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Autrefois comme aujourd’hui, la Jonction

Le boulevard Saint-Georges avec sur la droite le mur austère du Cimetière des Rois.. © FK
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Le boulevard Saint-Georges avec sur la droite le mur austère du Cimetière des Rois.. © FK

Lors d’une récente lecture publique à la Galerie, ce lieu magique aux Grottes où les écrivain-e-s présentent leurs textes en travail, Olga Eyben, une dame de mon âge, a lu ses souvenirs sur « La Jonction, autrefois ». Venue du Chili pour étudier la littérature à l’Université de Genève, elle avait habité dans les années 1960, un immeuble au bord de l’Arve. Elle aimait beaucoup son quartier « paisible et laborieux », avec ses ateliers d’artisans, ses petits magasins tenus surtout par des Espagnols. Les soirs d’été, « on tirait sa chaise sur le trottoir et on entendait les guitares et les castagnettes, on marchait le long des berges du Rhône non bétonnées ». Les trams qui rentraient dans leur dépôt couvraient les conversations de leur vacarme, « cris de joie ou plaintes ? » se demande-t-elle encore.

Olga sentait encore la présence de Lénine qui habita rue des Plantaporrêts, rue des Deux-Ponts et rue des Maraîchers au début du XXe siècle, entouré d’amis russes.

Son texte est d’une charmante mélancolie. Pourtant cette nostalgie ne m’atteint pas. Fraîchement arrivée au bord du Rhône, je suis déjà séduite par la Jonction, pour les mêmes raisons qu’Olga Eyben. Certes, les castagnettes ne résonnent plus, mais la multiplicité des cultures a remplacé la présence unique des émigrés espagnols. Maintenant les petits restaurants chinois, taïlandais, italiens, turcs, libanais, mexicains, italiens, indiens et d’autres encore côtoient les petites boutiques artisanales de boulangerie, de couture, de réparations, de lutherie, d’antiquités, de mécanique, de bijouterie, de téléphonie, de coiffure, les kébabs, la quincaillerie, les secondes mains, les kiosques à journaux ouverts tard la nuit … Je signale cependant le petit restaurant récemment ouvert dans l’écoquartier, « Mix » qui propose une paëlla tous les dimanches. A 15 h, l’heure espagnole ! Non, les supermarchés n’ont pas tué la diversité du quartier, notamment au boulevard Carl-Vogt d’une incroyable richesse de bistrots et de boutiques de toutes sortes. J’y reviendrai dans d’autres articles.

Aujourd’hui, je salue particulièrement le boulevard Saint-Georges bordé d’un côté du mur austère du Cimetière des Rois et de l’autre de très beaux immeubles aux balcons ouvragés en fer forgé où quatre grands cafés et restaurants toujours remplis m’apparaissent comme des phares lumineux lorsque je reviens d’un concert au Victoria-Hall ou d’une réunion à la Maison des Associations : le Café de la Presse, l’Odéon, Il Collosseo et le Café Gallay, où la qualité de l’accueil est exceptionnelle. Dans ce café-restaurant j’ai rencontré l’historienne Isabelle Brunier, qui me signale que le bâtiment construit par l’architecte Marc Camoletti date de 1897. Sur les plans, l’espace était dès l’origine destiné à un café! Une belle raison pour Patrimoine suisse de se battre pour conserver ces lieux de rencontre plus que centenaires. Entre ces lumineux restaurants un café sombre est toujours comble de jeunes consommateurs qui débordent sur le trottoir. : « Le Cabinet ». Là aussi des usagers se battent pour le racheter et le conserver tel quel. L’esprit de résistance internationaliste est toujours actif à la Jonction! Mais le tram 14 ne grince plus des dents.

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