud africaine à sa nièce transie de froid), les accueille chaleureusement et prononce un vibrant hommage au cosmopolisme et à l’esprit d’ouverture de Carouge. Les dames sont enthousiastes de tant de démocratie et demandent à Madame Lammar de poser sur leurs selfies. La maire alors les conduit vers le jardin public secret qui débouche sur la place du Temple, dont les portes leur sont ouvertes par Michel Messiaux, qui aime à se faire appeler le marguillier de la paroisse protestante. Les éclairages ont été réglés pour mettre en valeur les sculptures sur bois du pasteur Ernest Christen et les peintures d‘Hermès. Une crèche et un grand sapin embellissent encore le lieu. Et le groupe est sous le charme, autant des oeuvres d’art que de la verve de Monsieur Messiaux, un vrai Carougeois né à Carouge, artisan et fils d’artisan menuisier, qui a connu une époque pauvre et laborieuse. Il nous rappelle même que les fiers Genevois disaient à leurs rejetons qui revenaient de « faire la foire » dans notre ville de perdition : « Tu t’es bien essuyé les pieds avant de rentrer ? ». Difficile à croire maintenant qu’il est snob d’habituer Carouge ! Après son exposé, M. Messieux invite les visiteuses à regarder de près la chaire, les portes, les escaliers sculptés. Un temple protestant n’est pas un lieu sacré, elles peuvent monter dans la chaire monumentale et jouer à l’oratrice ou même à l’ange qui déploie ses ailes. Les I-pod mitraillent ces scènes peu communes. Avant une partir, encore une photo de groupe autour de l’aimable bedeau.
Puis je les entraîne rue Saint-Joseph pour une promenade « lèche-vitrine », l’expression les enchante. « Venez lécher ! » se disent-elles en riant. J’ai à coeur de leur présenter de véritables artisanes et les fait entrer à l’improviste dans les boutiques de Zabo, chapelière, et d’Anne-Claude Virchaux, tisserande et créatrice de mode. Les visiteuses sont ravies de découvrir les instruments de travail installés dans les boutiques. Elles aimeraient tant acheter, mais les prix les sidèrent. Je leur précise que ces artisanes vivent de leur travail et n’exploitent personne en Chine ou au Pakistan. En revanche, dans la boutique « La Calebasse », on ne trouve que des produits du Tiers-Monde, accessibles, car les vendeuses sont bénévoles et participent ainsi à un monde plus solidaire.
A chaque sortie de boutique nous croisons des personnalités qui les saluent chaleureusement et au café Le poids public, un jovial barbu à la casquette rouge leur ouvre les bras : « Venez embrasser le père Noël ! ». A chaque intervention il leur a bien été rappelé combien Carouge a de tous temps attiré par ses nombreux cafés. Il faut donc finir la visite par une dégustation de bière artisanale à la Brasserie des Tours. Et là de nouveau, elles sont cordialement saluées et entourées. M. Haemmerlé, à la lueur des bougies, leur conte les anecdotes carougeoises et conclut : « A Carouge, comme dans tout le canton, il y a une majorité d’étrangers (ou fraîchement naturalisés), c’est pourquoi on s’y sent bien ! »
