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Quand l’agriculture est dans les gènes

Quand l’agriculture est dans les gènes

Ils sont jeunes et ont décidé de reprendre le flambeau de l’entreprise familiale. Rencontres, de Corsier à Laconnex, en passant par Lully.

La tradition est ancrée depuis des siècles – celle de la transmission familiale des terres – mais ces jeunes préfèrent parler de leur «choix». Car ils auraient pu faire autre chose. Souvent diplômés, ils perpétuent l’entreprise agricole initiée par les générations précédentes. Tous, sans exception, l’affirment: «Je ne vais pas devenir millionnaire.» Mais la raison de leur engagement est ailleurs. La famille, le village, le grand air.

«Dans le monde agricole, c’est la règle. A Genève, il y a heureusement très peu de familles qui ne trouvent pas un fils ou une fille pour reprendre», éclaire François Erard, directeur d’AgriGenève. Mais dans quelles conditions devient-on paysan en 2013? «Le métier a changé. L’âge d’or des années 70 à 90 est révolu, poursuit le représentant de l’agriculture genevoise. Les jeunes producteurs d’aujourd’hui travaillent plus que leurs parents pour, au final, gagner moins.»

Les défis sont donc de taille dans un canton où l’agriculture demeure un secteur dynamique. «Aujourd’hui, un jeune agriculteur doit être à la fois agronome, mécano, comptable et gestionnaire», poursuit François Erard.

Enfin, on ne peut ignorer ces pères qui gardent bien souvent un rôle primordial dans l’entreprise passée en main de la progéniture. Car dans les faits, la transmission se fait de manière graduelle. Pour Alban Jaquenoud, l’un des plus grands producteurs de tomates du canton, «c’est propre à l’agriculture d’avoir des patriarches qui ont besoin de se sentir impliqués même au-delà de l’âge de la retraite. Et c’est une excellente chose.»


Maxime et Lucie Dethurens (Laconnex): « Nous, on a pu choisir notre métier »

45 000 litres sortent du Château Laconnex chaque année.

L’un savait dès le départ qu’il rejoindrait son père à la vigne, l’autre a hésité quelque temps. «Monter sur  les machines agricoles est un rêve de gamin, alors mon choix a toujours été clair», lance Maxime, 28 ans. Sa sœur Lucie, œnologue de 26 ans, voulait d’abord «voyager et voir d’autres choses», raison pour laquelle elle a intégré l’équipe familiale en mai dernier. Tous deux contribuent aujourd’hui à la production des 45 000 litres de Château de Laconnex.

A leurs côtés, leur père et leur oncle sont bien trop jeunes pour songer à la retraite. «Chacun de nous travaille dans son domaine de prédilection. Nous nous complétons bien. Mais bientôt, ce sera à nous de trouver des clients», expliquent les Dethurens. Au final, qu’est-ce qui distingue ces deux générations de viticulteurs? «Nous, on a pu choisir notre métier. Eux n’avaient pas le choix», fait remarquer Lucie.

 

Alban Jaquenoud (Lully): « A table, interdit de parler boulot! »

Les tomates de Lully, destinées à la grande distribution.

En Suisse, près d’une tomate sur deux vient de Genève. C’est en rappelant ce chiffre qu’Alban Jaquenoud, 35 ans, raconte l’histoire de l’entreprise fondée par son arrière-grand-mère aux pieds du coteau de Bernex dans les années 1950. Désormais, ce sont 3000 tonnes de tomates par année qui, après avoir mûri sous ces serres à la pointe de la technologie, sont livrées à la grande distribution.

C’est donc après une formation universitaire et diverses expériences à l’étranger qu’Alban, aux côtés de son frère Florian, s’apprête à succéder à son père. Ce dernier a dirigé l’entreprise familiale depuis 1974. «Il reste un pilier, je suis content qu’il ne parte pas du jour au lendemain, note Alban. Malgré tout, il y a parfois des désaccords. Dans ce cas, chacun réfléchit dans son coin et on trouve toujours un compromis. Mais une chose est sûre: quand on mange en famille, il est interdit de parler boulot!»

 


Sébastien Vuarnier (Corsier): « Il faut rester humble »

Les jours de marché, le réveil sonne bien avant l’aube.

 

On rencontre Sébastien Vuarnier un jour de marché, à Rive. La journée du producteur de fines herbes et salades de Corsier a commencé à 2 heures du matin.

C’est ainsi deux fois par semaine, explique-t-il. Le reste du temps, le maraîcher de 34 ans s’affaire sur les terrains agricoles qui entourent la ferme familiale. Voici près de dix ans qu’il a quitté l’assurance qui l’employait pour reprendre l’entreprise de son père, qui reste toutefois actif. «C’est une situation parfois difficile à gérer, car on n’a pas toujours la même façon de travailler. Alors je modèle l’entreprise à mon image au fur et à mesure. Mais les conseils de mon père restent précieux.»

A Corsier, le producteur collabore avec d’autres petits maraîchers de la région. «La commercialisation occupe 30% de mon temps. Le reste est dédié à la production, explique-t-il. C’est un métier absolument magnifique, mais il faut aimer travailler à l’extérieur, supporter le froid, l’humidité. Ce n’est pas donné à tout le monde. Financièrement, il faut rester humble et ne pas compter ses heures.

 

 

 

 

 

Photos: Olivier Vogelsang, Pascal Frautschi & LDS.

 

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Passionné par l’info au coin de la rue, j'ai commencé à écrire dans ma commune de Vernier.
En parallèle, un site Internet consacré au foot des talus, des études et expériences dans le journalisme local ainsi que de longs voyages à vélo ont tracé mon parcours.

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